M. Franco Frattini, vice-président de la Commission, a déclaré que «le rapport publié fournit une étude complète de cette question et il est le premier à en donner une perspective «Sud-Nord» et non l'inverse»
Le rapport contient un aperçu régional, suivi d'une section consacrée à chacun des dix pays méditerranéens du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (les pays med-MENA: Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, territoires palestiniens, Israël, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie) et comportant des informations sur les dimensions démographiques, économiques, juridiques, et politiques des migrations.
L'Union européenne considère que la gestion des flux migratoires dans la région méditerranéenne en vue d'empêcher des tragédies humanitaires est une priorité majeure, et ce rapport lui sera très utile dans la mesure où il renforce la coopération avec les pays partenaires sur les côtes méridionales de la Méditerranée et au-delà.
Le rapport (téléchargeable sur www.carim.org ) aborde les points suivants.
Émigration
Les résultats et les statistiques figurant dans le rapport confirment que les pays med-MENA constituent une source importante d'émigration internationale et que cette émigration s'accélère. Le rapport donne également à penser que ce sont les questions de main-d'œuvre, de chômage et de sous-emploi qui figurent au sommet des ordres du jour politiques des pays med-MENA plutôt que l'émigration. En effet, l'émigration est souvent considérée comme ayant pour conséquence appréciée d'alléger la pression sur les marchés intérieurs du travail.
Immigration
Le rapport contient également certaines conclusions intéressantes sur les taux d'immigration vers les pays med-MENA. Ces conclusions confirment celles de la Commission, à savoir que si les pays med-MENA restent une source importante d'émigration, ils deviennent parallèlement une région de transit et de destination pour les migrants. Il s'agit évidemment d'un nouveau rôle pour ces pays et, comme on pouvait peut-être s'y attendre, le rapport souligne que la réaction des pays med-MENA face à l'immigration, qu'elle soit légale ou clandestine, varie sensiblement et entraîne des conditions de vie et de travail très différentes pour les populations immigrées.
Le rapport donne à penser que les pays med-MENA seront confrontés à l'avenir à la nécessité de développer des politiques réglementant l'immigration en mettant l'accent non seulement sur la gestion de l'immigration clandestine, mais surtout sur la capacité du marché intérieur du travail d'absorber des nouveaux venus et sur celle du cadre normatif de protéger leurs droits.
De nouvelles destinations
Le rapport contient également des informations intéressantes sur les ressortissants de pays med-MENA émigrant en dehors de l'Europe et précise que, contrairement à la perception qu'en a le public, moins de la moitié de l'ensemble des émigrés de première génération des pays med-MENA ont l'Europe pour destination. Les pays arabes producteurs de pétrole, c'est-à-dire les pays du Golfe et la Libye, constituent la deuxième destination, tandis que les «nouvelles destinations»- les États-Unis et le Canada — sont bien moins importantes en termes de nombre total. Bien que la plupart des migrants en provenance des pays med-MENA soient encore souvent des ouvriers spécialisés ou non qualifiés, de nouveaux types de migrations de main-d'oeuvre apparaissent: il s'agit de personnes ayant une formation dans des disciplines scientifiques, professionnelles et intellectuelles.
Les communautés expatriées comme ressource exploitable
Le rapport indique que les gouvernements des pays med-MENA se sont rendus compte de la valeur de leurs diasporas à l'étranger.
Les gouvernements actuels des pays Med-MENA ont mis en place des institutions publiques, et même des ministères, pour traiter les questions d'émigration. Les politiques dans ce domaine consistent notamment à protéger les droits civils des migrants dans les pays d'accueil où ils résident et à maintenir leur sentiment d'appartenance à leur culture d'origine en dispensant des cours de langues et un enseignement religieux aux migrants de deuxième génération. Il existe cependant peu d'éléments démontrant l'impact concret de ces politiques ou institutions sur les liens avec les pays d'origine, d'une part, et sur les caractéristiques de l'intégration dans les pays d'accueil, d'autre part. Ce sont des aspects que la Commission tient à examiner plus en détail dans le cadre du suivi de sa récente communication sur les liens entre migration et développement. [1]
Immigration clandestine
Le rapport contient également des informations intéressantes sur le développement de politiques de gestion de l'immigration clandestine. Cette question revêt une importance déterminante tant pour l'UE que pour ses partenaires méditerranéens, car de nombreux migrants arrivent clandestinement dans les pays med-MENA en transitant vers leur destination finale dans l'UE. De fortes pressions migratoires, si elles ne sont pas gérées efficacement, peuvent entraîner de graves catastrophes humanitaires, comme l'ont démontré les noyades dans la mer Méditerranée pendant l'été et les récents événements au Maroc et à Ceuta et Melilla.
Le rapport fait observer que la plupart des pays med-MENA ont mis en œuvre des mesures pour éloigner ou expulser les personnes restées illégalement dans le pays après l'expiration de leur visa et les demandeurs d'asile dont la demande a été rejetée, en réponse à des besoins urgents. Toutefois, le rapport signale également qu'à l'avenir, ces pays devront adopter une approche plus équilibrée visant à assurer une protection juridique appropriée des migrants, ainsi que des politiques faisant de l'immigration une composante positive du développement social et civil.
Le CARIM a été créé par la Commission européenne (Office de coopération EuropeAid) en février 2004, et il est établi au sein du Centre Robert Schuman d'études avancées de l'Institut universitaire européen.
[1] «Migration et développement: des orientations concrètes» - COM (2005) 390 final.
Rapport intégral