«L'heure est venue de nous engager dans une nouvelle réflexion, créative et à long terme, si nous voulons que notre travail réponde aux vrais besoins des agriculteurs et des consommateurs du monde entier. Nous sommes les deux plus grands acteurs du commerce mondial; il nous appartient donc de rechercher la convergence dans nos approches des négociations. L'Europe y est prête.»
«Cela ne suffira pas, a toutefois ajouté M. Fischler, pour garantir le succès du cycle de Doha. En effet, un compromis ne se conçoit et ne se fera que si les pays en développement sont convaincus d'avoir été traités équitablement. De même, la participation de tous les membres de l'OMC est essentielle pour le succès de Cancun.
Du côté européen, nous avons montré que nous sommes prêts à faire les concessions et les sacrifices nécessaires pour contribuer à donner corps au cycle de Doha. Ces efforts ne porteront leurs fruits que si nos partenaires commerciaux se montrent eux aussi disposés à jouer le jeu plutôt que de s'arcbouter sur des positions extrêmes. Or, j'ai été déçu, jusqu'ici, du peu de souplesse constaté dans d'autres camps.»
M. Fischler a souligné que la récente réforme de la politique agricole commune (PAC) de l'Union européenne démontrait la détermination de l'Europe à mettre de l'ordre dans ses affaires agricoles tout en avançant dans la voie de la libéralisation multilatérale. Il a aussi fait valoir qu'avec les réformes de la PAC menées en 1992 et 1999, l'Union européenne s'était fermement engagée dans la réduction des aides intérieures entraînant des distorsions des échanges, et que cette politique lui avait en outre permis de comprimer significativement les subventions à l'exportation.
«La toute dernière réforme, celle de juin 2003, est encore plus radicale, puisqu'elle opère un découplage entre la production et une grande partie des subventions agricoles, avec en corollaire d'importantes réductions des prix de soutien. L'Union européenne sera ainsi à même d'avancer dans un ambitieux programme visant, dans le cadre du cycle de Doha, à tailler dans les aides intérieures entraînant des distorsions des échanges et dans les subventions à l'exportation, ainsi qu'à réduire les droits de douane.
«Les résultats attendus se situent donc clairement dans une logique de réforme pleinement cohérente vis-à-vis de l'engagement pris par tous les acteurs de l'OMC, États-Unis et Union européenne compris: abandonner les pratiques porteuses de distorsions des échanges. Du côté de l'Union européenne, nous avons fait bouger les choses (et avancé vers la réalisation des objectifs de Doha bien avant qu'ils ne soient même écrits!). Il est temps que les autres parties fassent de même.
M. Fischler a par ailleurs démonté le mythe selon lequel la politique agricole de l'Europe nuirait aux pays en développement: «présenter l'Union européenne comme une forteresse inaccessible aux produits agricoles du monde en développement sert peut-être certains intérêts pernicieux, mais c'est une pure fiction. En réalité, l'Union européenne est de loin le plus grand importateur de produits agricoles en provenance du monde en développement, dont la plupart bénéficient de droits à taux zéro ou extrêmement réduits. Avec un total de 36 milliards d'euros, l'Union européenne importe en effet plus de produits agricoles venus des pays en développement que les États-Unis, le Canada, l'Australie et le Japon réunis. Quant aux droits de douane dont nous frappons les importations agricoles, ils se situent en moyenne autour de 10 %, chiffre bien modéré qui nous permet de soutenir honorablement la comparaison avec n'importe quel pays à la table de négociations de l'OMC.»
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