Ref. :  000015423
Date :  2004-11-01
langue :  Français
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Tout à commencé à Porto Alegre…Mille forums sociaux ! / Bernard Cassen

Source :  GERM


Bernard CASSEN
Paris : Mille et une nuits, 2003. 220p.
ISBN : 2-842-05791-0


Résumé :

Cet ouvrage présente, chronologiquement, l’aventure des Forums Sociaux qui ont eu lieu dans presque toutes les régions du monde depuis le premier FSM (Forum Social Mondial) de Porto Alegre en 2001, jusqu’au FSE (Forum Social Européen) de Paris/Saint-Denis en 2003. Bernard Cassen, très impliqué dans la création du premier de ces forums, raconte avec minutie les préparatifs, les concertations, mais aussi les doutes et les questionnements qui ont jalonné la jeune existence du mouvement altermondialiste.


Commentaire critique :

Tout commence à Paris par une histoire de relations, d’amitiés même, entre Bernard Cassen et Ignacio Ramonet du Monde Diplomatique et deux visiteurs brésiliens ; Chico Whitaker et Oded Grajew. Dans leur volonté commune de s’opposer aux tenants du néolibéralisme, les acteurs de ce premier FSM ont tenu leur pari : « couler Davos ». Plutôt qu’au Nord, le forum se tient au Sud à Porto Alegre, plutôt que d’économie, on y parle de « social ». Désormais, les forums sociaux dépassent le cadre de l’opposition radicale « contre » dans lequel pouvaient se ranger les manifestations anti-mondialisation bloquant les sommets de Davos ou de Cancun, et s’inscrivent dans un cheminement dialectique aboutissant à l’affirmation désormais célèbre : « un autre monde est possible ».

L’auteur invite d’abord son lecteur dans les coulisses des différents moments des forums. Au risque de décevoir les « anciens » acteurs sociaux, les principes de fonctionnement du forum définissent sa structure comme un « espace » accueillant tous ceux qui se reconnaissent dans ces principes, et non pas un « mouvement » qui aurait pour objectif de formuler des actions précises. Edités sous la forme d’une charte (incluse à la fin du livre), ces principes ont quelque peu gêné les partis d’extrême-gauche, notamment italiens et anglais, qui auraient bien voulu contrôler un mouvement sans cesse grandissant. Forts d’une dynamique de croissance qui a surpris tout le monde, les différents forums ont également été l’occasion de célébrer une diversité culturelle en action. A Porto Alegre, l’espagnol est la langue dominante. Les organisations qui se précipitent dans ces nouveaux espaces de débats sont d’une diversité étonnante, gageure d’une réussite tout d’abord logistique.

L’autre mérite du livre de Bernard Cassen est de poser en termes clairs les limites de ce mouvement. La question du passage à l’acte est loin d’être réglée, si elle doit l’être. On comprend en effet que B. Cassen, s’il a pu s’exprimer régulièrement sur la nécessité de trouver un débouché politique au mouvement altermondialiste, ne propose dans ce livre aucune proposition directement concrète pour résoudre ce problème. Et si les représentants de la politique institutionnelle s’invitent de plus en plus nombreux, tant mieux, note Bernard Cassen. C’est en effet aux responsables politiques de reprendre en main les questions qu’ils ont abandonné à un fatalisme dicté par les institutions financières internationales. Quant à la question de l’absence des vraies victimes de « la mondialisation » de la base sociale du mouvement (« la question à 20 millions »), « elle relève davantage du politique que des mouvements sociaux », l’auteur signifiant par là que l’exercice de la politique citoyenne doit regagner en crédit.

Dans un style précis et clair, l’auteur ne s’affecte d’aucune complaisance à l’égard de ses détracteurs. Bernard Cassen est capable de faire l’autocritique du mouvement altermondialiste dont ATTAC (Association pour la taxe Tobin et d’action citoyenne) fait partie, car il est bien conscient des enjeux essentiels soulevés par ce militantisme nouveau. Si le mouvement altermondialiste veut rester une force vive de la contestation, il lui faudra garder sa capacité d’inclusion en résistant toutefois aux captations politiques. Enfin, on peut être gêné voire agacé par le ton de Bernard Cassen qui adopte la position de celui qui sait face à ceux qui voudraient bien savoir mais qui se trompent forcément. Difficile pourtant de lui en vouloir puisqu’il sait évidemment décrypter les forums sociaux, forums qui suscitent tant de polémiques, d’agitation, mais aussi d’enthousiasme dans les esprits de ceux qui refusent un monde capitaliste globalisé .


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