Dans le cadre de la première Fête du cinéma de Rome s’est tenu un important forum organisé par Media Consulting Group en partenariat avec Cinecittà Holding et le Festival de Rome. Environ 200 professionnels européens ont entendu les experts internationaux invités des cinq panels du Forum et ont pu échanger analyses, interrogations et expériences. Il a ainsi été examiné les particularités de l’industrie du cinéma en Europe, en soulignant d’une part sa richesse liée à la diversité culturelle et d’autre part, les changements profonds tant financiers que technologiques qui la traverse, tout en relevant que la révolution numérique changeait avant tout les comportements des consommateurs et qu’un nombre croissant de marchés de niche pouvait exister et offrir dans des conditions très économiques des programmes qui jusqu’alors avaient du mal à trouver leur équilibre sur les marchés traditionnels.
D’autres panélistes ont constaté que si le numérique ajoutait de la valeur à l’exploitation des oeuvres il n’en créait pas. Selon eux, le cinéma n’est pas rentré dans une spirale de low costproduction et les films destinés à la salle seront toujours de plus en plus chers sans compter l’accroissement des dépenses de marketing pour les sorties. Les producteurs sont rentrés dans un modèle économique intermédiaire où les modes de financement traditionnels sont de plus en plus insuffisants pour financer les films (moins d’argent des chaînes mainstream et de la distribution) et pas encore compensé par les apports des nouveaux médias (VOD et DSL). Ces nouveaux business models sont en train d’évoluer par les changements dans les choix des consommateurs en faisant coexister deux modèles économiques complémentaires, la télévision et les nouveaux modes de consommation individuels.
Évoquant des solutions pour l’avenir du cinéma, les panélistes ont avancé que la crise du modèle économique traditionnel de la production pourrait être en partie résolue par l’arrivée de fonds d’investissements et de nouvelles catégories d’investisseurs. Les représentants des fonds publics européens ont insisté sur le rôle dynamique de l’intervention publique : au niveau régional, l’action de la Région se développerait dans un registre large de soutien aux entreprises et aux activités, tandis qu’au niveau national les nécessités de l’intervention publique sans laquelle une bonne partie du cinéma européen n’existerait plus sans oublier les limites et les risques d’une intervention publique trop volontariste ont été avancés, de même qu’ont été exposées les logiques des synergies professionnelles, culturelles et politiques qui fondent l’action communautaire en complémentarité des actions entreprises par les états membres.
En conclusion, les panélistes ont tous fait preuve d’une grande confiance dans l’avenir du cinéma comme expression spécifique de la culture. Et si le cinéma n’est pas en crise, son mode de production en pleine mutation doit faire l’objet d’une attention spéciale pas seulement politique ou législative mais en tout cas innovante pour préserver son avenir.
Il convient également de souligner que cette question préoccupe bien d'autres gouvernements à travers le monde. C'est ainsi que le 20 novembre dernier, la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mme Line Beauchamp, a mandaté un expert pour proposer, à l’égard du cinéma québécois, un nouveau modèle d’affaires offrant des capacités additionnelles de financement tout en lui assurant stabilité et potentiel de développement. Cet expert devra éventuellement faire rapport à la ministre dès le premier trimestre de 2007 afin que ce nouveau modèle soit mis en œuvre au cours de l’exercice financier 2007-2008. Pour la ministre Beauchamp, « Il est impératif que le gouvernement du Québec se penche dès maintenant sur les défis que doit relever notre cinéma ». Elle est en effet persuadée que l'expert mandaté « pourra nous proposer des solutions structurantes et novatrices qui nous permettront de résoudre les problèmes de financement du cinéma québécois », a-t-elle ajouté.
· World Strategy and Finance for Cinema
· L’enregistrement intégral des débats en format mp3
· Communiqué du gouvernement du Québec