Un rapport de l’UNICEF publié aujourd’hui révèle que des millions d’enfants d’Europe de l’Est et d’Asie centrale continuent à vivre dans la pauvreté en dépit des progrès économiques accomplis dans ces pays, ce qui indique que la croissance économique ne suffit pas à elle seule à améliorer la vie des enfants.
D’après le Moniteur social Innocenti 2004, en 2001, sur les 44 millions d’enfants habitant les neuf pays où des données sont disponibles, 14 millions vivaient dans la pauvreté telle qu’elle est définie par les normes nationales. "Des millions d’enfants sont laissés à l’écart des progrès économiques de la région et cette pauvreté dénature leur enfance, a déclaré Carol Bellamy, Directrice générale de l'UNICEF, lors du lancement du rapport à Moscou. La pauvreté entraîne une mauvaise alimentation et une mauvaise santé chez les enfants. Elle signifie qu’ils ne peuvent pas aller à l’école parce qu’ils ne peuvent se payer les livres, l’uniforme ou les trajets en bus. Dans le pire des cas, la pauvreté entraîne la violence et le désespoir, l’institutionnalisation d’un nombre croissant d’enfants et une montée en flèche de l’alcoolisme et de la toxicomanie chez les jeunes. La pauvreté déchire le tissu social de ces nouvelles sociétés."
Le rapport montre que la croissance économique qu’a connue la région s’accompagne rarement d’initiatives visant à résoudre les graves disparités sociales dont les enfants sont victimes. "Cela nous force à nous poser deux questions capitales, a ajouté Mme Bellamy. D’abord, à quoi sert la croissance économique si elle ne profite pas aux enfants ? Ensuite, pourquoi tant de pays s’abstiennent-ils de mesurer la pauvreté chez les enfants ? C’est un indicateur crucial du succès ou de l’échec des politiques sociales et économiques aussi bien que de leurs chances pour l’avenir."
Le Moniteur social Innocenti examine le fossé entre riches et pauvres au sein des 27 pays d’Europe centrale et orientale et de la Communauté d’Etats indépendants[i] ainsi qu’entre les nations plus prospères d’Europe centrale et les pays plus pauvres du Caucase et d’Asie centrale. Il étudie la façon dont le chômage affecte les enfants : dans certains pays, y compris la Bulgarie et la Pologne, un grand nombre d’enfants grandissent dans des ménages où ni le père ni la mère ne travaille. Les statistiques de l’emploi devraient tenir compte des enfants qui vivent dans des foyers où personne n’a de travail et où les revenus sont bas, suggère le rapport. Il faut faciliter l’accès aux services sociaux afin que les ménages puissent se déplacer plus aisément vers des zones de meilleur emploi.
"Nous devons trouver le moyen de mesurer les retombées de la pauvreté, l’exclusion sociale, le non-respect des droits de l’homme, l’absence de choix et l’importance de la discrimination ainsi que son impact, a déclaré Mme Bellamy. Nous avons besoin de seuils de pauvreté clairement définis et remis à jour régulièrement afin de capturer les changements constants en matière de pauvreté des enfants. On ne peut se contenter de mesurer seulement la pauvreté en termes de revenus."
Le rapport indique également que dans toute la région, les personnes démunies doivent souvent payer des services qui devraient être gratuits, comme l’enseignement et la santé, et que les allocations familiales ou de chômage ne sont pas adaptées à leurs besoins. Des données récentes montrent qu’en Ouzbékistan, moins de sept enfants pauvres sur dix vont à l’école. Les Etats mesurent souvent la pauvreté par rapport à une norme nationale de subsistance, à savoir la somme dont un ménage a besoin pour acheter un "panier" minimum de biens et de services. Selon le rapport, ces "paniers" reflètent un jugement purement politique. Au Kazakhstan, une étude récente a démontré qu’il était impossible pour un ménage de se loger avec le minimum qui avait été décidé. En Géorgie, le minimum national ne reflète pas les variations saisonnières du prix des aliments, si bien que même ceux qui vivent au-dessus du seuil de pauvreté national ou à ce niveau risquent de souffrir de malnutrition.
L’UNICEF collabore avec les ménages et les communautés de la région pour s’attaquer aux conséquences de la pauvreté : institutionnalisation des enfants, traite des êtres humains et les effets de l’alcoolisme et de la toxicomanie, en particulier le VIH. Mais c’est le changement du système (une réforme politique et juridique visant à protéger tous les enfants et tous leurs droits) qui reste la pierre de touche du programme de l’UNICEF avec les gouvernements et la route la plus sûre pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement dans chaque pays.
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Note aux journalistes :
Le Moniteur social Innocenti 2004 est publié par le Centre de recherches Innocenti de l’UNICEF, situé à Florence (Italie). Le Moniteur social est un rapport régional annuel qui se penche sur le bien-être des enfants dans les pays en transition d’Europe centrale et orientale et la Communauté d’Etats indépendants. Il comprend une série de statistiques couvrant un large éventail d’indicateurs pour les années 1989 à 2002 et des profils statistiques de chaque pays de la région. Des copies du rapport en anglais, en russe et en italien, ainsi que des notes sur les principales conclusions et sur l’œuvre de l’UNICEF dans la région sont disponibles.
Note aux organismes de télévision
Des images non montées prises en Roumanie, en Fédération de Russie et en Ukraine sont disponibles.
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[i] Les 27 pays d’Europe centrale et orientale, de la Communauté d’Etats indépendants et des Etats baltes sont les suivants : Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Estonie, Fédération de Russie, Géorgie, Hongrie, Kazakhstan, Kirghizistan Lettonie, l’Ex-République yougoslave de Macédoine, Lituanie, Moldova, Ouzbékistan, Pologne, République tchèque, Roumanie, Serbie et Monténégro, Slovaquie, Slovénie, Tadjikistan, Turkménistan, Ukraine