Excellences, Mesdames et Messieurs
De Tromso au port russe de Mourmansk, il y a 550 km à vol d’oiseau.
Jusqu’à Oslo, le trajet est deux fois plus long : 1 150 kilomètres, toujours à vol d’oiseau. Par la route, c’est plus long.
Je trouve que cet exemple illustre bien la raison pour laquelle le Conseil de l’Europe encourage la coopération transfrontalière et la création d’eurorégions dans différentes parties du continent. Concrètement, les collectivités locales et régionales de Tromso, en Norvège, de Lulea, en Suède, de Rovaniemi, en Finlande, et de Mourmansk, en Russie, ont de nombreux problèmes en commun ; et elles ont beaucoup à gagner à coopérer plus étroitement.
C’est tout particulièrement vrai dans des domaines comme la protection de l’environnement, la gestion des ressources naturelles, les politiques de santé et de jeunesse ou encore la culture, l'éducation et la recherche. Bien sûr, cette coopération doit passer en partie par les capitales nationales, mais si nous gardons en tête les distances en jeu – en fin de compte, Moscou, qui est à 1.500 km de Mourmansk, est encore plus loin –, alors il est évident que la coopération directe entre les collectivités territoriales est le moyen le plus adapté, le plus efficace et le plus efficient pour aller de l’avant.
L’objet de cette conférence est d’examiner le fonctionnement et l’apport des modes de coopération transfrontalière déjà en place dans la région de la Baltique et du Grand Nord. Nous nous interrogerons aussi sur ce que les collectivités locales et régionales peuvent faire d’autre pour améliorer la qualité de vie des gens qui vivent dans ces régions.
Personnellement, je suis convaincu que l’expérience du Conseil de l’Europe, ses instruments juridiques comme la Convention de Madrid sur la coopération transfrontalière et la plupart des travaux du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux peuvent alimenter très utilement ce débat et, peut-être, servir d'inspiration pour une future coopération transfrontalière dans cette région. Je pense aussi que le projet d’eurorégions du Conseil de l’Europe est particulièrement intéressant dans ce contexte.
Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe a lancé ce projet afin de s’attaquer aux problèmes posés par les mers semi-fermées et de les traiter grâce à une coopération plus étroite entre les collectivités locales et régionales qui bordent ces mers. Les écosystèmes des mers semi-fermées d’Europe sont de plus en plus fragiles et notre Congrès tenait à renforcer la coopération locale et régionale.
En clair, la création d'eurorégions aux abords des mers européennes est un outil qui doit permettre de réaliser une plus grande cohésion économique et sociale et de nouer des liens économiques et culturels plus étroits au niveau le plus proche des citoyens.
Il faut aussi ajouter que le Congrès a jugé qu’il était important de réunir des partenaires d’États membres de l’UE et d’États qui n’en font pas partie.
Le premier pas fait par le Congrès a été la création de l’Eurorégion adriatique, l’an dernier. Cette Eurorégion réunit les autorités locales, nationales et régionales jouxtant la mer Adriatique ; à ce jour, 22 entités en sont membres. Elle est appelée à devenir une structure permanente de coopération dans les domaines d’action revêtant une grande importance pour le développement du bassin. Elle travaille en étroite coopération avec d’autres institutions et organisations qui œuvrent pour le développement durable, le renforcement des liens culturels et l'intégration politique et économique.
Fort de cette première initiative, notre Congrès a lancé le projet de l’Eurorégion mer Noire. Nous avons répondu aux demandes des administrations locales et régionales du bassin de la mer Noire, qui étaient désireuses de s'attaquer ensemble à une série de problèmes qui se posent à la région et souhaitaient créer un canal de dialogue et d'échange d'informations et d'idées.
Les domaines dans lesquels une coopération est prévue sont notamment la protection de l’environnement – tout particulièrement la protection de la mer Noire et des fleuves qui s’y jettent, par la prévention des marées noires et du déversement des eaux usées –, l’investissement dans des énergies renouvelables, la gestion intégrée des zones côtières, le développement d’initiatives de cohésion sociale et interculturelle, les migrations ou encore la promotion commune du tourisme durable. Aussi longue soit-elle, cette liste n’est pas exhaustive des domaines dans lesquels une coopération peut être envisagée.
La création d’une structure eurorégionale pour la mer Noire donnera aux collectivités locales et régionales un cadre qui se prête à une coopération étroite. Les dernières étapes de la création de cette Eurorégion ont été examinées la semaine dernière, à la conférence internationale d'Odessa.
Ici, à Tromso, le Congrès va examiner les perspectives de coopération interrégionale entre la mer Baltique et le Grand Nord, mais je suis sûr que le président Skard vous en dira plus dans une minute. Cette réflexion s’appuiera sur notre expérience de l’Eurorégion adriatique et de l’Eurorégion mer Noire, ainsi que des formes de coopération déjà existantes en mer Baltique et dans le Grand Nord.
C’est une initiative passionnante et prometteuse et je tiens à remercier le Congrès, le gouvernement norvégien, l’association norvégienne des collectivités locales et régionales et, bien sûr, la ville de Tromso, qui nous accueille.
Si les idées qui seront avancées lors de cette conférence se concrétisent, les distances dans la région de la Baltique et dans le Grand Nord en seront réduites, peut-être pas sur la carte, mais très certainement dans la vie quotidienne des habitants de ce coin d'Europe, si beau et si fascinant.