L’aide distribuée par les 22 pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, qui regroupe les principaux donneurs dans le monde, s’est élevée en 2007 à 103.7 milliards USD. L’évolution constatée en 2007 résulte : d’une rupture avec les niveaux exceptionnellement élevés des remises de dettes (en faveur notamment de l’Irak et du Nigeria) et d’une modeste augmentation des autres formes d’aide publique au développement. De façon générale, la plupart des donneurs ne sont pas en voie de respecter les engagements annoncés en termes d’accroissement de l’aide et devront procéder à des augmentations sans précédent pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés pour 2010.
APD totale en 2007
Avec la fin des opérations exceptionnelles d’allégement de la dette de ces dernières années, l’aide publique au développement distribuée par l’ensemble des membres du Comité d’aide au développement (CAD) a totalisé 103.7 milliards USD, ce qui marque un recul de 8.4 % en termes réels par rapport à 2006, selon les données provisoires communiquées par les membres. D’un montant équivalant à 0.31 % du revenu national brut (RNB) cumulé de ces pays en 2006, la part de l’APD dans le RNB en 2007 n’a atteint que 0.28 % (voir tableau 1 et graphique 1).
Cette baisse était anticipée. En effet, l’APD avait atteint des niveaux exceptionnels en 2005 (107.1 milliards USD) et en 2006 (104.4 milliards USD), à la suite des remises de dettes substantielles accordées dans le cadre du Club de Paris à l’Irak et au Nigeria. Les dons au titre de l’allégement de la dette ont diminué en 2007 pour ressortir à seulement 8.7 milliards USD du fait de l’amenuisement des opérations négociées dans le cadre du Club de Paris (voir tableau 2).
Compte non tenu des dons au titre de l’allégement de la dette, l’APD nette des membres du CAD a augmenté de 2.4 %.
L’aide bilatérale destinée à l’Afrique subsaharienne, hors remises de dette, s’est accrue de 10 % en termes réels, ce qui dénote une amélioration par rapport au rythme d’accroissement observé sur la période récente. Il est toutefois évident que les donneurs sont confrontés à un réel défi s’ils veulent concrétiser les intentions affichées au Sommet du G8 à Gleneagles, à savoir doubler l’aide à l’Afrique à l’horizon 2010.
Performance des donneurs
En 2007, les principaux donneurs en volume ont été les États-Unis, suivis de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et du Japon. Les seuls pays à avoir dépassé l’objectif de 0.7 % du RNB préconisé par les Nations Unies pour l’APD sont le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède.
L’APD nette octroyée par les États-Unis en 2007 ressort à 21.8 milliards USD, soit une baisse de 9.9 % en termes réels. Le rapport APD/RNB est ainsi revenu à 0.16 %. Ce recul s’explique essentiellement par le niveau élevé des allégements de dette en 2006 et par une réduction des apports au titre de l’APD en faveur de l’Irak. Abstraction faite des remises de dettes, on constate une augmentation de l’APD consentie à l’Afrique subsaharienne (+4.4 % en termes réels, qui s’établit à 4.5 milliards USD) et aux pays les moins avancés (+4.0 %, à 4.8 milliards USD). L’APD octroyée par les États-Unis à l’Afghanistan s’est accrue (+11.7 %, pour atteindre 1.6 milliard USD) tandis que les apports en faveur de l’Irak restaient conséquents (-25.5 %, soit 3.7 milliards USD). Les montants alloués par les États-Unis au titre de l’APD en faveur de la lutte contre le VIH/sida ont par ailleurs augmenté de 26.1 %, pour ressortir à 3.4 milliards USD.
L’APD nette du Japon s’est élevée à 7.7 milliards USD, ou 0.17 % du RNB, soit une baisse de 30.1 % en
valeur réelle. Ce recul tient en partie à la diminution des opérations d’allégement de la dette, qui avaient été exceptionnellement élevées en 2005 et 2006, et à un fléchissement des contributions aux institutions financières internationales. L’APD japonaise s’inscrit sur une tendance à la baisse depuis 2000, sauf en 2005 et 2006 où elle a augmenté sous l’effet des remises de dettes.
L’APD cumulée des 15 membres de l’UE appartenant au CAD – qui représente 60 % de l’APD distribuée par l’ensemble des membres du CAD – a régressé de 5.8 % en termes réels pour s’établir à 62.1 milliards USD, soit 0.40 % du revenu global de ces pays. Le fléchissement observé est imputable avant tout à la diminution des dons au titre de l’allégement de la dette. Abstraction faite de ces derniers, l’APD nette des membres de l’UE appartenant au CAD s’est accrue de 8.8 %.
Une augmentation de l’aide a été constatée dans les neuf pays à la fois membres du CAD et de l’UE suivants :
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Allemagne (+5.9 %), par suite d’un accroissement de l’aide bilatérale et des contributions aux organisations internationales ;
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Irlande (+4.6 %), où le rapport APD/RNB reste inchangé à 0.54 % en dépit de la forte progression du RNB ;
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Luxembourg (+11.7 %), sous l’effet d’un accroissement général de l’aide ;
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Espagne (+33.8 %), du fait essentiellement d’une augmentation des contributions multilatérales, s’inscrivant dans un processus planifié d’accroissement régulier de l’aide ;
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Autriche (+7.6 %), Danemark (+2.9 %), Finlande (+5.5 %), Grèce (+5.3 %) et Pays-Bas (+3.1 %).
L’aide provenant de nombreux pays de l’UE appartenant au CAD a fléchi en termes réels, du fait pour l’essentiel du recul des opérations d’allégement de la dette : Belgique ( 11.2 %), France (-15.9 %), Italie (-3.6 %), Portugal (-9.4 %), Suède (-2.6 %) et Royaume-Uni ( 29.1 %). Hors remises de dettes (voir tableau 2), l’aide a augmenté dans ces pays, sauf au Portugal et au Royaume-Uni (ou l’APD nette a légèrement diminué du fait de la vente de prises de participation).
Les apports nets d’APD de la Commission européenne se sont accrus de 3 % pour atteindre 11.8 milliards USD, sous l’effet pour l’essentiel d’une augmentation de l’aide-programme et de l’aide-projet. Les concours humanitaires ont également progressé, et la capacité de versement de la CE a continué de s’améliorer.
S’agissant des autres pays du CAD, les évolutions suivantes de l’aide publique au développement ont été relevées de 2006 à 2007 :
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Australie (+1.0 %), l’augmentation de l’APD bilatérale ayant compensé le retour à la normale des allégements de dette ;
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Canada (-2.7 %), en raison d’une baisse des contributions aux organisations multilatérales et de la diminution des remises de dette ;
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Nouvelle-Zélande (+3.7 %) ;
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Norvège (+13.4 %), sous l’effet pour une large part d’une progression des investissements sous forme de prises de participation ;
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Suisse (-3.0 %), du fait du volume en recul des remises de dette.
Les économies non membres du CAD suivantes ont par ailleurs enregistré des variations de leurs apports nets d’APD, à savoir :
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Taipei chinois (-7.6 %) ;
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République tchèque (-3.6 %) ;
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Hongrie (-49.9 %) ;
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Islande (-6.5 %) ;
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Corée (+42.8 %), par suite de l’augmentation des contributions aux organisations internationales ;
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Lettonie (+23.4 %) ;
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Lituanie (+74.8 %), du fait de l’intensification de l’aide à l’Afghanistan et de l’accroissement des contributions à la CE ;
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Pologne (+3.2%) ;
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République slovaque (+0.6%).
En termes bruts (c'est-à-dire sans déduire les remboursements de prêts), l’APD s’est établie à 116.5 milliards USD, les États-Unis (22.6 milliards USD), l’Allemagne (13.8 milliards USD), le Japon (13.6 milliards USD), le Royaume-Uni (11.8 milliards USD) et la France (11.6 milliards USD) comptant pour 63 % du total (voir tableau 3).
Perspectives d’évolution de l’APD
Au Sommet du G8 de Gleneagles et au Sommet du Millénaire +5 des Nations Unies tenus en 2005, les donneurs s’étaient engagés à accroitre l’aide consentie par leurs soins. Les annonces faites lors de ces sommets, parallèlement aux autres engagements souscrits, supposaient de porter l’aide de 80 milliards USD en 2004 à 130 milliards en 2010 (à prix constants de 2004). Si quelques pays ont légèrement revu leurs objectifs à la baisse depuis 2005, la majorité des engagements souscrits restent d’actualité. Le graphique 2 retrace l’évolution des niveaux d’APD depuis 1990 et met en évidence la hausse substantielle encore nécessaire pour que les donneurs soient en mesure d’honorer leurs engagements actuels, même légèrement réduits. Le graphique 3 propose une représentation simplifiée des progrès enregistrés depuis 2004 au regard des objectifs initiaux fixés en 2005 pour 2010, d’où il ressort que l’APD a progressé à un rythme de moitié inférieur à ce qui serait nécessaire pour atteindre les objectifs fixés à l’origine.
De façon générale, la plupart des donneurs ne sont pas en voie de concrétiser les engagements qu’ils ont souscrits en vue d’accroître leur aide, et devront procéder à des augmentations sans précédent pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés pour 2010. L’OCDE vient d’achever sa première vaste enquête sur les plans de dépenses prévisionnels des donneurs jusqu’en 2010, dont les résultats seront publiés début mai. Si les conclusions de l’enquête ne sont pas encore tout à fait définitives, les premières constatations indiquent que les donneurs ont jusqu’ici programmé une enveloppe supplémentaire de l’ordre de 11 milliards USD sur leurs plans de dépenses annuels à l’horizon 2010, en sus des 5 milliards USD supplémentaires alloués à des programmes par pays déjà versés en 2005. L’effort d’accroissement de l’aide est donc bien pris en compte dans les plans de dépenses prévisionnels de certains donneurs, mais il leur reste encore à injecter 34 milliards USD (aux prix de 2004) – soit environ 38 milliards USD en dollars de 2007 – dans leurs budgets pour que les engagements pris en 2005 d’accroître substantiellement l’aide à l’horizon 2010 puissent être pleinement atteints.
Tableaux et graphiques.
Pour plus de précisions, les journalistes sont invités à contacter Simon Scott, Direction de la coopération pour le développement (tél : +(33-1) 45 24 15 60).