« Coupable de blasphème ». Le gouverneur de Djakarta, M. Basuki Tjahaja Purnama, couramment appelé Ahok, a été condamné à deux ans de prison ferme pour ce délit, bien inscrit à la Constitution mais très contesté au sein d’une Indonésie qui se veut séculaire. Pas de tergiversations, le gouverneur est emmené vers la prison de Cipinang, à l’est de la capitale, dès sa sortie du tribunal. Les images d’Ahok en chemise batik bleue (de tradition indonésienne) montant dans le fourgon de police le bras levé, affichant de ses doigts le signe de paix, renforcent la sidération des progressistes indonésiens. Nul ne s’attendait à un tel dénouement. Le procureur lui-même n’avait requis qu’un an de prison avec sursis. La veille, plusieurs de nos interlocuteurs nous mettaient en garde contre les fondamentalistes religieux, réunis devant la Cour de Djakarta nord pour réaffirmer leurs menaces de « chaos » si le tribunal se montrait trop clément. Il faut dire qu’ils ont déjà montré un certain savoir-faire en la matière…