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Date :  2011-02-08
langue :  Français
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Espace ouvert ou mouvement avec une identité propre ?


Depuis sa naissance, le Forum social mondial (FSM) connaît un débat interne sur son identité. Selon différents moments de son développement, ce débat est apparu plus ou moins ouvertement. Néanmoins, depuis 2001, il est toujours présent, il anime les penseurs et les dirigeants sociaux et il exige des prises de position. Qu'est-ce que le FSM et quel rôle essentiel joue-t-il dans la recherche d'alternatives au système ? Les réponses aussi vastes que fondamentales renouvellent cette principale discussion. Et elles réapparaissent à nouveau dans cette session à Dakar

La vision des fondateurs

Le FSM doit continuer d'être un espace ouvert, sans documents ni déclarations finales. Un lieu où le mouvement altermondialiste et les acteurs sociaux – mouvements sociaux, réseaux, syndicats, ONG – peuvent échanger leurs expériences et définir/préciser des agendas communs.

Telle est la position quasi commune des fondateurs du FSM, et plus particulièrement des ONG brésiliennes qui en furent à l'origine. Elle se reflète dans la charte de principes (en 14 points) qui depuis 2011 sert de cadre conceptuel à ce processus en cours.

« Un document final impliquerait des heures et des heures de discussions interminables et épuisantes. Elle attiserait aussi la lutte pour le pouvoir à l'intérieur du FSM. Avec la circonstance aggravante qu'il est inimaginable, pour ne pas dire impossible, d'arriver à des consensus entre des milliers de personnes », relève Chico Whitaker, l'un des idéologues du FSM les plus convaincus de maintenir un tel espace ouvert

Vers un FSM de « rupture »

En ce moment, le FSM se tient dans un Sénégal, qui connaît des problèmes graves et nombreux. Aujourd'hui, l'Afrique du Nord est le théâtre d'une mobilisation populaire intense et l'on constate un contexte politique très favorable aux mouvements sociaux.

Pour cette raison, « nous pensons que cette session du FSM doit impliquer une rupture », souligne Mamadou Diop Castro, dirigeant de l'Union démocratique des enseignants (UDEN) sénégalais et l'un des dirigeants syndicaux les plus combatifs.
« Nous devons en terminer avec le FSM comme espace de réflexion et d'échanges sans conclusions. (…) Nous n'avons pas de perspectives, en persistant dans cette ligne », insiste ce syndicaliste expérimenté.

Sa réflexion intègre une vision géopolitique de l'altermondialisme. « L'Amérique latine a beaucoup profité de mouvements sociaux actifs, qui ont entraîné des changements significatifs au niveau de nombreux gouvernements. Mais en dehors de ce continent, nous avons beaucoup moins profité de cette expérience ».

C'est donc le moment de « renforcer les bases d'une solidarité active ». Cela implique de réfléchir aussi que faire entre chaque session, c'est-à-dire immédiatement après Dakar ».

Pour Diop, il est essentiel d'incorporer une tâche complémentaire : l'aspect formateur du processus altermondialiste en cours. « Nous avons besoin de beaucoup plus d'organisation et de stabilité comme processus. Il est donc fondamental de faire un saut qualitatif dans la formation politique du camp altermondialiste pour faciliter des propositions concrètes pour la gestion du mouvement populaire ».

En ce qui concerne les syndicats, conclut Diop, il sera essentiel « de clarifier le rôle des acteurs syndicaux et des mouvements sociaux et de préciser l'articulation de ces deux entités à l'intérieur du FSM ».


Un FSM avec plusieurs « vagues »

Le thème de la formation apparaît aussi comme prioritaire dans la réflexion de Boaventura de Sousa Santos, sociologue portugais bien connu, qui dès le début a contribué à dynamiser la réflexion du processus actuel.

« Je pense qu'il est nécessaire, à l'avenir, d'investir davantage de forces dans cette formation. Elle doit devenir une priorité du FSM. Jusqu'ici, la formation a fonctionné au niveau local, mais beaucoup moins à l'échelle internationale et même intercontinentale », relève-t-il dans notre discussion.

Ce point découle de l'analyse faite à propos des différents mouvements, avec des contradictions entre les uns et les autres. « Dans certains pays, les indigènes s'opposent aux paysans ; ceux-ci s'opposent aux femmes ; les femmes se distancient d'autres acteurs importants… C'est le moment d'en finir avec cette situation, de plaider pour la construction de synergies et de confluences réelles ».

Quant à la polémique sur la nature du FSM, Boaventura de Sousa Santos préconise une option de confluence.

« Nous devons maintenir cette vague du FSM comme rencontre, comme fête, comme échange. C'est très important par ce qui se produit et qui se construit autour de ces thématiques », souligne-t-il.

Mais comme dans la mer, des vagues en suivent d'autres. Et ce sont ces vagues, plus profondes, « moins festives » que nous devons développer avec davantage de persistance stratégique. Trouver des canaux pour approfondir l'effort de diagnostics et de propositions.

Il ne s'agit pas de prétendre – explique le sociologue portugais – à répéter les conclusions et les documents tels que ceux produits par des institutions des Nations Unies ou même du Forum économique de Davos. Mais il est vital de ne pas laisser de côté des thèmes essentiels : les crises de civilisation, financières, environnementales, de migration, des moyens de communication, etc.

Je pense, conclut Boaventura de Sousa Santos, qu'on pourrait arriver à des forums mieux préparés, avec des propositions de contenus qui soient publiées ensuite, non comme des déclarations du FSM, mais d'acteurs importants de celui-ci. Et qui puissent orienter l'action mondiale.

De la théorie aux exemples, un petit effort suggéré par Boaventura de Sousa Santos. « Par exemple, sur le thèmes des moyens de communication. Nous pourrions nous positionner clairement contre les privatisations des médias publiques, pour défendre les espaces des radios communautaires et associatives, pour la promotion de nouvelles plateformes technologiques d'appui aux mouvements sociaux, afin de combler la brèche d'informations actuelle… Tout cela, systématisé, serait déjà une avancée considérable », conclut-il. (Traduction H.P. Renk)


*Sergio Ferrari , à Dakar, Sénégal, presse E-CHANGER

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