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Date :  2018-07-03
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Des eurodéputés volent au secours des interprètes au Parlement européen

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"Je ne suis pas un robot", 21ème jour de grève des interprètes au Parlement européen


Les interprètes du Parlement européen sont en grève, mais réquisitionnés en cas de session. Le 3 juillet, des eurodéputés sont venus les soutenir en coupant les micros durant 30 minutes.

Pour la première fois depuis 20 ans, les interprètes du Parlement européen sont en grève. Un problème dans cette institution où se côtoient 24 langues officielles. Leur grève est d’ailleurs un tel handicap pour le Parlement depuis 29 jours, que l’administration les réquisitionne quand même et les menace de sanctions disciplinaires. Et ce, au détriment de leur droit de grève.

« Le pouvoir de nuisance des interprètes est assez faible puisque on ne nous autorise pas à faire grève. Tous les soirs on reçoit une lettre de réquisition des ressources humaines », explique une interprète du Parlement, sous couvert d’anonymat.

Le mardi 3 juillet, alors que la séance plénière venait de débuter à Strasbourg, un groupe d’eurodéputés dont les Français José Bové (Verts), Isabelle Thomas et Édouard Martin (S&D), a coupé les micros pour mettre fin à la traduction et ainsi interrompre les débats en signe de soutien à la grève des interprètes.

« Nous n’en savions rien, nous avons été surpris comme les autres, mais nous sommes ravis de ce qu’il s’est passé », a indiqué une source syndicale citée par l’AFP, parmi les interprètes.




« Ce n’est pas normal […] jamais on aurait fait ça si Madame Merkel ou Monsieur Macron avaient été là », a commenté Jean-Claude Juncker, présent dans l’hémicycle.

Antonio Tajani, le président du Parlement européen, qui était en train de féliciter le Premier ministre bulgare au moment de l’interruption a rebondi sur ce commentaire, en s’exprimant dans la langue de Molière : « je suis d’accord avec vous, car c’est inacceptable de bloquer le travail du parlement. » Il a par ailleurs regretté que les eurodéputés aient voulu « jouer un rôle de syndicaliste ». « Les discussions sont entre les interprètes et l’administration, il ne leur appartenait pas d’intervenir », a-t-il conclu devant l’hémicycle.

« On a un pouvoir assez réduit, c’est bien que les députés européens, qui sont des hommes politiques, car c’est un problème politique, ce soit emparés du sujet. Mais le rapport de force est tellement déséquilibré en faveur du PPE au Parlement, que les eurodéputés socialistes devraient prendre des mesures encore plus lourdes », estime l’interprète du Parlement.

Exercice d’équilibriste

Les 300 fonctionnaires et 1 800 agents externes du Parlement européen représentent le plus grand service d’interprétation au monde. Les interprètes, qui jonglent avec les 24 langues officielles, rendant donc possible 552 combinaisons linguistiques au total, jouent un rôle clé pour que les eurodéputés se comprennent et communiquent.

Leur salaire est confortable, mais à la hauteur des exigences de ce métier, disent-ils. Mais leurs revendications portent sur leurs conditions de travail : ils veulent limiter le temps en cabine à 7h30 par jour, contre les 8 heures réclamés par le Parlement.

« On ne demande pas d’augmentation de salaire, on ne demande pas grande chose si ce n’est que le dialogue social soit respecté », commente l’interprète, avant de préciser que le temps de travail dans les autres organisations est de six heures. « Le Parlement a tendance à demander de plus en plus aux interprètes alors que c’est un exercice de plus en plus complexe rapide et technique, cette tendance nous fait peur. »

Le métier est de fait stressant : l’interprète doit écouter ce qui est en train d’être dit, analyser le ton, le contenu du message, parler en même temps en retranscrivant le message dans sa langue maternelle, le tout en écoutant la suite du discours. En moyenne, un interprète de conférence travaille de manière consécutive par tranches d’une demi-heure tant la concentration demandée durant ce laps de temps est extrême.

« Avant les débats étaient spontanés, maintenant les eurodéputés préparent leur intervention et lisent à toute vitesse, les débats du parlement ne sont presque plus oraux », explique l’interprète.

Et le travail ne s’arrête pas là puisque l’interprète complète son temps passé en cabine par un travail de préparation des réunions techniques, de recherche, de compilation de vocabulaire spécialisé. Bref la journée de 8 heures peut vite se transformer en journée de 12 heures.

« Les langues officielles ont doublé et les interprètes ont relevé le défi mais leur nombre a diminué d’un quart. La direction impose de nouvelles règles : plus d’heures et moins de repos entre les prestations », s’indigne quant à lui le Syndicat des fonctionnaires internationaux et européens (SFIE).

« L’UE veut faire la championne des droits sociaux, elle adopte des textes législatifs qui demandent aux entreprises de respecter le dialogue social, le temps de repos, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, mais elle ne les respecte pas avec ses propres travailleurs, alors quelle crédibilité donne-t-elle ? », s’inquiète l’interprète du Parlement.

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