Comme vous pouvez le constater Franz Fischler et moi-même sommes de retour, ce qui est déjà une bonne nouvelle pour vous, et avec un accord sur un programme de négociations commerciales à l'OMC à boucler dans les trois ans qui viennent, ce qui est une très bonne nouvelle pour nous.
Nous étions partis de Seattle avec une OMC affaiblie (malade) et contestée. Nous rentrons de Doha avec une OMC plus forte (en forme) et mieux équilibrée.
A Seattle, l'OMC avait donné des signes de faiblesse inquiétants en ne parvenant pas à un accord, tant pour des raisons de fond qu'en raison des travers de ses méthodes de travail. Elle était contestée, tant de l'intérieur par beaucoup de pays en développement qui se sentaient écartés, que de l'extérieur qui critiquait à la fois l'opacité et la primauté donnée aux considérations de libéralisation sur celles de régulation.
A Doha, nous avons réussi à réparer la locomotive et à la faire repartir. C'était le premier objectif européen. Et à la mettre sur un itinéraire mieux équilibré du point de vue de la soutenabilité et de la régulation de la mondialisation. C'était le second objectif européen.
Une OMC renforcée
A Doha, la conférence ministérielle a bien travaillé. Les leçons de Seattle ont porté et Mike Moore et son équipe sont parvenus à organiser le travail de manière à la fois plus efficace et plus ouverte. Plus efficace, par le recours à une équipe de sages femmes fort bien sélectionnée sujet par sujet. Plus ouverte, par une combinaison parfois fortuite mais finalement heureuse de réunions plénières et de réunions régionales, qui a permis, par exemple, d'assurer le retour de l'Afrique et plus généralement de pays en développement dans le processus de décisions. L'importance de la dimension "développement" dans la déclaration finale en témoigne. Le résultat final n'a pas été imposé par quelques uns, ni concocté dans je ne sais quelle arrière cuisine, mais délibéré par tous, ce qui est une performance à 142 états membres.
Ce résultat est important pour l'Europe qui a fait, depuis, deux ans, de l'implication des PVD dans le système commercial multilatéral, un de ses objectifs. Plus important encore est d'être parvenus à rééquilibrer l'OMC dans la libéralisation et la régulation.
Une OMC mieux rééquilibrée
Non pas en abaissant notre niveau d'ambition pour l'ouverture des marchés. Il était volontariste. La déclaration finale l'est à la mesure de nos souhaits. Mais en augmentant l'ambition et la superficie du programme de la négociation sur les règles dans divers domaines, dont l'environnement, l'investissement, le concurrence, la facilitation du commerce dont nous avions fait nos objectifs stratégiques. Et ce dans une situation tactiquement délicate puisqu'il faut bien le dire, nous n'étions que quelques irréductibles à tirer vraiment cette charrette. Le meilleur exemple de ce nouvel équilibre se trouve peut-être dans la déclaration sur l'accès aux médicaments pour les pays en développement qui combine protection de la propriété intellectuelle et besoins des pays en développement.
Le résultat est là, après bien des affres, du suspense et des retournements de situation. Le résultat porte la marque des ambitions européennes à l'exception peut-être, du social où l'opposition de plusieurs pays en développement nous a bloqués au strict minimum.
Ceci n'a été possible que par une unité sans faille de l'Union. Sous la houlette d'une présidence Belge avisée, ferme et toujours présente dans les bons et les mauvais moments en la personne de Madame Neyts. Et avec une équipe soudée avec mon collègue F. Fischler, P. Carl et ses troupes, qui rentrent de Doha avec la fierté du travail bien fait.