L’intensification des déplacements au sein de l’Union européenne entraîne un regain de l’immigration enregistré dans les pays de l’OCDE après plusieurs années de déclin dû à la crise. L’immigration dans l’OCDE de travailleurs hautement qualifiés et de personnes admises pour des raisons humanitaires augmente également. L’OCDE constate dans un nouveau rapport que les politiques migratoires devraient suivre le rythme de ces évolutions.
D’après les Perspectives des migrations internationales 2014, les flux d’immigration permanente dans la zone OCDE sont de nouveau orientés à la hausse ; ils ont en effet légèrement progressé (+ 1.1 %) en 2013, après avoir diminué de 0.8 % en 2012. L’OCDE compte aujourd'hui plus de 115 millions d’immigrés, soit environ 10 % de sa population totale. Un nouvel arrivant sur dix vient de Chine, et un sur cinq d’Asie.
« Les pays bénéficieraient davantage de l’immigration s’ils considéraient les migrants comme une ressource plutôt que comme un problème, et les politiques d’intégration comme un investissement », a déclaré Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, lors de la présentation du rapport à Paris, en présence de Dimitris Avramopoulos, Commissaire européen aux Migrations, aux Affaires intérieures et à la Citoyenneté, et de Chris Alexander, Ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration.
« Les politiques migratoires devraient être une priorité pour les pays de l'OCDE, et les politiques d’intégration considérées comme le meilleur investissement possible en terme de croissance économique, de cohésion sociale et de bien-être », a déclaré M. Gurría. « Les coûts de l’immobilisme à court et à long termes dans un contexte où les besoins évoluent rapidement sont considérables. Les décideurs doivent mener un débat ouvert et éclairé sur les migrations pour renforcer la confiance et faire en sorte que tout le monde en retire des avantages ».
En Allemagne, l’immigration a augmenté pour la quatrième année consécutive, pour atteindre plus de 450 000 nouvelles entrées en 2013, soit une hausse à deux chiffres. Les trois quarts de ces nouveaux immigrés viennent d’autres pays de l’UE et l’Allemagne est désormais le deuxième pays de destination dans l’OCDE, après les États-Unis.
En revanche, plusieurs grands pays d’accueil ont enregistré un recul de l’immigration, notamment les États-Unis, l’Italie, le Portugal et l’Espagne. Le solde migratoire demeure bien en-dessous des niveaux d’avant la crise, mais il reste positif dans la plupart des pays de l’OCDE, à l’exception notable du Mexique, de l’Islande, de l’Irlande, de l’Espagne et du Portugal.
Les migrations de travail ont également diminué de façon continue depuis le ralentissement économique, reculant de 12 % en 2012. Cette baisse a été particulièrement notable dans l’Espace économique européen, où les migrations de travail ont reculé de presque 40 % entre 2007 et 2012.
Le conflit en Syrie a contribué à l’augmentation de 20 % du nombre de demandes d’asile en 2013. Au total, plus de 550 000 personnes ont déposé une demande dans un pays de l’OCDE. D’après le rapport, la coopération internationale est essentielle pour essayer de résoudre les problèmes humanitaires que rencontrent les demandeurs d’asile venant des pays du Moyen-Orient.
Le nombre d’immigrés très qualifiés a augmenté de 70 % ces dix dernières années, et dépasse aujourd'hui les 31 millions. Mais leur taux de chômage reste supérieur à celui de leurs homologues nés dans le pays, et leur taux de déclassement est également supérieur de 50 %. Dans l’ensemble, la crise a frappé les immigrés particulièrement durement : sur les 15 millions de chômeurs supplémentaires dans l’OCDE depuis le début de la crise, environ 1 sur 5 est né à l’étranger.
En 2012, environ 12.5 % des jeunes de 15 ans avaient deux parents nés à l’étranger – soit 50 % de plus que dix ans auparavant. Le rapport souligne que leur intégration, en particulier pour ceux dont les parents ont un faible niveau d’éducation, est un sujet de plus en plus préoccupant.
Les ministres de l’OCDE chargés des migrations se réunissent à Paris les 1er et 2 décembre à l’occasion du Forum politique à haut niveau de l’OCDE sur les migrations. Ils examineront ces questions et recenseront les politiques qui permettent d’exploiter au mieux les compétences des migrants, dans l’intérêt des sociétés et des économies à la fois dans les pays de destination et d’origine. Pour l’OCDE, la façon la plus efficace de gérer les migrations ne consiste pas à fixer des quotas ou des objectifs de dépenses publiques, mais à déterminer en toute transparence les buts à atteindre et à utiliser des outils bien conçus pour les réaliser.
Des informations complémentaires sur les Perspectives des migrations internationales 2014 sont disponibles à l’adresse suivante : www.oecd.org/migration/imo.