La tuberculose MR est une forme du tuberculose que le traitement habituel ne permet pas de soigner correctement à cause de la résistance aux médicaments de première intention, l’isoniazide et la rifampicine. On estime actuellement que 2% seulement des cas de tuberculose MR dans le monde sont diagnostiqués et traités de façon appropriée, principalement à cause de services de laboratoire insuffisants. Les initiatives annoncées aujourd’hui devraient permettre de multiplier par sept le nombre de cas diagnostiqués et d'atteindre un taux de 15% voire plus, au cours des quatre prochaines années.
«Je me félicite de cette initiative qui permettra d’améliorer à la fois la technologie nécessaire pour diagnostiquer rapidement la tuberculose et l’approvisionnement en médicaments pour traiter la tuberculose à bacilles résistants» a déclaré le Premier ministre britannique, Gordon Brown, dont le gouvernement est un membre fondateur d’UNITAID qui a également contribué au lancement du plan mondial du Partenariat Halte à la tuberculose en 2006. «Le Royaume-Uni s’est engagé à faire barrage à la tuberculose dans le monde entier, comme en témoignent le financement des programmes de prévention dans les pays pauvres et l’appui apporté à la recherche de pointe de nouveaux médicaments.»
Dans les pays en développement, la plupart des malades de la tuberculose n'ont accès au test permettant de déterminer la présence de bacilles multirésistants qu’après un échec thérapeutique suivant l’emploi de médicaments de première intention. Dans ce cas, il faut encore attendre deux mois ou davantage pour confirmer le diagnostic avant de prescrire des médicaments de deuxième intention susceptibles de sauver la vie des malades. Au cours de cette période, ces patients peuvent propager les bacilles multirésistants autour d’eux. Souvent, ils meurent avant que les résultats soient connus, surtout s’ils sont en même temps infectés par le VIH.
Cette initiative intervient une semaine après la recommandation de l'OMS concernant les tests moléculaires rapides connus sous le nom de LIPA "line probe assays", et permettant un diagnostic rapide de la tuberculose MR dans le monde. Elle s'appuie sur de récentes études, notamment un important essai de terrain - effectué par la FIND et par le Medical Research Council et les National Health Laboratory Services d’Afrique du Sud - qui ont démontré que l’utilisation de cette méthode était fiable et réalisable.
Pour sa part, le Directeur général de l’OMS, le Dr Margaret Chan, a souligné: «Il y a cinq mois, l’OMS a renouvelé son appel pour considérer la tuberculose MR comme une urgence de santé publique. Nous disposons aujourd’hui d'éléments pour guider notre action, c’est sur cette base que nous lançons ces initiatives prometteuses.»
Des tests de dépistages rapides et un meilleur accès aux médicaments
Deux projets sont sur les rails. Le premier, rendu possible par un financement de 26,1 millions de dollars apporté par UNITAID, permettra d'introduire une méthode moléculaire pour diagnostiquer la tuberculose MR utilisée jusqu’ici uniquement pour les travaux de recherche. Ces nouveaux tests moléculaires rapides apportent une réponse en moins de deux jours.
Au cours des quatre prochaines années, à mesure que le personnel de laboratoire sera formé, que les moyens de laboratoire seront améliorés et de nouveaux équipements fournis, seize pays [1] commenceront à utiliser des méthodes rapides de diagnostic de la tuberculose MR, y compris les tests moléculaires. Ces pays recevront les tests par l’intermédiaire du Service pharmaceutique mondial du Partenariat Halte à la tuberculose, qui fournit aux pays aussi bien des médicaments que des moyens diagnostiques.
Grâce à cette initiative mondiale, l’OMS et de la FIND aideront les pays à préparer l’installation et l’utilisation des nouveaux tests diagnostiques rapides, en assurant les normes techniques nécessaires de sécurité biologique et la capacité d’effectuer les tests sur ADN de façon fiable. Un pays, le Lesotho, est déjà équipé pour commencer à utiliser ces tests, et l’Éthiopie devrait être prête à son tour à la fin de l’année. Les tests seront introduits progressivement de 2009 à 2011 dans les 14 pays restants.
Un deuxième accord complémentaire avec UNITAID, d’un montant de 33,7 millions de dollars prévoit que le Service pharmaceutique mondial renforcera l’approvisionnement en médicaments nécessaires pour traiter la tuberculose MR dans 54 pays, notamment ceux qui recevront les nouveaux tests diagnostiques. Ce projet devrait aussi permettre d’obtenir des réductions de prix allant jusqu’à 20% pour les anti tuberculeux de deuxième intention d’ici 2010. Tous les pays bénéficiant de cette assistance répondent aux normes techniques fixées par l’OMS pour la lutte contre la tuberculose MR et ont déjà mis en place des programmes de traitement. Certains utiliseront des subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour acheter les médicaments dont ils ont besoin.
Comme l’a fait observer le Président du Conseil exécutif de l’UNITAID, le Dr Philippe Douste-Blazy, «grâce au 60 millions de dollars apportés par UNITAID, ces projets devraient permettre d’obtenir des résultats significatifs en matière de diagnostic et de traitement et réduire les prix des médicaments et le coût du diagnostic. Ces efforts illustrent la façon dont des moyens de financement novateurs peuvent être utilisés en faveur de la santé et du développement.»
Notes:
[1] Azerbaïdjan, Bangladesh, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Géorgie, Indonésie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lesotho, Moldova, Myanmar, Ouzbékistan, République démocratique du Congo, Tadjikistan, Ukraine et Viet Nam.
Pour plus d'informations, contactez:
Glenn Thomas, Département OMS Halte à la tuberculose, Portable: +41 79 509 0677 Courriel: thomasg@who.int
Judith Mandelbaum-Schmid, Département OMS Halte à la tuberculose, Portable:+41 79 254 6835 Courriel: schmidj@who.int
Audrey Quehen, UNITAID, Portable:+41 792012127 Courriel: quehena@who.int
Jewel Thomas, FIND, Portable: +41 798306364, Courriel: Jewel.thomas@finddiagnostics.org