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Date :  2006-09-28
langue :  Français
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Régions et mondialisations

Ce texte est un papier préparé pour les Rencontres Interrégionales
« Régions et diversité culturelle : une dynamique européenne et mondiale »
(Lyon, les 28 et 29 septembre 2006)

Source :  Louise Beaudoin


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Les rencontres qui débutent ce matin sont originales à plus d’un titre : alors que la Convention sur la diversité des expressions culturelles adoptée en 2005 à l’UNESCO est en pleine période de mise en œuvre, au moment où la guerre au terrorisme risque de nous éloigner les uns des autres et d’amener chaque continent à se replier sur lui-même et à tenter de bâtir sa propre forteresse, nous essayerons au cours des deux prochains jours de nous rapprocher et d’imaginer des stratégies et des actions de coopération culturelle entre nos différentes régions afin de briser cette dynamique et d’inverser cette tendance.

Aujourd’hui les batailles de pouvoir sont autant liées a la présence de certains produits dominant l’espace médiatique qu’aux luttes pour posséder des richesses naturelles comme le pétrole. Là comme ailleurs il y a deux visions de la mondialisation qui s’affrontent : une vision unipolaire, celle de ceux pour qui à la domination de l’hyper puissance doit correspondre celle d’une hyper langue et d’une hyper culture et une vision multipolaire, celle d’un monde ou s’expriment notamment, de manière équilibrée, diverses expressions culturelles dans une multitude de langues. Un monde où le pluralisme culturel devient un projet politique pour maîtriser la mondialisation culturelle et rendre moins structurellement inégaux les échanges culturels qui enrichissent, qui métissent, qui changent nos perceptions, qui transforment nos propres cultures. Une mondialisation, en somme, qui ne produit pas de l’uniformisation.

Comment consolider, appuyer, faire triompher la dynamique d’une mondialisation culturelle plus juste, plus humaine?
Les pays membres de l’UNESCO ont donné une première réponse en adoptant au mois d’octobre 2005, à une très forte majorité (148 pour, 2 contre, les États-unis et Israël, et 4 abstentions) une Convention qui reconnaît le droit des États et des gouvernements, y compris régionaux, de soutenir par des politiques culturelles, leurs industries culturelles.
Quel chemin parcouru! Une idée pratiquement inexistante il y a quelques années à peine - sinon sous la forme de l’exception culturelle qui n’aurait probablement pas survécue aux diverses rondes de négociations de l’OMC – qui se traduit aujourd’hui concrètement dans une Convention de l’UNESCO.
Convention dans laquelle il y a des avancées certaines, notamment pour les pays en développement qu’il fallait convaincre qu’il était dans leur intérêt d’appuyer cette Convention en créant un fonds mis à leur disposition mais qui malheureusement ne sera qu’à contribution volontaire.
Il s’agit aussi d’une avancée par rapport à la reconnaissance en droit international de la nature spécifique des biens et services culturels en tant que porteurs de valeurs, d’identité, de sens, ainsi que l’établissement en théorie du moins, du principe de la non subordination de cette Convention aux autres instruments internationaux.
Une Convention qui recèle cependant des points négatifs. Ainsi la vingtaine de pays ayant signé avec les États-unis des accords bilatéraux ou régionaux qui libéralisent, en tout ou en partie, leur secteur culturel, pourront difficilement invoquer cette Convention, même s’ils l’ont adoptée et ratifiée, pour se donner de nouvelles politiques culturelles. Par ailleurs on n’y trouve aucun véritable mécanisme de règlement des différends ce qui affaiblit son poids par rapport à l’Organisation mondiale du commerce et ce qui met en cause sa future efficacité comme instrument juridique.

Cette Convention, avec ses forces et faiblesses, représente une demi victoire pour la communauté internationale dont nos gouvernements régionaux peuvent cependant se servir au mieux de leurs intérêts culturels.

Car l’ordre international, créé par le traité de Westphalie en 1648 qui consacrait la souveraineté nationale comme le pouvoir suprême, bat de l’aile. Essentiellement parce que les questions posées par la mondialisation ne connaissent pas, par définition, de frontières : les crises financières, les problèmes environnementaux, les épidémies, l’internet, le terrorisme, etc. C’est ainsi qu’ont émergé d’autres acteurs internationaux que les États souverains : les entreprises multinationales, les ONG, la société civile mais aussi les états fédérés et les régions. Ces deux nouveaux acteurs possèdent souvent des moyens considérables, des ressources humaines et financières importantes et peuvent intervenir efficacement dans une foule de domaines qui sont de leur compétence : la science, la technologie, l’éducation, la santé, l’environnement, les droits humains, la coopération internationale et bien sûr, la culture. Il arrive même que rien n’empêche des entités subétatiques de négocier et de signer des ententes internationales dans ce secteur et dans d’autres, autant avec des pays souverains qu’entre elles. Plus leurs compétences sont larges, plus les enjeux internationaux sont susceptibles de les interpeller. S’ajoutent, dans certains cas, pensons au Québec et à la Catalogne, une dimension identitaire. Ces nations non souveraines déploient d’intenses activités internationales et possèdent un important réseau de représentations à travers le monde.
À nous donc d’agir ensemble et de donner l’exemple en définissant, comme nous y invitent les organisateurs de ces Rencontres, une nouvelle stratégie de coopération entre nos régions par la culture.


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