La concurrence mondiale entre les exportateurs de blé, de riz, de graines oléagineuses, de sucre et de produits animaux devrait s’intensifier au cours des dix années à venir, que ce soit dans les pays développés ou les pays en développement, selon les dernières Perspectives agricolesde l’OCDE, produites pour la première fois en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO).
Conjugué à une hausse de la productivité, le renforcement de la concurrence entraînera une nouvelle diminution des prix réels de la plupart des produits de base alimentaires. Les agriculteurs devront donc s’efforcer de continuer à améliorer leur efficience. Selon les Perspectives, des réformes des politiques pourraient contribuer à une meilleure situation des marchés agricoles.
Compte tenu de l’accroissement des exportations des pays à bas coûts non membres de l’OCDE et du maintien d’une forte protection dans bon nombre de marchés de pays membres de l’OCDE, la progression de la demande dans les pays en développement conduira à une hausse de la part de ces derniers dans le commerce mondial des produits agricoles.
Selon le rapport, la production mondiale de céréales devrait augmenter de plus de un pour cent par an, l’essentiel de la croissance provenant des pays non membres de l’OCDE. La progression des importations de la Chine et des autres pays asiatiques pourrait pousser les prix nominaux à la hausse dans le court terme, mais on s’attend à ce qu’au cours des dix années à venir, les prix mondiaux du blé baissent d’environ 11 %. Partant des faibles niveaux enregistrés récemment, les prix du riz en terme réel devraient rebondir au cours de la période de projection, la tendance à la baisse des trente dernières années s’inversant.
La Chine et l’Inde étant de plus en plus intégrées aux marchés mondiaux, des chocs de faible ampleur sur la demande ou l’offre de ces grands pays pourraient avoir des effets substantiels sur d’autres pays. De même, la situation des principaux pays producteurs émergeants, sud-américains en particulier, aura une influence primordiale sur l’évolution des marchés mondiaux. Compte tenu de la croissance rapide de la production et des échanges de produits animaux, l’éventuelle apparition d’épidémies constitue également une cause importante d’incertitude pour les projections.
La hausse de la concentration et de la mondialisation de l’industrie alimentaire ainsi que le rôle croissant des normes sur les produits exerceront probablement une influence de plus en plus forte sur la production et les échanges.
Des évolutions dans le soutien agricole des pays de l’OCDE
Parallèlement à la parution des Perspectives, l’OCDE publie également son dernier rapport sur les Politiques agricoles des pays de l’OCDE : suivi et évaluation. Il présente une évaluation préliminaire de la mise en œuvre de la politique agricole commune dans les dix pays qui sont devenus membres de l’Union européenne en 2004. Il en ressort que :
* l’élargissement a accentué la diversité des structures agricoles dans l’Union ;
* même s’il a sensiblement accru les superficies et la main-d’œuvre, l’augmentation de la valeur de la production agricole est limitée à moins de 10 % ;
* le revenu agricole dans les nouveaux Etats membres augmentera sans doute nettement à moyen terme.
* D’après les estimations, le niveau du soutien dans les nouveaux Etats membres était très inférieur à celui qui prévalait dans l’UE-15 en 2004, mais étant donné la taille relativement réduite du secteur, le soutien moyen aux agriculteurs en pourcentage des recettes agricoles, dans l’ensemble de l’UE élargie, n’a baissé que d’un point.
Dans les trente pays membres de l’OCDE, le niveau moyen du soutien aux agriculteurs est demeuré inchangé l’an dernier, s’établissant à 30 % des recettes agricoles totales. La plupart du soutien continue à provenir de mesures qui faussent les échanges telles que le soutien des prix du marché. Le rapport salue néanmoins une évolution dans de nombreux pays en faveur de paiements qui sont moins liés à des produits précis.