Le rapport "Intergenerational Transmission of Disadvantage: Mobility or Immobility across Generations? A Review of the Evidence for OECD Countries" examine la recherche consacrée à la mobilité entre générations dans des pays de l'OCDE – autrement dit, la mesure dans laquelle les caractéristiques clés et les expériences principales de la vie des individus diffèrent de celles de leurs parents. Un certain nombre de résultats émergent.
La mobilité entre générations en termes de revenus varie de manière significative d’un pays à l’autre. Elle est plus importante dans les pays nordiques, au Canada et en Australie mais inférieure en Italie, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. L'ampleur de la mobilité intergénérationnelle des revenus dépend des caractéristiques des individus et des ménages et change à travers la distribution des revenus (c’est-à-dire la mobilité est inférieure dans les strates à bas revenus et à hauts revenus dans beaucoup de pays). Les diverses études montrent également que : (i) les pays où l'inégalité des revenus et les rendements liés à l'éducation sont plus élevés affichent aussi une moindre mobilité (en termes de revenus) entre générations ; et (ii) le degré de persistance des revenus des ménages entre générations est plus fort que celui mesuré en termes de revenus individuels.
L'éducation est un composant essentiel de la mobilité intergénérationnelle en termes de revenus et les différences éducatives tendent à persister à travers les générations. Parmi les caractéristiques familiales qui contribuent à déterminer la mobilité éducative à travers les générations, on trouve l'origine ethnique, la langue parlée à la maison, la taille et la structure de la famille, ainsi que les caractéristiques socio-économiques et culturelles des parents. D'ailleurs, certaines des différences transnationales dans l'ampleur de la mobilité entre générations en termes d'éducation sont générées par des politiques. Par exemple, l'orientation précoce des étudiants, basée sur leur capacité, vers certaines filières, semble réduire considérablement la mobilité à travers les générations.
A l'évidence, l'immobilité entre générations s'étend à d'autres domaines. Par exemple, les métiers persistent à travers les générations, ceci étant dû à des facteurs tels que l'éducation, la race et le statut de migrant. La richesse persiste également de façon très marquée à travers les générations : les transferts de richesses étant plus importants pour les hauts revenus, ils peuvent contribuer à l'augmentation des inégalités. La dépendance aux prestations sociales est également transmise à travers des générations et cette transmission semble être influencée par des aspects spécifiques de conception de programmes. Les traits de personnalité tendent également à persister à travers des générations et à affecter les décisions concernant l'activité des individus sur le marché du travail et la formation/scission d'une famille : par exemple, les enfants de parents divorcés ont une plus grande probabilité de divorcer lorsqu'ils seront à leur tour des adultes.
Des investissements soutenus qui interviennent tôt dans la vie des enfants et de leurs familles peuvent aider à combattre l'immobilité intergénérationnelle. Dans ce domaine, l'éducation, les soins et la santé des enfants jouent un rôle clé. Les transferts financiers et les prestations en nature aux parents sont également importants car ils leur fournissent les ressources pour pourvoir au bien-être de leurs enfants. De façon générale, une stratégie basée sur un plus grand investissement dans les enfants assure la rupture du cycle des désavantages entre générations en raison de ses effets sur la pauvreté des enfants et sa contribution au développement des enfants.
La faible mobilité entre générations a des implications importantes en matière de politique puisque dans ce cas les chances de la vie des individus refléteront en partie des caractéristiques dont ils ne sont pas responsables. Cependant, tandis qu'il est souvent possible de mesurer l'ampleur de la mobilité entre générations avec un nombre (par exemple dans le cas du revenu), cette quantification n'implique pas un jugement sur ce que devrait être la mobilité. Aucune société n'est complètement mobile ou immobile et certains des mécanismes contribuant à la persistance entre générations des résultats sont acceptables, et en effet, souhaitables. Il est pourtant essentiel d'identifier quelles mesures sont les plus efficaces pour réduire certaines des inégalités qui sont associées à différentes dotations de naissance.
Lire le rapport (en anglais) : Intergenerational Transmission of Disadvantage: Mobility or Immobility across Generations? A Review of the Evidence for OECD Countries