Dans une allocution liminaire prononcée devant 1 000 personnes, M. Pandey, Directeur de la Division de la production végétale et de la protection des plantes de la FAO, considère l'agriculture de conservation comme un pilier de ce changement.
"Le monde n'a d'autre choix que d'intensifier la production agricole durable afin de satisfaire la demande croissante d'aliments pour les hommes et les animaux, réduire la pauvreté et protéger les ressources naturelles. L'agriculture de conservation est un volet essentiel de cette intensification", souligne M. Pandey.
L'agriculture de conservation vise des systèmes agricoles durables et rentables. Répudiant les opérations comme le labour mécanique, elle repose sur trois principes fondamentaux: le travail minimal du sol, les associations et les rotations culturales et la couverture permanente du sol. Cela permet d'optimiser la santé et la productivité des terres. Introduite il y a 25 ans environ, elle est désormais pratiquée sur 100 millions d'hectares dans le monde entier.
Dommages à l'environnement
Les méthodes traditionnelles de culture intensive ont, dans de nombreux cas, contribué aux dommages occasionnés à l'environnement, faisant reculer les taux de productivité agricole, alors que le monde a besoin de doubler sa production vivrière pour nourrir 9 milliards d'êtres humains en 2050, affirme M. Pandey.
"Dans maintes régions du monde, au nom de l'intensification, les agriculteurs ont pratiqué à outrance le labour, la fertilisation, l'irrigation et l'application de pesticides", rappelle-t-il. "Ce faisant, nous avons perturbé tous les aspects du sol, de l'eau, des terres, de la biodiversité et des services que fournit un écosystème en bonne santé. Cela a eu pour conséquence la réduction progressive du taux de croissance des rendements."
Si les tendances actuelles se poursuivent, le taux de croissance de la productivité agricole devrait tomber à 1,5% d'ici à 2030, puis à 0,9% de 2030 à 2050, contre une croissance de 2,3% par an enregistrée depuis 1961.
Dans les pays en développement, la croissance des rendements de blé a chuté d'environ 5% en 1980 à 2% en 2005. Pour le riz, elle est passée de 3,2% à 1,2% pour le riz, et de 3,1% à 1% pour le maïs au cours de la même période.
Réduire l'empreinte écologique
L'agriculture de conservation pourrait non seulement aider à relever les rendements mais aussi à fournir divers avantages importants pour l'environnement, poursuit M. Pandey. Outre le rétablissement de la santé des sols, elle abaisse également la consommation énergétique dans l'agriculture, réduisant l'empreinte d'un secteur qui représente actuellement quelque 30 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Elle pourrait atténuer davantage les effets du changement climatique en aidant à piéger le carbone dans le sol et économiser 1 200 km³ d'eau par an d'ici à 2030, car des sols sains préservent mieux l'humidité et ont par conséquent moins besoin d'irrigation.
Ce n'est qu'avec l'intensification durable de la production agricole que l'on peut accomplir de véritables progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement concernant la réduction de la faim et de la pauvreté et la sauvegarde de l'environnement, affirme l'expert de la FAO. Et d'ajouter: "Or, nous allons actuellement dans la mauvaise direction."
Il a exhorté les gouvernements, les bailleurs de fonds et autres parties prenantes à fournir un soutien stratégique et financier pour garantir une adoption rapide et à plus vaste échelle de l'agriculture de conservation. Il faut accélérer la formation, la recherche participative et le renforcement des associations d'agriculteurs tout en diffusant le nouveau matériel nécessaire à l'agriculture de conservation et, au besoin, en le fabriquant sur place.
Les délégués réunis au Congrès, qui constitue le plus grand rassemblement de la communauté favorable à l'agriculture de conservation, sont des agriculteurs, des experts ou des décideurs en provenance du monde entier.
La conférence, hébergée par le Conseil indien de la recherche agricole (ICAR) et l'Académie nationale des sciences agricoles (NAAS), a bénéficié du co-parrainage de la FAO, du FIDA et d'autres organisations indiennes et internationales. Elle est axée sur les innovations en agriculture susceptibles d'améliorer l'efficience, favoriser l'équité et protéger l'environnement.
Faits et chiffres
* En 1960, en moyenne, un hectare de terre arable dans le monde nourrissait 2,4 personnes. En 2005, ce chiffre est passé à 4,5 personnes et à l'horizon 2050 on estime qu'un seul hectare de terre arable devra nourrir de 6,1 à 6,4 personnes. Naturellement, chaque hectare devra produire davantage.
* Le taux de croissance de la productivité agricole régresse au lieu d'augmenter. Alors qu'il se situait autour de 2,3% par an depuis 1961, il devrait chuter à 1,5% d'ici à 2030 et tomber à 0,9% entre 2030 et 2050.
* Une des raisons de cette baisse du taux de productivité est due au fait que les paysans utilisent de plus en plus d'intrants pour doper leur production. Or, cela affaiblit les sols et les écosystèmes diminuant ainsi les rendements.
* Les rendements des cultures dans l'agriculture de conservation sont équivalents à ceux de l'agriculture traditionnelle intensive, mais ils sont plus stables et nécessitent moins d'intrants chimiques. L'agriculture de conservation est plus respectueuse de l'environnement.
* Ne nécessitant pas de labour, l'agriculture de conservation réduit de moitié environ la charge de travail des agriculteurs. Elle est également moins dispendieuse, car utilisant moins d'intrants. En outre, elle permet aux paysans d'épagner jusqu'à 70% en coûts de carburant.
* Les trois principes fondamentaux de l'agriculture de conservation (cités dans l'article ci-contre) rendent les sols plus sains: ils produisent donc plus en cas de sécheresse ou d'excès d'eau. Potentiel de cette forme d'agriculture: une économie de 1 200 km³ d'eau par an à l'horizon 2030.
* L'agriculture de conservation permet d'atténuer l'impact du changement climatique non seulement en réduisant les gaz à effet de serre mais aussi en contribuant à la séquestration du carbone dans le sol à raison de 0,5 tonne par hectare par an en moyenne.
- Liens:
Intensification de la production durable
L'agriculture de conservation
Le IVe Congrès mondial de l'agriculture de conservation (en anglais)
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