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Date :  2017-01-11
langue :  Français
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Masdar city, une éco-cité au milieu du désert

Source :  Le Pave Blog

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par Sarah Bénard


L’écocité Masdar city est située aux Emirats Arabes Unis à 20 km d’Abou Dhabi. Elle est un véritable oasis de technologies. Tel un mirage, elle prend naissance dans l’univers hostile et difficile à apprivoiser qu’est le désert. Le but : créer une ville autosuffisante en prévision de l’épuisement des ressources pétrolières. Des bâtiments plus innovants les uns que les autres y voient le jour. Un campus initial dédié à la recherche scientifique, mais qui devrait devenir un jour une véritable ville, abrite la célèbre université IST (Institut des sciences et des technologies), des sièges d’entreprise, des start-up, des logements – encore inhabités pour la plupart – et des commerces. Chaque jour, étudiants comme chercheurs expérimentent la ville de demain. Le soir, à l’inverse, Masdar a des allures de ville fantôme et les quelques étudiants qui y résident se couchent tôt pour être le plus performant possible au travail le lendemain. L’avenir repose peut-être sur leurs épaules si l’on veut sauvegarder notre planète.

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Masterplan de la future ville de Masdar

Dix ans après sa conception par le cabinet d’architecture Norman Foster, la construction devait arriver à terme en 2016. Suite à la crise économique de 2008, les Emirats Arabes Unis ont dû repousser la livraison à 2030. Par ailleurs, la difficulté des conditions de travail avait été sous-estimée. La chaleur et le Shamal – vent soufflant à 80 km/h et provoquant des tempêtes de sable – ont ralenti l’avancé des travaux.
Des imprévus ont également contribué au retard du chantier. En creusant les fondations, des nappes d’eau salée situées sous le sable en profondeur ont été détectées, empêchant l’utilisation d’un béton basique à cause de la corrosion. Un alliage de béton et d’acier recyclé – premier exemple du caractère durable du chantier – a été créé, rendant le béton moins poreux donc moins exposé à la corrosion. Ces erreurs et ces essais, les problèmes et les solutions trouvées ont permis de grandes innovations.

La ville de Masdar est conçue sur plusieurs principes architecturaux qui, souvent, font référence aux techniques ancestrales des villes traditionnelles. En totale opposition avec Abou Dhabi, Masdar a été dessinée sur le modèle de la médina. Les rues étroites et courtes permettent aux bâtiments de se faire de l’ombre mutuellement et de préserver la fraîcheur. Pour libérer et réduire les rues, la circulation rapide a été placée au niveau inférieur, faisant de Masdar une ville entièrement piétonne. Pour cela, elle est surélevée de 7 m et posée sur une plateforme laissant circuler la brise. Les transports ont eux aussi été repensés, il s’agit de voiturettes électriques et automatiques circulant sous la plateforme et desservant les futurs quartiers de la ville. Ces “mini-métros” individuels fonctionnent avec un guidage magnétique et des radars évitant toute collision.

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Première station de métro à Masdar

Le second élément caractéristique des villes traditionnelles est la tour à vent. Le principe est simple : en ouvrant un seul côté supérieur de la tour – celui d’où provient le vent – l’air s’engouffre dans la tour et se diffuse au rez-de-chaussée. La tour à vent de Masdar a été modernisée par l’ajout d’un brumisateur qui apporte un supplément de fraîcheur.
En façade, on retrouve le système des moucharabiehs qui laissent passer la lumière sans faire entrer la chaleur. La courbe du soleil a fait l’objet d’une étude attentive pour chaque bâtiment afin de placer des persiennes empêchant l’exposition directe au soleil.

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On peut finalement en déduire que l’éco-système existait bien avant l’utilisation du pétrole lui-même et que malgré les avancées technologiques, on en est revenu aux principes de l’architecture vernaculaire.

Marc Gossé, architecte et urbaniste, parle de la Médina :

«Les grands principes du développement durable y sont présents – bien avant l’adoption de ce concept à Rio – à savoir : un écosystème subtil et abouti entre nature et urbanisation, une capacité d’adaptation étonnante de la morphologie et des typologies architecturales, une économie d’énergie par la limitation de la mobilité polluante des automobiles et la densité du bâti, un processus participatif et une gestion conviviale des espaces urbains, des systèmes de solidarité et une pratique de l’égalité de statut entre personnes et représentations symboliques spatiales, qui tous ne demandent qu’à être encouragés, réactivés ou réinterprétés, contre un modèle urbain « générique » porté par l’ultralibéralisme moderniste mondialisé, qui génère la destruction de l’environnement, du lien social et de la diversité culturelle.»

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Au centre : la tour à vent de Masdar

En plus des panneaux solaires placés sur les toits de chaque bâtiment, d’immenses champs de panneaux photovoltaïques ont été installés pour subvenir aux besoins de la cité. Le problème qui n’avait pas été décelé au préalable est celui du sable qui se dépose sur les miroirs et en réduit l’efficacité. Aujourd’hui, l’enjeu des scientifiques est de trouver un nouveau matériau anti-adhérent.
Masdar comprendra la plus grande centrale solaire au monde. Plus performante que les panneaux solaires, elle permet d’utiliser, non pas la lumière, mais la chaleur du soleil, ne nécessite ainsi pas de batterie polluante pour stocker l’énergie : la chaleur du soleil chauffe de la vapeur d’eau à très haute température et celle-ci actionne une turbine produisant de l’électricité.

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Centrale solaire de Masdar

Le nom arabe Masdar signifie « source ». Au delà de la source d’innovations qu’elle représente, elle est une véritable source de revenus. Tout est pensé en terme de recettes, jusqu’au recyclage des déchets qui sont revendus (chutes de métaux, bois transformé en copeaux). C’est de l’écologie économique, en opposition totale avec le reste du pays où l’eau est largement gaspillée, où la climatisation tourne nuit et jour et où les voitures de grosses cylindrées circulent sur de larges avenues étouffantes… C’est tout un pays et un mode de vie qui est ici revu. L’énorme chantier de Masdar anticipant la fin du pétrole est financé par un géant des hydrocarbures. Un renversement de situation qui peut être perçu comme du greenwashing ou une compensation à la consommation actuelle de CO2, mais qui est en réalité du business. Les Emirats Arabes Unis se préparent à assurer leur suprématie, non plus sur l’or noir, mais sur le rayonnement solaire.

Références

-Articles web
http://www.lemonde.fr/grands-formats/visuel/2016/02/29/au-milieu-du-desert-le-mirage-de-masdar_4873704_4497053.html

https://www.letemps.ch/sciences/2015/02/16/masdar-city-reves-mirages-une-ville-verte-milieu-desert

-Vidéos documentaires
https://rutube.ru/video/c5156f866cf65c2b36a4e4cc6951d31e/


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