Pour parvenir à l'accès universel à la prévention et au traitement du VIH/SIDA, la communauté scientifique doit réagir rapidement à l'évolution de la situation sur le terrain et faire disparaître le hiatus entre les découvertes et l'action.
Le Dr Charlie Gilks, responsable à l'OMS des traitements, de la prévention et de l'extension des traitements au département VIH/SIDA, a souligné le besoin de tirer les leçons de l'expérience lors de la troisième conférence de la Société internationale sur le SIDA à Rio sur la pathogénie et le traitement du VIH, réunion scientifique organisée tous les deux ans. Selon lui, il faut pour cela que la communauté scientifique s'engage à appliquer rapidement les résultats des études scientifiques dans les programmes de lutte contre le SIDA.
L'objectif de s'approcher le plus possible de l'accès universel au traitement du VIH d'ici à 2010 a été approuvé récemment par les dirigeants du G8 à Gleneagles, en Écosse, lors de leur réunion annuelle. Pour réussir, il faudra investir des ressources et des efforts importants dans la recherche, comme l'explique le Dr Gilks citant les nouvelles formulations de médicaments anti-VIH pour les enfants ou la simplification des tests pour diagnostiquer et suivre les patients parmi les grandes priorités de la recherche pour la généralisation des traitements lorsque les ressources sont limitées.
Comme le reconnaît le Dr Gilks, « la liste des travaux de recherche à effectuer est longue mais, si nous voulons parvenir à l'accès universel, il nous faudra investir dans la recherche appliquée et introduire rapidement sur le terrain les nouveaux produits et méthodes ».
Il reste confiant sur les capacités de la communauté scientifique à répondre à ce défi et il estime que les perspectives de faire fructifier sur le terrain le travail scientifique n'ont jamais été aussi bonnes. Il rappelle que nous avons désormais les connaissances pour répondre à nombre de ces questions. En fait, il soutient même que la possibilité de passer aux applications pratiques est actuellement meilleure pour le VIH/SIDA que dans tout autre domaine. Tout en ayant une influence directe sur les politiques et les pratiques, les chercheurs peuvent aussi réduire les inégalités en contribuant à mettre rapidement les progrès scientifiques à la portée des millions de malades qui ont besoin d'un traitement.
La conférence de Rio réunit d'éminents chercheurs, des militants et des responsables politiques pour étudier les derniers progrès de la recherche sur le VIH/SIDA et trouver des moyens d'appliquer ces résultats dans la pratique. La stratégie de l'OMS et de l'ONUSIDA consistant à fournir le traitement à trois millions de personnes vivant avec le VIH/SIDA dans les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires d'ici à la fin de 2005 (« 3 millions d'ici 2005 ») a catalysé le soutien et l'action et elle a constitué un première étape importante vers l'objectif de l'accès universel. L'accès aux traitements antirétroviraux dans les pays en développement a connu un essor important. Depuis le début de l'initiative, fin 2003, le nombre des pays fixant des cibles nationales pour le traitement est passé de quatre à 40 et le nombre de ceux qui ont établi des plans de généralisation des traitements antirétroviraux est désormais de 34, contre seulement trois auparavant. Au cours des 12 derniers mois, plus de 50 pays ont doublé le nombre des personnes sous traitement. On considère que l'approbation récente par le G8 de l'objectif de l'accès universel d'ici à 2010 donnera une impulsion majeure à ces efforts.
Le Dr Gilks a souligné l'importance de la recherche sur la prévention du VIH, qui s'ajoute aux travaux pour trouver des moyens plus efficaces de délivrer les traitements. « Pendant que nous nous efforçons de garder les patients en vie et en bonne santé avec les instruments dont nous disposons, nous devons également veiller à ce que les générations futures aient accès à de meilleures techniques de prévention », a-t-il rappelé en faisant référence à l'importance de la recherche sur les vaccins et les microbicides.