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Date :  2017-05-11
langue :  Français
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Fin de cycle, fin de partie ?
Bilan du virage à gauche latino-américain

Assiste-t-on à la fin du virage à gauche latino-américain ? Quel bilan en tirer ? Un modèle alternatif de développement a-t-il émergé ? La réponse divise profondément les mouvements sociaux et renvoie à deux visions antagonistes.


Le « tournant à gauche » de l’Amérique du Sud est-il en train de prendre fin ? La vague de changements de gouvernements, initiée par l’arrivée au pouvoir, en 1999, de Hugo Chavez, au Venezuela, suivie, en 2003, par Lula au Brésil, et Kirchner en Argentine, puis – dans l’ordre chronologique –, par Vasquez en Uruguay (2004), Morales en Bolivie (2006) et Correa en Équateur (2007), vient-elle buter ces dernières années sur l’essoufflement de ces régimes et la chute des prix des matières premières sur le marché international ?

Malgré les spécificités de chacun de ces contextes nationaux, les gouvernements issus de ce « virage à gauche » – « virage à géométrie variable certes, partiel aussi, atypique, multiple, conjoncturel, limité, réversible..., mais virage effectif tout de même et inédit » [1] – peuvent être qualifiés de régimes post-néolibéraux. Ceux-ci, en effet, ont tenté de tourner la page de l’hégémonie néolibérale, qui sévissait sur le continent depuis au moins la décennie 1980 ; priorité a été donnée à la lutte contre la pauvreté et à l’accès aux services publics (d’abord en matière de soin et d’éducation). Cela s’est traduit par un retour de l’État et un redéploiement diplomatique sur la scène régionale, voire mondiale, ainsi qu’une réaffirmation de la souveraineté nationale ; affirmation souvent articulée, au niveau international, avec la mise en avant d’une coopération Sud-Sud [2] .

Or, ce « tournant à gauche » s’est opéré et s’est développé dans une conjoncture particulière : celle du boom des matières premières et de « l’émergence » de la Chine sur le marché mondial, qui a catalysé ce boom [3] . Avec le ralentissement de l’économie chinoise et la chute des prix des matières premières, semble s’opérer la fin de ce cycle. Achèvement d’un cycle économique qui coïncide avec la crise politique, qui secoue depuis quelques mois le Brésil et le Venezuela, couve en Équateur et en Bolivie – où les présidents arriveront aux termes de leurs mandats (sans pouvoir se représenter), respectivement, en 2017 et 2019 –, et qui a consacré le retour de la droite au pouvoir en Argentine. Assistons-nous dès lors au terme d’une phase historique ?

Cette question fait l’objet d’un débat intense sur le continent (et ailleurs), où se mêlent l’analyse du bilan de ces expériences gouvernementales et les perspectives qui se dégagent pour l’avenir [4]. Nous voudrions proposer ici une synthèse des discussions en cours, sous l’angle du néo-extractivisme et de la transition ; à savoir la rupture – commencée ou non – avec la matrice extractiviste de ces pays. Nous nous centrerons pour ce faire sur les quatre cas les plus emblématiques de ce tournant post-néolibéral : le Venezuela, le Brésil, la Bolivie et l’Équateur.

Néo-extractivisme « progressiste »

Par extractivisme, nous entendons, dans la lignée des travaux d’Eduardo Gudynas, un mode d’accumulation basé sur la surexploitation des ressources naturelles, non ou peu transformées, et destinées principalement à l’exportation. En ce sens, il comprend l’extraction minière aussi bien que la production de pétrole et les monocultures de soja [5] . Le développement historique du continent latino-américain, son insertion dans l’économie mondiale s’inscrivent, par le biais de son modèle primo-exportateur traditionnel, dans cette logique. Mais la nouveauté réside dans le renforcement de cet extractivisme et dans la forme originale – « progressiste » – qu’il a revêtue dans les pays passés à gauche.

Ainsi, depuis le début de ce millénaire et sur une période d’une dizaine d’années, le monde a connu un cycle de hausse constante de la demande de matières premières et des prix, largement alimenté par la croissance chinoise. Cela a entraîné, sur tout le continent et indépendamment de la couleur politique affichée par les gouvernements en place, un boom des exploitations (et des exportations) de pétrole, de gaz, de minerais et de soja, et donc, en retour, des rentrées massives de devises dont l’ensemble de ces pays ont profité. Cependant, cet extractivisme a pris une forme particulière au sein des gouvernements post-néolibéraux : il s’est caractérisé par le rôle central joué par l’État, qui exerce un contrôle majeur – pouvant aller jusqu’aux « nationalisations » des ressources (les exemples les plus connus sont ceux des secteurs pétroliers et gaziers en Bolivie [6] , en Équateur et au Venezuela) –, une captation plus importante des dividendes, et une réorientation de ceux-ci en faveur de programmes sociaux et de lutte contre la pauvreté (Gudynas, 2009).

De la sorte, l’Amérique latine – et l’Amérique du Sud, en particulier – a accru sa dépendance envers les « commodities » [7] . La part des matières premières dans les exportations du continent est passée de 27% au début des années 1980 à 40% en 2009, puis à 42% en 2013. Ils représentaient la même année, 73% des exportations vers le deuxième partenaire commercial du continent : la Chine. Mais la tendance est plus marquée encore pour l’Amérique du Sud : en 2012-2013, 75% de ses exportations vers le monde étaient composées de matières premières dans les exportations [8] . La Chine est la première source des importations pour le Brésil (dont il est aussi la première destination des exportations) et la Bolivie, et la deuxième pour l’Équateur et le Venezuela. Dans le même temps, 69% de ce que le continent importe du reste du monde est composé de biens manufacturés, et ce chiffre monte à 91% en ce qui concerne les importations en provenance du géant asiatique [9] . Et la Commission économique pour l’Amérique latine (Cepal) de parler d’un processus de « reprimarisation » du secteur exportateur d’Amérique latine et des Caraïbes, dont la Chine ne serait pas la cause, mais le catalyseur [10].

Les quatre pays qui nous intéressent sont particulièrement affectés par ce phénomène. Le gaz et les minerais représentent près des deux tiers de tout ce que la Bolivie exporte. Le pétrole constitue respectivement 36% et 85,1% de ce que l’Équateur et le Venezuela exportent. La concentration est moins prononcée pour le Brésil dont le soja, les minerais et le pétrole représentent tout de même un quart des exportations. [11] Entre 2011 et 2015, les prix des métaux et de l’énergie (pétrole, gaz et charbon) ont chuté de 50%. En 2015, les prix du minerai de fer (qui représente 7,5% des exportations brésiliennes), du cuivre et du zinc (qui représente 10,6% des exportations boliviennes) ont chuté d’approximativement 30%. Or, les ressources issues de l’exploitation de ces matières premières forment une part importante des budgets de ces États, qui ont dès lors été frappés de plein fouet par cette baisse des prix. C’est particulièrement vrai pour l’Équateur et le Venezuela où la rente des hydrocarbures représentait, à elle seule, en 2014, autour de 40% des revenus de ces États [12].

Cette matrice extractiviste qui caractérise l’ensemble des pays latino-américains soulève de sérieux problèmes. Elle consacre la dépendance et la vulnérabilité de ces États au regard de quelques ressources naturelles, qui, par ailleurs, connaissent de grandes fluctuations de prix, et sur lesquels ils n’exercent que peu ou pas de contrôle. C’est d’autant plus problématique que les programmes sociaux mis en place ont largement été financés par l’exploitation et l’exportation de ces ressources naturelles. En outre, cette matrice freine l’industrialisation et la diversification productive, tendant à piéger ces pays dans des économies de rente. Enfin, elle enferme le continent dans une division internationale du travail, qui reproduit le modèle colonial, en faisant de ces régions autant d’enclaves, simples pourvoyeurs de ressources naturelles bon marché, au profit du Nord – et de la Chine –, et en échange de produits manufacturés.

Si, au vu des chiffres, l’accentuation du rôle traditionnel de ces pays dans la division internationale du travail ressort avec force, encore convient-il de l’expliquer. Comment se fait-il que ces gouvernements post-néolibéraux, portés par un désir de changement profond, qui s’est régulièrement traduit par une rhétorique radicale et des modifications législatives – voire constitutionnelles –, mettant en avant les leviers même de cette transition, inscrits dans des concepts originaux comme le Buen Vivir, « les droits de la Nature », l’économie sociale et solidaire [13] ... non seulement n’ont pas transformé cette matrice, mais l’ont renforcée ? Les réponses à cette question peuvent être sommairement regroupées en deux blocs : celui de l’étape et celui de la transition.

L’extractivisme comme étape


Les gouvernements équatorien, bolivien, brésilien et vénézuélien, quelles que soient leurs différences et leurs rhétoriques plus ou moins radicales ou réformistes présentent l’extractivisme comme une étape. Ces États mettent en avant une priorisation des objectifs, une voie particulière pour les atteindre, ainsi qu’une dénonciation des jeux de pouvoir qui se dissimuleraient derrière la remise en question du modèle de développement.

Le combat de ces États se situe, d’abord et avant tout, au niveau de la réduction de la pauvreté, afin d’arracher des millions de personnes à la misère. Or, ce combat passerait nécessairement par la croissance et le développement – les deux étant en général liés ou confondus –, dont l’extractivisme est le principal moteur. La déclaration des chefs d’États et de gouvernements de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique - Traité de commerce des Peuples (ALBA-TCP [14], du 30 juillet 2013, synthétise les lignes majeures de cette vision. Il y était ainsi affirmé « le droit et la nécessité » de ces pays de tirer profit de leurs ressources naturelles non renouvelables, qui constituent « une importante source pour financer le développement économique, la justice sociale et, en définitive, le bien-être de nos peuples, avec la conviction que le principal impératif social de notre époque – et de nos régions – est de combattre la pauvreté et la misère » [15] .

Après des années de néolibéralisme, au vu de l’urgence sociale, la priorité n’est-elle pas, en effet, à la lutte contre la pauvreté ? Et les questions ne relevant pas directement de cette lutte ne constituent-elles pas un luxe ; un luxe que, ici et maintenant, ces gouvernements ne peuvent pas se permettre ? Ces gouvernements sont arrivés au pouvoir, par les urnes, sur la base d’un programme promettant d’en finir avec, en tous cas, de réduire drastiquement la pauvreté. N’est-ce pas là, la première clause du contrat qui les lie à leurs citoyens – et qui appelle à être vérifiée et évaluée dans le temps court des échéances électorales, plutôt que dans le temps stratégique du changement de modèle ? Et, d’ailleurs, cette promesse n’a-t-elle pas été tenue ? Ainsi, selon la Cepal, entre le début du millénaire et 2011, le pourcentage de population pauvre est passée de 34,9% à 5,7% en Argentine ; de 37,5% à 20,9% au Brésil ; de 49% à 32,4% en Équateur ; de 48,6% à 29,5% au Venezuela ; et de 62,4% à 22,4% (entre 2002 et 2010) en Bolivie. Au total, entre 2002 et 2011, 54 millions de personnes sur le continent sont sorties de la pauvreté.

Pour ces gouvernements, dans le succès de la lutte contre la pauvreté, se vérifieraient la justesse de l’équation extractivisme - croissance - développement, ainsi que la légitimité de leurs politiques. Dès lors, le retour de l’extractivisme comme étape sera présenté sous un triple mode : défensif, programmatique et « campiste ».


• Une réponse défensive :

L’accent est mis ici sur la double tension de la temporalité et des possibilités. Certes, ces gouvernements auraient dû modifier leur matrice productive, mais ils ne l’ont pas pu [16]. Utopique serait la volonté de changer, en une dizaine d’années seulement, un héritage de cinq siècles. De plus, ces gouvernements faisaient face à des oppositions, aussi bien nationales – y compris en leur sein même – qu’internationales, ainsi qu’à des entraves structurelles, qui ne permettaient pas tout, tout de suite. Et d’insister sur les contraintes : les coalitions au sein desquelles le PT gouvernait au Brésil et où il représentait, au mieux, un tiers des forces ; l’impérialisme nord-américain, qui ne s’est pas évaporé comme par magie durant ces années ; la nécessité de trouver des compromis, voire de former des alliances avec les bourgeoisies locales et les acteurs transnationaux ; etc.

Ce type de réponse a l’avantage de rappeler, qu’aussi innovant et participatif que fût le processus qui amena ces gouvernements au pouvoir, il n’y eut pas révolution. Et qu’en conséquence, les choix stratégiques sont enserrés dans un réseau d’institutions économiques et politiques établi préalablement, qui conditionne, voire cadenasse le changement. Il convient, dès lors, de composer avec les autres forces en présence, de ménager des marges de manœuvre, de dégager des consensus – fussent-ils partiels –, de trouver des compromis. Bref, cette réponse serait autant un rappel de realpolitik qu’une leçon de stratégie.


• Une réponse programmatique :


Cette justification sur le mode défensif se double d’une réponse plus positive et programmatique, qui met en avant l’extractivisme comme étape transitoire. Il faudrait ainsi passer par une première phase extractiviste pour, ensuite – et ensuite seulement –, passer à une phase post-extractiviste. Cette logique a le mieux été mise en évidence par le vice-président bolivien, Alvaro Garcia Linera.

Lors d’une rencontre internationale, à Quito, fin septembre 2015, celui-ci affirmait en effet : « Faut-il sortir de l’extractivisme ? Oui. Oui, il faut en sortir. Mais on n’en sort pas en congelant les conditions de production ni en régressant à l’âge de la pierre. On sort de l’extractivisme, en utilisant temporairement l’extractivisme. (...) Il faut en terminer avec l’extractivisme. Oui. Mais simultanément, il faut en terminer avec la misère. (...) Comment peut-on nous demander à nous de terminer en 5 ans, ce qui a duré 500 ans ? (...) Nous avons besoin d’une période de transition, d’un pont qui crée les conditions techniques, matérielles et culturelles d’une nouvelle génération, capable de dépasser l’extractivisme. Donc, nous allons continuer à produire car il faut satisfaire les nécessités matérielles des gens, mais en même temps, nous créerons les conditions pour une nouvelle rencontre avec la nature, en récupérant la tradition indigène (...). Extractivisme ? Oui, temporairement. Oui, nécessairement, jusqu’à créer la nouvelle société de la connaissance et de la culture » [17]

Dès lors, la question se déclinerait en fonction d’un chemin plus ou moins long, qui se matérialise par une dialectique paradoxale où l’intensification de l’extractivisme ouvrirait la voie à une société post-extractiviste. Le différend se réduirait-il alors à une question de temporalité et de moyens, de stratégie et de plus ou moins grande impatience d’arriver à un objectif commun et partagé ?


• Une réponse « campiste »
:

Mais force est de constater que ce type de réponses – tour à tour ou dans le même temps défensif et programmatique –, au fur et à mesure des critiques et des conflits, va s’effacer au profit d’une disqualification pure et simple de toute remise en cause. Au mieux, les critiques envers l’extractivisme seraient déplacées, incongrues, preuves d’un « gauchisme, écologisme, indigénisme infantiles » selon le président équatorien, Rafael Correa [18] . Au pire, elles relèveraient de « l’environnementalisme colonial », dénoncé par le vice-président bolivien, Alvaro Garcia Linera [19] . Mais, de toute façon, elles dessineraient deux camps antagonistes, où se dévoileraient l’opposition au développement et un agenda caché.

C’est la fameuse anecdote de la grenouille ennemie du développement, que Lula, alors qu’il était président du Brésil, se plaisait à conter. Il faisait référence à la découverte d’une grenouille dont l’espèce en voie de disparition avait, en conséquence, obligé d’interrompre la construction d’un tunnel [20] . Lula y voyait un exemple caractéristique de ce qui freine et retarde la mise en œuvre des mégaprojets gouvernementaux – barrages, voies de communication, etc. – dans le cadre du plan stratégique emblématique de son gouvernement : le Programme d’accélération de croissance (PAC). En dernière instance donc, c’est le développement même du pays qui serait affecté, différé, entravé.

Bien sûr, derrière la grenouille, il y a celles et ceux qui la défendent : les écologistes romantiques et les bureaucrates exerçant un contrôle environnemental tatillon. Et à côté de celle-ci, les peuples indigènes. La dénonciation ironique des entraves au développement s’appuyait en effet aussi sur une autre fable : celle de la découverte, lors de la construction d’un autre mégaprojet, de ce qui semblait être une ancienne hache indigène ; cause également d’une suspension des travaux. Les sous-entendus de ces discours ont été démontés et dénoncés à juste titre par le Conseil indigéniste du Brésil [21] .

Cette disqualification des critiques, au nom du développement, n’est pas propre au Brésil. Elle témoigne de la vision modernisatrice et productiviste de la gauche latino-américaine dans son ensemble [22]. Or, cette disqualification tend à prendre un tour autrement plus violent dans d’autres pays, comme en Équateur, où le président affirmait le 1er décembre 2007 : « Ne croyez pas les environnementalistes romantiques, toute personne qui s’oppose au développement du pays est un terroriste » [23] . Le terrorisme dénoncé ici recouvre l’opposition à l’intérêt stratégique national du développement, une instrumentation politique, pilotée par l’opposition de droite et/ou l’impérialisme du Nord, et un agenda caché où l’environnement ne serait jamais, en fin de compte, qu’un prétexte.

Ce n’est pas – dans les discours du moins – que la préservation de l’environnement soit évacuée a priori par ces gouvernements, mais celle-ci doit être subordonnée à la lutte contre la pauvreté, et cette lutte elle-même au développement. Ainsi, lors de la Journée mondiale de l’environnement, en 2009, Lula assurait : « Nous voulons la préserver [l’Amazonie], mais nous devons aussi prendre soin de 25 millions d’êtres humains qui vivent là, qui veulent une voiture, qui veulent un frigo, qui veulent une télévision, qui veulent toutes les choses que tout le monde désire avoir » [24] . Un an plus tard, de retour de la réunion de Copenhague sur le climat, il prétendait que les pays riches n’étaient pas intéressés à mette en œuvre le Protocole de Kyoto [25] ; ce qu’ils voulaient, c’était inhiber les pays en développement, de peur qu’ils aient les mêmes capacités de développement qu’eux. Et Lula d’affirmer qu’il n’accepterait pas que l’on freine le développement du Brésil [26] .

L’ancien président brésilien rappelait de la sorte ce que pouvait avoir d’insupportable et d’hypocrite les critiques issues du Nord sur le consumérisme et le productivisme du Sud, alors que le Nord s’était construit et développé « sur le dos » de l’environnement mondial, en général, et des pays du Sud, en particulier. Dans le même temps, il confirmait l’option néodéveloppementaliste du Brésil – option partagée par les autres gouvernements « progressistes » –, tout en la soustrayant à quelque débat que ce soit, par une redéfinition figée des frontières : au Sud, ceux qui veulent le développement (soit une voiture, un frigo, une télévision) ; au Nord, l’hypocrisie écologiste. De toute façon, si critiquer le développement, c’est freiner la lutte contre la pauvreté et entraver les intérêts du pays, il est légitime de rejeter une telle critique comme absurde ou comme le Cheval de Troie de l’ennemi intérieur – les droites conservatrice ou néolibérale, qui, elles, de retour au pouvoir, détruiraient l’environnement à une plus grande échelle encore – et/ou extérieur – l’impérialisme. En dernière instance, cela ne revient-il pas à justifier a priori la répression et la criminalisation de cette contestation du développement ?

La transition


Celles et ceux qui mettent en avant la transition entendent prendre au sérieux les concepts nouveaux – Buen vivir, « droits de la Nature »... – qui ont émergé des luttes de ces dernières années, sont portés par les mouvements sociaux et ont été inscrits dans les Constitutions bolivienne et équatorienne. Par-delà leur spécificité, ces concepts partagent une double critique de l’extractivisme et du développement, une volonté de ré-encastrer la dimension économique dans les rapports sociaux et environnementaux, ainsi qu’une revalorisation et une redynamisation des savoirs locaux, principalement indigènes. Ils ouvrent une alternative sous la forme d’une transition post-développement et/ou post-extractiviste (Alberto Acosta, Eduardo Gudynas, Maristella Svampa).

Nous ne discuterons pas ici – faute de place – les mesures concrètes proposées par les divers mouvements et intellectuels pour effectuer cette transition [27] . Pour notre propos, il convient cependant de rappeler – à l’encontre de l’image caricaturale qui en est donnée par les gouvernements en place – que les défenseurs de la transition ne sont ni des utopistes déconnectés des réalités concrètes ni des romantiques attardés « anti-mines » et « anti-pétrole ». Ils entendent au contraire, en distinguant l’extraction prédatrice de l’extraction sensée, et en interdisant la première, adopter des mesures transitoires d’urgence et à moyen terme. Il s’agit de commencer dès maintenant la transition, en s’appuyant plus fermement sur les mouvements sociaux, en octroyant un rôle plus important à l’État et en réorientant la matrice productive de ces pays.

De plus, il convient de faire justice à une vision réductrice qui opposerait les mouvements indigènes à ces États. En réalité, ceux-là, comme l’ensemble des mouvements sociaux et de la gauche, se sont divisés sur cette question. Par ailleurs, s’ils sont souvent en première ligne dans les mobilisations – de 2010 à 2013, 226 conflits socio-environnementaux liés à des projets miniers et d’hydrocarbure ont été identifiés sur les terres indigènes [28] –, ils ne sont pas seuls. Dans cette lutte contre le néodéveloppementalisme, ils se retrouvent aux côtés des mouvements de paysans, de femmes, d’Afrodescendants et, plus largement, de l’ensemble des acteurs qui ont opéré ce que Svampa désigne comme « le tournant éco-territorial ».

La divergence ne tient dès lors que secondairement à la temporalité, aux moyens et à la stratégie mise en œuvre. En réalité, ce sont bien deux visions, deux logiques qui se font face. Les partisans d’une transition se basent sur un bilan plus critique de l’expérience des gouvernements post-néolibéraux et sur une remise en cause de la logique du passage obligé par l’étape extractiviste. Tout en reconnaissant nombre d’avancées majeures de ces régimes, ils mettent en question la durabilité et l’impact de celles-ci, et soulignent le coût caché de ces changements, ainsi que l’occasion manquée de changer le modèle. Par ailleurs, ils opposent à la stratégie par étapes des arguments conjoncturels, structurels et stratégiques.

• Bilans contestés


Le résultat le plus évident et le plus emblématique de ces gouvernements post-néolibéraux – la lutte contre la pauvreté – doit être interrogé. La baisse de la pauvreté, si elle a été plus accentuée au sein des pays ayant effectué le « virage à gauche », constitue une tendance générale sur le continent : ainsi, le pourcentage de la population vivant dans la pauvreté est passé, entre 2002 et 2011, de 49,7% à 34,2% en Colombie, de 20,2 à 11% au Chili, de 61% à 49,6% au Paraguay [29] . De plus, si, entre 2002 et 2011, 54 millions de personnes étaient sorties de la pauvreté sur le continent, entre 2011 et 2014, ils ne furent plus que 4 millions. Mais, dans le même temps, le nombre de personnes vivant dans l’indigence a augmenté... de 4 millions. Au Venezuela, le pourcentage de la pauvreté et de l’indigence augmente depuis 2012 ; au Brésil, la chute du taux de pauvreté est compensée par l’augmentation du taux d’indigence. L’essoufflement ou l’inversion de la tendance renvoie bien sûr au changement de conjoncture économique mondiale et, plus particulièrement, à la chute des prix des matières premières.

Cette situation nouvelle met en relief la fragilité des acquis de cette lutte contre la pauvreté, son caractère insuffisamment structurant et sa dépendance envers les fluctuations du marché mondial. De plus, cela souligne les choix politiques qui ont été faits - au détriment d’autres. Traditionnellement en Amérique latine, les systèmes fiscaux et de prélèvement des impôts sont faibles et ont un impact réduit en matière de redistribution de la richesse. Or, ceux-ci, n’ont guère été modifiés – lorsqu’ils l’ont été – par les gouvernements issus du « virage à gauche ». Ces gouvernements ont cherché à financer la lutte contre la pauvreté, en générant de nouvelles ressources, issues de l’exploitation et de l’exportation des matières premières, plutôt qu’en assurant une redistribution plus équitable des richesses par la fiscalité interne.

En ce sens, le choix d’accentuer l’extractivisme s’est fait aux dépens d’une refonte du système fiscal et d’une confrontation directe avec les oligarchies en place. Cela a certes permis de « ménager la chèvre et le chou », de conclure des pactes – explicites ou implicites – avec cette oligarchie et, par-là même d’accroître la stabilité de ces gouvernements [30] . Mais cela a entraîné une reconfiguration de l’alliance avec les mouvements sociaux qui ont porté ces gouvernements au pouvoir. De plus, à l’heure où la tendance s’inverse et que chutent les prix des matières premières, la vulnérabilité de ces rapprochements apparaît avec évidence : dès que ses intérêts sont menacés – comme ce fut le cas au Brésil –, l’oligarchie rompt brutalement ces pactes [31] .

Les résultats doivent également être évalués en fonction des points aveugles de ces bilans : dégâts environnementaux, dépendance, conflits sociaux, etc. Le coût économique et social de la destruction de l’environnement est systématiquement sous-évalué quand il n’est pas ignoré. Il en va de même pour l’impact négatif sur la santé des populations et l’enfermement de ces pays dans une division internationale du travail, qui freine la diversification économique. L’augmentation et l’intensification des conflits socio-environnementaux – soit les conflits liés à l’usage, au contrôle et à la destination de la terre et des ressources naturelles – ne sont pas plus pris en compte. Or, à l’heure actuelle, ce type de conflits est majoritaire sur tout le continent. Sans compter le coût incommensurable de la perte de leurs territoires pour les populations indigènes (Svampa), l’augmentation de l’insécurité alimentaire et la déruralisation que l’extractivisme nourrit.

Enfin, il y a, au cœur de ce bilan, un cercle vicieux qui, à terme, le condamne : celui de l’endettement – dû à la chute des prix des matières premières, aggravée par la détérioration de la balance de paiements (les exportations rapportent moins de devises alors que les importations de biens manufacturés coûtent toujours aussi cher, voire plus cher), entraînant plus d’extractivisme (il faut exploiter et exporter plus pour compenser la baisse des prix [32] ), provoquant plus et d’autres conflits. Ce cercle vicieux a été synthétisé en une équation par Svampa : « plus d’extractivisme = moins de démocratie ».

En fin de compte, le bilan de ces gouvernements est fragile – par sa dépendance envers le marché international et l’oligarchie locale –, partielle et partiale – il ne tient pas compte de tous les « coûts cachés » et de tous ses impacts négatifs, qui rendent le calcul coûts-bénéfices autrement plus problématique –, et faussé : au nom du développement, il se présente comme seule politique possible, mettant ainsi à mal la réforme agraire, la souveraineté alimentaire, la redistribution des richesses, etc. à la base d’un autre projet de société plus viable. Dès lors, certains vont même jusqu’à affirmer que le retour de l’État est ajusté à la volonté d’attirer les investissements étrangers et dessine de la sorte une reconfiguration plutôt qu’une rupture avec le néolibéralisme.

• Transition versus « étapisme »

Bilan contesté donc auquel se marie une critique de cette logique de l’extractivisme comme étape. Le vice-président bolivien, Garcia Linera, a voulu réduire l’extractivisme à une « relation technique avec la nature », oubliant de la sorte, comme le rappelle Lander, que l’extractivisme ne produit pas seulement des richesses, mais aussi des rapports sociaux, un type particulier d’État (avec, pour caractéristique, un positionnement autoritaire et rentier), un imaginaire collectif et un modèle de société [33] . On ne se défait donc pas de l’extractivisme comme on change d’outil : plus qu’un moyen et autre chose qu’un instrument, il participe en réalité de la configuration des politiques, des rapports entre État et société civile et du projet de société.

Il demeure par ailleurs paradoxal que dans une conjoncture aussi favorable – large soutien populaire, hausse importante des prix des matières premières et renforcement régional –, il ne fut pas possible, non pas certes de rompre avec ce modèle, mais au moins d’engager la transition. On voit mal, si ce fut impossible alors, quand et comment, dans quelles circonstances et à quelles conditions – encore plus favorables et plus longues –, un tel changement serait possible ? Dans les faits, cela ne revient-il pas, purement et simplement, à entériner l’impossibilité d’une transition - reléguée à un « plus tard » hypothétique ?

Maristella Svampa a défini le « Consensus des commodities » comme le socle idéologique commun des divers États du sous-continent latino-américain, qu’ils aient ou non opéré le virage à gauche. Il se caractérise par une stratégie commune de développement par expansion de l’extractivisme [34]. Le recours au concept de « consensus » permet une lecture plus dynamique et plus complexe en termes de ruptures et de continuités, tout en permettant d’aller au-delà de la rhétorique révolutionnaire de ces gouvernements. Les divergences entre les différents régimes post-néolibéraux ou néolibéraux n’apparaissent pas au niveau de la voracité extractiviste, mais seulement en aval : par rapport au contrôle – étatique ou privé –, à l’imposition – plus ou moins importante – et à la redistribution de la rente issue de cette exploitation – pour qui et pour quel secteur ? Dès lors, l’échec de la transition, sans sous-évaluer les résistances et les contraintes auxquelles font face ces régimes, se pose autant sinon plus en termes de pouvoir que de vouloir. Ce serait moins la réalité des rapports de force que ce consensus – dont ils ne se seraient jamais complètement départis – qui aurait rattrapé ces gouvernements ; jusqu’à quel point, en réalité, ceux-ci ont-ils cru et ont-ils voulu cette transition ?

Il s’agit de lutter contre la pauvreté et, dans le même temps, contre la dépendance. Les gouvernements post-néolibéraux avaient promis un ensemble de mesures, dont une partie sont aujourd’hui passées à la trappe. Que dire alors de leur incohérence et de leurs contradictions avec leurs déclarations initiales, voire avec les Constitutions qu’ils ont eux-mêmes, avec la société civile, réélaborées ? La négation dans la pratique du « droit de la Nature » et du Buen Vivir, leur réduction à une simple rhétorique au sein des instances nationales et internationales, entraînent la confusion et mettent à mal, au-delà des mots, la structure même de ces alternatives et la confiance des mouvements sociaux à leurs égards.
Conclusions

Ce panorama trop synthétique mériterait d’être plus nuancé, en fonction des pays et des phases ; chaque État ayant affronté un conflit emblématique – Belo Monte au Brésil, Tipnis en Bolivie, Yasuni en Équateur –, qui agit comme révélateur des contradictions entre les prétentions et les pratiques. Mais le néo-extractivisme demeure bien une lame de fond structurelle, commune à tous ces pays. À l’heure du bilan et du débat sur les perspectives futures, il convient de se démarquer d’une lecture qui risquerait d’être trop systémique pour poser la double question de quels acteurs pour quel(s) changement(s) ?

Aujourd’hui, les acteurs qui ont porté ces gouvernements au pouvoir apparaissent divisés et affaiblis, pris souvent dans les rets de la subordination ou de l’autocensure envers ces gouvernements progressistes. L’alliance, implicite ou explicite, de ces derniers avec l’agrobusiness [35] , l’oligarchie et les acteurs transnationaux ont reconfiguré les rapports de force au sein de ces sociétés, occultant les antagonismes sous les discours développementalistes, voire « pachamamistes » [36]. Le dilemme pour les mouvements sociaux risque fort de se poser désormais entre ces gouvernements progressistes ou le changement de modèle.

Au niveau stratégique, cela n’empêche pas automatiquement que, au cas par cas, selon les circonstances et les pays, des alliances ponctuelles, stratégiques et défensives puissent se mettre en place entre ces gouvernements post-néolibéraux et les mouvements sociaux. D’autant plus qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas d’alternative électorale et que « ce qui vient en face » marque le retour de la droite dure néolibérale, alliée du néocolonialisme. Cependant, de telles alliances, pour être efficaces, supposent la lucidité des mouvements qui y prennent part afin de ne s’illusionner ni sur leurs portées ni sur leurs contradictions.

Mais que ces alliances soient réalisables ou non, l’urgence est à un travail théorique et pratique de reconfiguration des forces sociales avec et surtout en-dehors et au-delà de ces gouvernements. Au centre des enjeux actuels, se trouvent l’autonomie et le renforcement des mouvements sociaux ; leur capacité à se constituer en véritables contre-pouvoirs, à même de forger une nouvelle dynamique institutionnelle, y compris étatique [37] . Cela suppose, de déplacer le curseur pour le remettre sur le pôle de l’émancipation.

Notes


[1] Bernard Duterme, « Toujours rebelle l’Amérique latine ? Mouvements sociaux, contestations et pouvoirs de Tijuana à Ushuaïa », Alternatives Sud - État des résistances dans le Sud : Amérique latine, Vol. XVIII, 2011/4.

[2] Alternatives Sud - État des résistances dans le Sud : Amérique latine, Vol. XVIII, 2011/4.

[3] Frédéric Thomas, « Chine - Amérique latine : enjeux conflictuels d’une relation », 2013, http://www.cetri.be/.

[4] Maristella Svampa, Edgardo Lander, Eduardo Gudynas, Pablo Stefanoni… sont parmi les intellectuels qui participent de ce débat, auquel le site du Cetri (www.cetri.be) fait un large écho.

[5] Eduardo Gudynas, Extractivismos. Ecologia, economia y politica de un modo de entender el desarrollo y la Naturaleza, Claes/Cedib, Cochabamba, 2015.

[6] Laurent Delcourt y voit la « clé du miracle bolivien » : « en dépit de sa portée limitée et de son caractère « inachevé », cette « nationalisation » n’en a pas moins constitué un tournant dans l’histoire du pays », La Bolivie d’Evo : des idéaux indianistes à la realpolitik néodéveloppementiste, 2015, www.cetri.be.

[7] Eclac, Economic and social panorama of the Community of Latin America and Caribean states, 2015.

[8] UNCTAD, The State of commodity dependance 2012, United Nations, 2012.

[9] Cepal, America latina y el Caribe y China. Hacia una nueva era de cooperación economica, 2015.

[10] Cepal, China y America Latina y el Caribe : Hacia una relación económica y comercial estratégica, 2012.

[11] Chiffres provenant de http://estadisticas.cepal.org/cepalstat/ pour l’année 2015, sauf pour le Venezuela (2013).

[12] Cepal, Impacto fiscal de la volatilidad del precio del petróleo en América Latina y el Caribe, 2015.

[13] Sur cette dernière thématique, lire José Luis Corragio, « La economia social y solidaria (ess) en America Latina », http://www.econo.unlp.edu.ar/ et Frédéric Thomas, « L’économie sociale et solidaire au prisme du tournant post-néolibéral latino-américain », www.cetri.be.

[14] )Plateforme d’intégration régionale créée en 2004, à l’initiative de Cuba et du Venezuela, regroupant (après le retrait du Honduras suite au coup d’État) neuf pays : la Bolivie, l’Équateur, le Venezuela, le Nicaragua, Cuba, Antigua-et-Barbuda, La Dominique, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

[15] Le communiqué est accessible ici : https://www.urjc.es/images/ceib/revista_electronica/vol_7_2013_2/REIB_07_02_Doc04.pdf.

[16] Dans un entretien, « Le Brésil et la crise du système » pour la revue Iris, Christophe Ventura offre une belle synthèse de ce type d’analyse. À la question, l’émergence brésilienne aurait-elle dû/pu se traduire par un changement de modèle économique, il répond : « « Dû », oui. Et les événements actuels sont là pour le rappeler douloureusement. Le problème du Brésil est celui de tous les pays latino-américains. (...) « Pu » est une autre question. (...) Comme les autres gouvernements progressistes, le gouvernement brésilien a cherché à répondre à l’urgence sociale. C’était son mandat impératif, celui pour lequel il a été élu, et celui qu’il a respecté », dans IRIS 103, automne 2016, « Le Brésil et la crise du système », pages 131-132.
Le discours de Garcia Linera est accessible ici : https://www.youtube.com/watch?v=DeZ7xtBJT8U.

[17] Le discours de Garcia Linera est accessible ici : https://www.youtube.com/watch?v=DeZ7xtBJT8U.

[18] http://www.eldiario.ec/noticias-manabi-ecuador/105873-correa-arremete-contra-izquierdismo-infantil/.

[19] Garcia Linera, Ibidem.

[20] http://ipevs.org.br/blog/?p=509.

[21] Saulo Ferreira Feitosa, « Lula, os índios e as pererecas », http://www.cimi.org.br/.

[22] Maristella Svampa, Debates latinoamericanos. Indianismo, desarrollo, dependencia y populismo, Argentine, Edhasa, 2016, page 166.

[23] Raul Zibechi, « El Estado fuerte y la criminalización a los movimientos », www.cetri.be.

[24] Discours du président du 5 juin 2009, http://www.biblioteca.presidencia.gov.br/.

[25] Accord international signé en 1997 et visant à lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz carbonique.

[26] Discours du président du 31 août 2010, http://www.biblioteca.presidencia.gov.br/.

[27] Le document stratégique du RedGe et de Cooperacción, Propuestas para transitar al postextractivismo a nivel regional, RedGe, Lima, 2015, constitue une bonne synthèse vulgarisée des mesures de transition proposées.

[28] Svampa, Ibidem, page 347.

[29] Cepal, Panorama social, 2012.

[30] Le cas du Venezuela constitue un cas particulier : on a évoqué à son propos la création d’une boliburguesía (la « bourgeoisie bolivarienne ») en situation de concurrente face à l’oligarchie traditionnelle (Saint-Upéry, 2012).

[31] Pour le cas du Brésil, je renvoie à l’entretien déjà cité de Christophe Ventura dans IRIS 103, automne 2016, Le Brésil et la crise du système, pages 131-132.

[32] Et, de fait, si les rentrées financières de l’extractivisme ont effectivement diminué, le volume et l’exportation des ressources naturelles ont, eux, augmenté.

[33] Edgardo Lander, « El Neoextractivismo como modelo de desarrollo en América Latina y sus contradicciones », 2014.

[34] Maristella Svampa, « Consensus des matières premières, tournant éco-territorial et pensée critique en Amérique latine », Alternatives Sud, Industries minières - Extraire à tout prix ?, Vol. XX - 2013/2.

[35] Pour le cas bolivien, je renvoie à Laurent Delcourt, La Bolivie d’Evo : des idéaux indianistes à la realpolitik néodéveloppementiste, 2015, www.cetri.be.

[36] Sous ce vocable en langue quechua, nous entendons l’ensemble des concepts-horizons (Svampa) – Buen Vivir, « droits de la Nature », etc. – mis en avant, particulièrement par les gouvernements bolivien et équatorien, pour modeler un développement alternatif, voire une alternative au développement

[37] Alberto Acosta, La maldición de la abundancia, Quito, Abya-Yala, 2015.

Les opinions exprimées et les arguments avancés dans cet article demeurent l'entière responsabilité de l'auteur-e et ne reflètent pas nécessairement ceux du CETRI.


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