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Date :  2002-09-02
langue :  Français
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Pour un Pacte Nord-Sud

Sommet mondial sur le développement durable


Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Voici un an, des terroristes brisaient des vies et jetaient à terre de magnifiques symboles de notre civilisation. Ils n'ont pas réussi pour autant à faire vaciller nos valeurs ni à fléchir notre détermination à les défendre et à les perpétuer. Ils n'ont pas davantage ébranlé notre foi dans la coopération multilatérale.

Celle-ci a remarquablement progressé au cours de ces dernières années: les conférences de Doha, sur les échanges, et de Monterrey, sur le financement du développement, ont indéniablement été couronnées de succès et le Fonds mondial pour la santé, que nous avons lancé pour lutter contre les maladies transmissibles, est d'ores et déjà opérationnel.

Ici, à Johannesburg, nous devons viser plus haut, en nous employant à davantage faire reculer la pauvreté et à porter un coup d'arrêt à la destruction de notre environnement. Nous n'avons d'autre option que d'agir tous ensemble.

Nos opinions publiques hésitent face à la mondialisation. Elles savent que la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des hommes apporte la prospérité à nos économies. En même temps, elles s'inquiètent des inégalités croissantes, des atteintes à notre environnement et de l'instabilité des marchés financiers.

Les citoyens du monde attendent de nous des réponses. Nous ne devons pas les décevoir. Nous devons leur montrer que nous sommes capables de maîtriser collectivement la mondialisation, de redonner espoir aux plus pauvres et de préserver les ressources et la beauté de notre planète.

Je ne connais pas de plus grand défi que celui-ci. En ma qualité de Président de la Commission européenne, et en me fondant sur l'expérience acquise par l'Europe au cours de la dernière moitié de siècle, j'entends envoyer à cette conférence un message de détermination et de solidarité.

La détermination que nous, Européens, avons montré dans la recherche de l'intégration de l'Europe, guidés par les principes des droits de l'homme, de la démocratie et de l'État de droit.
La solidarité, qui étendra notre zone de prospérité et de stabilité à près de 80 millions de nouveaux citoyens de l'Union européenne. Dans ce même esprit, nous tenons à promouvoir la paix et le développement par-delà nos frontières, en particulier en Afrique et sur le pourtour méditerranéen.

Peu de progrès ont été enregistrés depuis le Sommet de Rio, il y a dix ans. Pauvreté de masse, malnutrition générale et manque d'eau potable restent d'actualité. L'analphabétisme continue de sévir et les maladies transmissibles font d'innombrables victimes.

Pourtant, au Sommet du Millénaire, nous nous étions fixés des objectifs ambitieux en matière de lutte contre l'extrême pauvreté, des objectifs que nous pouvons et devons atteindre. Il importe que le Sommet auquel nous participons actuellement définisse les moyens concrets d'y parvenir et assortisse ces objectifs de calendriers contraignants.

Notre environnement souffre et les pauvres de ce monde sont les plus durement touchés par les ouragans, les sécheresses, les inondations, la dégradation du sol et la désertification.

D'ici cinquante ans, notre planète comptera neuf milliards d'habitants et la production mondiale aura quadruplé. Il nous faut, en conséquence, rompre le lien entre croissance économique et détérioration de l'environnement.

L'Union européenne, qui a déjà signé et ratifié le Protocole de Kyoto, est convaincue de sa pertinence. Nous espérons que les ratifications qui devraient bientôt être annoncées permettront de mettre cet instrument sur les rails. Nous pourrons alors engager le combat contre les gaz à effet de serre et le réchauffement de la planète.

Le fossé sans cesse plus profond entre le Nord et le Sud doit être notre nouvelle frontière, notre nouveau défi. Nous nous sommes débarrassés d'un mur en Europe et il n'est pas question pour nous d'en accepter un autre, séparant le monde en deux parties.

Nous sommes réunis ici, à Johannesburg, pour forger un nouveau pacte entre le Nord et le Sud, fondé sur la confiance et sur notre objectif commun de développement durable. Ce pacte a trait à la croissance, au développement, à la durabilité et à la solidarité.

La croissance a besoin des échanges et de l'investissement. Les marchés de l'Union européenne sont ouverts, largement ouverts même, notamment aux pays en développement, d'où nous importons chaque année pour plus de 400 milliards d'euros.

À Doha, nous avions pris des engagements extrêmement clairs et détaillés. Je tiens à répéter ici que nous sommes disposés à négocier de manière constructive, sur la base de l'Agenda de Doha, pour ouvrir davantage encore les marchés.

Nous reconnaissons l'importance de l'agriculture pour les pays en développement et admettons que la diminution des droits de douane ne suffit pas. Il est nécessaire également de réduire substantiellement toutes les formes de subventions à l'exportation, ainsi que les aides internes, qui ont un effet de distorsion sur les échanges.

Les propositions en matière d'agriculture et de pêche récemment présentées par ma Commission à nos États membres sont la preuve de notre engagement. Nous proposons de mettre un terme à la réduction des ressources halieutiques. En cela, nous saluons l'objectif fixé ici, à Johannesburg, qui vise non seulement à stopper le déclin de ces mêmes ressources, mais à assurer leur durabilité. Nous proposons aussi de modifier notre politique agricole, en donnant la préférence au développement rural par rapport aux aides à la production.

L'action de l'Europe en matière d'aide au développement est inégalée. Les investissements de nos entreprises dans les pays en développement sont de très loin les plus importants: près de 70 % du total mondial en 2000. Mais nous pouvons faire bien plus encore si nous unissons nos efforts.

C'est pourquoi je plaide en faveur d'une amélioration des conditions d'accueil et de protection des investissements dans le tiers monde. C'est pourquoi aussi nous voyons dans cette conférence l'occasion d'associer les entreprises privées aux donateurs publics et aux bénéficiaires dans nos grandes initiatives sur l'eau et l'énergie.

Monsieur le Président,

Le pacte que je présente aujourd'hui repose sur la reconnaissance commune des valeurs fondamentales de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l'intégration sociale.
Pour être efficace, cet appel à la bonne gouvernance doit aller de pair avec des formes tangibles de solidarité.

Au printemps dernier, à Monterrey, nous avons pris l'engagement supplémentaire de faire passer notre aide au développement à 0,39 % du PIB d'ici 2006, ce qui servira de tremplin vers l'objectif de 0,7 % que nous nous sommes assignés.

Je réaffirme aujourd'hui que nous honorerons notre engagement et veillerons à sa mise en œuvre. Je sais que ce n'est pas encore assez. Nous devons faire plus dans l'avenir. Pourtant cela nous permettra de dégager d'importantes recettes supplémentaires en faveur du développement durable: 22 milliards d'euros d'ici 2006 et des flux annuels supplémentaires de 9 milliards d'euros après cette date. Ces fonds iront en priorité à des projets relatifs à l'eau, à l'énergie, à la production alimentaire, à l'éducation et à la santé.

Les pays industrialisés doivent montrer l'exemple et mettre au point des modèles de production et de consommation menant à un avenir durable. Mais nous pouvons tous apporter notre pierre à l'édifice.

Il nous faut pour cela tirer parti de nos capacités de recherche, partager notre expérience et nos technologies. Un programme de travail sur dix ans devrait grandement contribuer à canaliser nos énergies.

Demain, nous dévoilerons une importante initiative sur l'eau concernant nos partenaires d'Afrique et des Nouveaux États indépendants. En fournissant de l'eau à des millions d'Africains, cette initiative permettra, d'ici 2015, de réduire de moitié le nombre de personnes ne disposant pas d'une eau potable de qualité et de conditions d'hygiènes adéquates.

Nous souhaitons aussi encourager la coopération en matière de cours d'eau et de lacs internationaux, afin que l'eau devienne un facteur de paix plutôt qu'une source de conflits et de guerres.

L'eau potable est une priorité essentielle pour l'Union européenne, car le fait que le cinquième de l'humanité n'y ait pas accès est la première cause de mauvaise santé et de sous-développement. Le manque d'eau prive des centaines de millions d'hommes et surtout de femmes de leur énergie, de leur temps et, en définitive, de leur dignité.

Cela vaut également pour l'énergie. Nous avons déjà lancé une initiative en partenariat visant à améliorer l'accès aux services énergétiques. Pour dire les choses simplement, on ne peut avoir de développement, d'écoles, de cliniques ni d'usines sans un accès effectif à l'électricité.

Enfin, puisque nous sommes sur le sol africain, j'aimerais réaffirmer l'engagement actif de l'Europe en faveur de ce continent.

À Monterrey, j'avais mis l'accent sur l'intention de la Commission d'apporter tout le soutien possible à l'Afrique et au nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, lancé par des leaders respectés et courageux du continent. Le plan d'action adopté par le G 8 à Kananaskis était un premier pas dans cette direction et je veux que vous sachiez que la Commission européenne y apportera sa contribution et fera en sorte que la Communauté Internationale fasse encore plus.

Notre partenariat avec l'Afrique sera renforcé par la Convention de Cotonou, qui liera l'Union à plus de 80 États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Quelque 13,5 milliards d'Euros supplémentaires iront au développement de ces pays au cours des cinq ans à venir. La Convention permettra d'améliorer les relations commerciales entre Europe et Afrique.

Les négociations sur les accords commerciaux régionaux débuteront en octobre. Nous ne manquerons pas de saisir l'occasion qui nous est donnée d'ouvrir davantage encore nos marchés et de renforcer l'intégration régionale entre pays africains.

Permettez-moi à cet égard d'insister une fois de plus: l'Afrique reste plus que jamais très haut dans l'agenda de l'Union européenne.

Monsieur le Président,

Il nous appartient à tous de faire en sorte que cette conférence entre dans les annales en matière de coopération multilatérale. Nous devons tirer les leçons de l'histoire et avoir bien conscience des risques qu'un échec ferait courir à la stabilité et à la paix mondiales. Nous pouvons relever le défi en réduisant la pauvreté et en préservant notre planète.

Ici, à Johannesburg, nous devons montrer que nous voulons et pouvons faire le bon choix. Vous pouvez compter sur l'engagement total de l'Union européenne et de la Commission que je conduis.

Merci.


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