Traitement contre le SIDA : une urgence sanitaire mondiale qui appelle une action immédiate
On ne peut plus continuer comme avant
Le fait que des millions de personnes dans le monde n’aient pas accès au traitement antirétroviral contre le SIDA crée une situation d’urgence mondiale. Il existe pourtant des médicaments qui permettraient de soigner les malades pour un dollar par jour, voire moins, mais ceux qui ont besoin de ces médicaments n’y ont pas accès.
Quelque six millions d’habitants de pays en développement souffrent d’une infection à VIH qui nécessite un traitement antirétroviral. Or moins de 300 000 d’entre eux en bénéficient. En Afrique subsaharienne, où vivent la plupart des malades concernés, seuls 50 000 sont sous traitement.
Cette urgence sanitaire mondiale appelle une action immédiate. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) va s’employer avec l’ONUSIDA et ses autres partenaires à prendre des mesures d’urgence en faisant fond sur l’expérience qu’elle a acquise par ses interventions rapides dans des situations d’urgence complexes en Afghanistan, au Libéria, en Irak, et lors de la flambée de SRAS.
« Pour offrir un traitement antirétroviral aux millions de personnes qui en ont besoin, nous devons changer notre façon de voir et notre façon d’agir, a déclaré le Dr Lee Jong-wook, Directeur général de l’OMS. On ne peut plus continuer comme avant. Continuer comme avant, c’est laisser mourir des milliers de personnes tous les jours. »
L’OMS mettra des équipes d’intervention d’urgence à la disposition des pays les plus durement touchés par le VIH/SIDA dont le gouvernement en aura fait directement la demande. Composées d’experts du traitement contre le SIDA travaillant pour des organisations internationales et non gouvernementales, ces équipes collaboreront avec les gouvernements pour trouver les moyens de fournir au plus vite des médicaments antirétroviraux à ceux qui en ont besoin.
L’OMS a déjà entrepris :
- de rédiger des directives techniques simplifiées préconisant des médicaments en associations fixes, des examens de laboratoire de base et des protocoles thérapeutiques plus simples ;
- de mettre sur pied un dispositif mondial d’approvisionnement en médicaments contre le SIDA et en produits diagnostiques pour aider les pays en développement à se procurer des antirétroviraux de qualité ;
- d’organiser une formation rapide pour les milliers d’agents de santé qui seront chargés d’administrer le traitement ;
- de déterminer le coût du projet, combien il manque pour le financer et les mesures à prendre pour réunir les fonds manquants, au nombre desquelles des stratégies énergiques de sensibilisation afin de mobiliser des ressources nationales et internationales.
Trois millions de personnes sous antirétroviraux d’ici à 2005
Aujourd’hui, l’OMS et l’ONUSIDA renouvellent l’engagement qu’ils ont pris d’atteindre un objectif ambitieux, l’objectif « trois millions d’ici 2005 », à savoir fournir des médicaments antirétroviraux à trois millions de personnes d’ici la fin de 2005.
Si l’on cumule tous les programmes existants, moins d’un million de personnes d’ici la fin de 2005 bénéficieront du traitement antirétroviral dont elles ont besoin.
L’OMS, l’ONUSIDA et leurs partenaires sont en train de mettre au point une vaste stratégie à l’échelle mondiale pour atteindre l’objectif fixé. La stratégie sera présentée en détail le 1er décembre prochain, lors de la Journée mondiale du SIDA.
« On aurait tort de sous-estimer l’ampleur du problème : 99% environ des séropositifs qui ont aujourd’hui besoin d’un traitement contre le VIH en Afrique subsaharienne en sont privés, a déclaré le Dr Peter Piot, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. Mais le traitement contre le SIDA n’est pas une intervention ponctuelle, c’est un engagement à long terme. Les ressources et la volonté politique doivent donc augmenter considérablement et durablement, y compris dans les pays gravement touchés. Surtout, il faut incorporer le traitement dans des plans d’urgence de portée plus générale en matière de prévention et de soins, sinon nous n’avons aucune chance de renverser le cours de l’épidémie de SIDA. »
Tous unis pour réussir
De concert avec l’ONUSIDA et d’autres partenaires, l’OMS dirige l’action menée face à cette urgence sanitaire mondiale et engage les gouvernements, les donateurs, d’autres organisations internationales, des organisations non gouvernementales, les personnes vivant avec le VIH/SIDA et les entreprises pharmaceutiques à unir leurs efforts pour fournir des médicaments antirétroviraux aux millions de gens qui en ont besoin de toute urgence.
« Les pays ne peuvent pas payer ces médicaments sans une aide extérieure, explique le Dr Richard Feachem, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds mondial a été créé pour aider à financer ce type de projet à grande échelle. Nous voulons qu’on nous demande de financer des projets ambitieux destinés à aider ceux qui ont besoin d’un traitement. »
Le traitement du SIDA en quelques mots
Plus de trois millions de personnes sont mortes du SIDA en 2002, soit plus de 8000 personnes par jour ou une personne toutes les 10 secondes.
Sur les 42 millions de personnes actuellement porteuses du virus, cinq à six millions ont immédiatement besoin d’un traitement antirétroviral car elles sont dans un état grave.
Actuellement, seulement 300 000 personnes dans les pays en développement sont sous traitement antirétroviral. En Afrique, moins de 50 000 personnes ont accès aux antirétroviraux.
De nombreux groupes ont montré qu’il était possible de fournir des antirétroviraux aux pays pauvres avec une efficacité et des avantages comparables à ceux observés dans les pays riches.
Vu les tendances actuelles et en tenant compte de tous les programmes en cours et de tous les fonds donnés à cette cause, moins d’un million de personnes bénéficieront d’antirétroviraux d’ici la fin de 2005.
Le coût des antirétroviraux a nettement diminué et, dans certains des pays les plus pauvres du monde, le traitement est disponible pour moins d’un dollar par jour, voire moins.