09-10-2003 4:05 pm - La sauvegarde du patrimoine immatériel, la diversité culturelle et la protection du patrimoine culturel contre une destruction intentionnelle sont les principaux thèmes inscrits à l’ordre du jour culturel de la 32e Conférence générale de l’UNESCO qui se tient du 29 septembre au 17 octobre au siège de l’Organisation. Les délégués des 190* Etats membres de l’UNESCO examineront en premier lieu l’ avant-projet de Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel. S’il est adopté, ce texte viendra compléter les conventions existantes qui protègent le patrimoine culturel « matériel » terrestre (monuments et sites naturels) ou subaquatique (épaves, sites submergés, etc.)
Les principales formes de ce patrimoine immatériel que la future convention se propose de sauvegarder sont « les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel ; les arts du spectacle ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs ; les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ; les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel ». Si la Conférence générale l’adopte**, la Convention devra compter un minimum de 30 Etats parties pour entrer en vigueur et assurer ainsi une protection juridique internationale à tout un ensemble, particulièrement fragile et menacé de disparition, de l’héritage commun de l’humanité.
La convention prévoit en particulier l’élaboration d’inventaires nationaux des biens à protéger, la création d’un Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel composé d’experts des futurs Etats parties, ainsi que la constitution de deux listes : l’une représentative du patrimoine immatériel de l’humanité et l’autre regroupant des expressions de ce patrimoine nécessitant une sauvegarde urgente. Le texte souligne par ailleurs que la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est un processus complexe qui implique de multiples acteurs, à commencer par les communautés et groupes qui lui donnent vie.
La diversité culturelle, présente dès l’Acte constitutif de l’UNESCO, est aujourd’hui une des grandes préoccupations de l’Organisation et figure aussi à l’ordre du jour de la Conférence générale.
A sa précédente session, en novembre 2001, la Conférence générale avait adopté par acclamation une Déclaration universelle sur la diversité culturelle pour répondre aux défis que la mondialisation pose à la culture. Cette déclaration solennelle considère pour la première fois que « la diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant ».
Aujourd’hui, alors qu’un certain nombre de pays souhaitent se contenter de cet instrument déclaratif, d’autres prônent l’adoption d’un instrument contraignant portant sur la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques. La Conférence générale devra donc se prononcer sur l’opportunité d’élaborer une convention internationale sur les contenus culturels et expressions artistiques, sachant que les biens et services culturels, parce qu'ils sont porteurs d'identité, de valeurs et de sens, « ne doivent pas être considérés comme des marchandises ou des biens de consommation comme les autres », comme l’affirme l’article 8 de la Déclaration universelle.
La Conférence générale considérera également l’opportunité d’adopter une Déclaration concernant la destruction intentionnelle du patrimoine culturel qui serait un texte non contraignant encourageant les Etats à prendre les mesures nécessaires afin de prévenir et d’interdire la destruction intentionnelle du patrimoine culturel (ainsi que du patrimoine naturel lorsqu’il est lié au premier), en temps de paix et en cas de conflit armé. Le texte en débat a été motivé par la vive émotion qu’avait suscité en mars 2001 la destruction intentionnelle des Bouddhas de Bamiyan par le régime taliban.
Le débat culturel de la 32e session de la Conférence générale de l’UNESCO sera complété par une évaluation de l’application de la Convention de 1970 concernant les mesures à adopter pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites de biens culturels. Cette convention a atteint le 1er juillet 2003 le chiffre symbolique de cent Etats Parties. Avec l’adhésion de la Suisse, officialisée le 1er octobre, ils sont désormais cent-un.
* Depuis le retour des Etats-Unis au sein de l’Organisation, formalisé le 1er octobre
** Le texte sera débattu en Commission IV, et la décision finale sera prise par la Conférence générale en séance plénière.
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