S'exprimant à propos de la journée mondiale du coton et de l'«initiative coton» présentée par certains pays africains et quelques ONG, M. Pascal Lamy, membre de la Commission européenne chargé du commerce, et M. Franz Fischler, membre de la Commission européenne chargé de l'agriculture, ont déclaré: «L'UE comprend les préoccupations relatives à la faiblesse des prix du coton et aux conséquences que cela entraîne pour les pays en développement. L'UE est un importateur net de coton, elle n'accorde, en l'espèce, pas de subventions à l'exportation de ce produit et n'a pas non plus de système de protection aux frontières. En conséquence, l'UE n'a pas ou guère d'influence sur les prix mondiaux du coton. L'Europe ne fixe pas les prix, elle doit les accepter. En ce qui concerne le programme de Doha pour le développement, l'UE adhère pleinement à la thèse selon laquelle la question du coton devrait être un élément essentiel des négociations générales. Les subventions ayant un effet de distorsion sur les échanges doivent être réduites et elles le seront. Nous nous sommes engagés à réformer le système européen de subventions en faveur du coton et à rendre ces dernières plus respectueuses des échanges.»
La chute récente des prix mondiaux du coton a eu de lourdes conséquences dans plusieurs pays d'Afrique occidentale et d'Afrique centrale, où le coton est la principale source de revenus d'une grande population, estimée à quelque 10 millions de personnes. Dans certains des pays les moins avancés, le coton est la principale culture commerciale et la source la plus importante des recettes d'exportation et des recettes publiques. À titre d'exemples, le coton représentait, au cours de la période 1999-2000, 79 % des exportations du Mali, 65 % des exportations du Bénin et 56 % de celles du Tchad.
Pour aller au cœur du problème, il convient de noter que le prix du marché mondial du coton dépend de plusieurs facteurs:
- le niveau de la production et de la consommation mondiales;
- le prix des fibres synthétiques;
- le niveau des subventions liées à la production dans les pays grands exportateurs de coton;
- le niveau de la protection aux frontières.
Si tous ces facteurs jouent un rôle, il n'en demeure pas moins que la baisse sensible des prix du coton au cours des dernières années a clairement été déterminée par la demande.
La part du coton dans la consommation mondiale de fibres, qui baisse progressivement depuis les années 60, est tombée à un niveau à peine supérieur à 40 % de la consommation totale de fibres (alors qu'elle se situait à 65 % dans les années 60).
Il est clair que les nouvelles réductions des aides qui faussent les échanges préconisées par le programme de Doha pour le développement contribueraient à redresser quelque peu les prix, tant du coton que d'autres produits de base, sur le marché mondial. Ce résultat, quoique souhaitable, ne devrait pas mener à des conclusions simplistes qui feraient perdre de vue le fond du problème.
Quel rôle l'UE joue-t-elle sur le marché du coton?
L'influence de l'UE sur les prix mondiaux du coton est minime pour les raisons suivantes:
- le marché de l'UE est largement ouvert aux importations de coton, y compris le textile et l'habillement: l'UE applique des droits nuls aux importations de coton provenant des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), ainsi que des 49 pays les moins avancés du monde (PMA);
- l'UE est le plus grand importateur mondial de coton. Vingt à quatre-vingts pour cent des exportations de coton du Mali, du Bénin, du Burkina Faso et du Tchad sont importés dans l'UE;
- l'UE doit accepter les prix, elle ne les fixe pas. N'étant pas un exportateur net, mais, au contraire, le plus grand importateur de coton, l'UE n'a que peu ou guère d'influence sur les prix mondiaux;
- la production de l'UE représente moins de 3 % de la production mondiale, ses exportations ne représentant, quant à elles, que 4 % des exportations mondiales de coton. L'UE est un importateur net de coton;
- il n'y a pas, dans l'UE, de restitutions à l'exportation de coton;
- les subventions intérieures accordées par l'UE aux producteurs européens de coton sont soumises à un plafond budgétaire: lorsque la quantité est dépassée, le montant de l'aide est réduit. L'aide accordée par l'UE est principalement destinée aux petits producteurs de coton des régions rurales de Grèce et d'Espagne.
Que propose l'UE dans le cadre du programme de Doha pour le développement?
- Accès au marché: dans le sillage de son initiative «Tout sauf des armes», l'UE a proposé que tous les pays développés accordent l'accès en franchise de droits et de contingents aux produits originaires des pays les moins avancés.
- Aide aux exportations: l'UE a proposé de supprimer les subventions aux exportations pour les produits qui présentent un intérêt pour les pays en développement. Elle a également proposé d'adopter cette approche pour toutes les autres formes d'aide aux exportations, notamment les crédits à l'exportation et les entreprises commerciales d'État.
- Soutien interne: l'UE a proposé de réduire de plus de moitié les aides internes qui ont un effet de distorsion sur le commerce.
En outre, l'UE entreprend actuellement une réforme de sa politique agricole commune (PAC) en ce qui concerne le coton, le tabac, l'huile d'olive et le sucre. Conformément à la réforme de la PAC de juillet, cette nouvelle réforme s'orientera dans la voie d'une réduction des aides qui faussent les échanges, de manière que les aides accordées à ses agriculteurs par l'UE soient pleinement compatibles avec ses obligations internationales.
Pour de plus amples informations, prière de consulter:
Direction générale du commerce:
http://europa.eu.int/comm/trade/index_en.htm
Direction générale de l'agriculture:
http://europa.eu.int/comm/agriculture/index_fr.htm
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