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Date :  2016-03-10
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La Chinafrique l'épreuve du big data

Source :  Chinafrica


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Une équipe de chercheurs d’une Université américaine explore les chiffres qui se cachent derrière la Chinafrique. Un travail de collecte de données à grande échelle allié à une méthodologie de triangulation et de géolocalisation permettant de dresser une carte très précise et objective de ce que fait la Chine en Afrique.

« Nous suivons quatre vingt dix donneurs internationaux depuis douze ans et les données sont libres d’accès sur notre site internet, précise Alexander Wooley, responsable de la communication du site. Nous avons décidé il y a quatre ans de nous intéresser en particuliers aux investissements chinois en Afrique car il y a beaucoup de mythes et d’idées reçues sur le sujet. L’Afrique reçoit plus de la moitié des fonds chinois pour le développement chaque année, mais on ne sait pas toujours avec certitude où va cet argent car Pékin ne fournit aucun rapport aux instances internationales et ne suit pas les recommandations de l’OCDE ».

Le résultat est fascinant : sous nos yeux, des graphiques et une carte dynamique du continent reprennent projet par projet les donneurs d’ordre, les sommes versées, les secteurs d’investissements et les zones prioritaires pour la Chine depuis plus de quinze ans sur le continent. « Il s’agit uniquement du financement des projets de développement, précise Alexander Wooley. Nous appliquons cette méthode de triangulation aux donneurs internationaux qui, comme la Chine, ne sont pas complètement transparents ».

L’enquête mobilise une centaine de chercheurs : vingt-deux agences gouvernementales chinoises sont suivies ; 2.650 projets décortiqués dans cinquante et un pays du continent et près de 100 milliards de dollars sont ainsi passés au crible.

« Pékin fait trembler les fondations de l’ordre international mis en place par les pays occidentaux après la seconde guerre mondiale, explique le directeur du programme, Brad Parks. Elle ne respecte par les normes internationales de transparence, tel que le système de reporting IATI (International Aid Transparency Initiative) qui permet notamment d’éviter les doublons et facilite la coordination entre les programmes. Pékin ne publie que très peu d’informations faisant de ses aides un formidable trou noir ».

Un trou noir qui aujourd’hui s’affiche sous la forme d’une carte dynamique sur laquelle apparait l’ensemble des programmes. De quoi remettre en cause pas mal d’idées reçues.

Côté bons points : la Chine n’est pas en Afrique seulement pour exploiter les matières premières. On constate dans les chiffres que les investissements chinois concernent très peu de projets miniers, mais surtout des travaux d’infrastructures, de transports et dans le domaine énergétique. La Chine a également investi des centaines de millions de dollars dans la santé, l’éducation et la culture en Afrique.

En cliquant sur le Liberia, on découvre par exemple que la Chine y a construit des écoles, des dispensaires, des hôpitaux et installé des feux de circulation fonctionnant à l’énergie solaire. Au Mozambique, la Chine a construit une école d’art à Maputo, et en Algérie un opéra de mille quatre cents places est en travaux. Au Sénégal, elle a pris en charge le financement par Huawei d’un réseau de fibre optique pour l’accès à l’Internet en haut débit.

« Il se passe beaucoup plus de choses dans la relation Chine-Afrique que la simple quête des matières premières », expliquent les chercheurs américains. Mais tout est question de calcul. Selon les statistiques de l’OCDE, seuls 16 milliards de dollars sont comptabilisés en tant qu’aide internationale.

Côté face, on découvre également que cette aide chinoise au développement n’est généralement pas versée aux régions les plus pauvres. Elle transite par le les gouvernements locaux qui la redistribuent généralement aux régions natales des principales personnalités au pouvoir, ou aux projets qui lui conviennent le plus.

« La Chine a pour obsessions la non-ingérence et elle ne veut pas apparaître comme un donneur comme les autres, à savoir l’Europe et les Etats-Unis, justifie Alexander Wooley. Par ailleurs, la Chine soutient ceux qui votent pour elle aux Nations Unies et donc très peu d’aide va aux pays qui reconnaissent Taiwan (Ndlr : Burkina Faso, Swaziland, Sao Tomé et Principe). Et lorsque vient le temps de faire des affaires, la Chine soutient en priorité les pays riches en matières premières et très souvent malheureusement ceux où règne la corruption ».

Mais là où les chercheurs s’attendaient à un tir de barrage de la Chine, on a vu au contraire Pékin s’intéresser de très près à ces statistiques. Si la Chine publie bien son livre blanc sur l’aide internationale, elle manque néanmoins de cohérence dans ses projets. Plusieurs ministères interviennent de façon désordonnée et il n’existe pas d’agence nationale pour coordonner ses milliards de dollars distribués par Pékin. « C’est le point qui nous a le plus surpris, assure Alexander Wooley. Nous avons même actuellement l’un de nos chercheurs qui travaille à Pékin auprès du gouvernement chinois. En Ouganda et en Afrique du Sud, nous avons envoyé nos équipes sur le terrain pour vérifier nos informations et interroger les équipes chinoises et africaines ».

La Chine n’est pas encore la banque mondiale qu’elle voudrait être. Ces projets manquent de transparence et parfois de cohérence. Avec le lancement des deux banques que sont l’Asian Infrastructure Investment Bank et la New Development Bank, c’est tout un pan de la traditionnelle aide internationale qui est à revoir. D’ici la fin de l’année, les équipes d’Aiddata annoncent pouvoir publier la carte de l’ensemble des aides chinoises dans les pays en développement. A cela s’ajoutera le suivi des 60 milliards de dollars promis par le président chinois aux pays africains.

Pays : 
- Chine   

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