L’Union européenne accuse un retard dans la poursuite des objectifs de Lisbonne pour l’emploi, dont la réalisation est fixée à 2010, mais elle peut le rattraper en multipliant les réformes du marché du travail. Telle est la constatation qui figure dans le rapport de cette année sur l’emploi en Europe, publié aujourd’hui. Si la légère remontée de la croissance en 2003 ne s’est pas encore traduite par la création d’emplois dans l’Union, les résultats sont variables : certains États membres ont ainsi dépassé les États-Unis sur ce terrain, où l’écart entre Européens et Américains s’est resserré dans le secteur des services, mais un vaste potentiel inexploité subsiste. L’« Union à vingt-cinq » est bien placée pour tirer parti de la mondialisation si, dans le contexte de sa stratégie pour l’emploi, elle s’applique mieux à utiliser la combinaison de mesures qui s’impose.
En 2003, le taux d’emploi communautaire a stagné aux alentours de 63 % ; le taux moyen de croissance de l’emploi, lui, n’a atteint que 0,2 % (contre 0,9 % aux États-Unis) et a même été inférieur à zéro dans près de la moitié des États membres. Sur le marché du travail, la situation des jeunes, des chômeurs de longue durée et des personnes peu qualifiées s’est détériorée. Mais pratiquement tous les États membres (dont l’Espagne, l’Irlande, la Suède et la France) ont affiché, toujours en 2003, un taux de création d’emplois supérieur aux chiffres américains et, dans l’ensemble, l’Union européenne offre aux travailleurs peu qualifiés de meilleures perspectives d’embauche que les États-Unis.
Il faut que l’Union s’efforce davantage de relancer l’emploi dans le secteur des services et de puiser dans des ressources encore inexploitées, comme la population féminine et les travailleurs plus âgés. Elle doit notamment créer plus d’emplois très qualifiés et fortement rémunérés ; le développement du marché intérieur des services y contribuera. Elle doit aussi conserver une base industrielle solide pour mettre à profit les retombées de la demande en produits industriels sur l’emploi dans le secteur des services.
En s’aidant des politiques adéquates, l’Union peut et doit anticiper et gérer les changements engendrés par la mondialisation et le progrès technique. Il lui revient également de réunir, à plus long terme, des conditions favorables aux employeurs et aux salariés, tout en atténuant, d’une part, les conséquences de cette mutation pour les travailleurs qui, à court terme, se verront déplacés et, d’autre part, les effets locaux ou régionaux des licenciements massifs.
L’incitation à l’investissement dans la recherche-développement, l’éducation et la formation permet de faire concorder qualifications des travailleurs et besoins des employeurs.
Selon le document évoqué plus haut, une intervention dynamique sur le marché de l’emploi – à travers la formation continue et un soutien effectif de la part des services d’emploi publics, entre autres – revêt une importance cruciale pour l’entrée et la progression dans le monde du travail.
Les régimes d’exonération fiscale et les politiques liées au marché de l’emploi doivent être adaptés aux nécessités des groupes les plus vulnérables présents sur ledit marché. En 2003, par exemple, le taux de chômage chez les demandeurs d’emploi de longue durée a atteint 4 %.
Pour réaliser les objectifs de Lisbonne (un taux d’emploi de 70 % dans l’ensemble de la population, de 60 % dans la population féminine et de 50 % chez les travailleurs plus âgés d’ici à 2010), l’Union doit, dans le contexte de sa stratégie pour l’emploi, renforcer ses facultés d’adaptation en promouvant l’instillation d’une souplesse et d’une sécurité accrues sur le marché du travail.