Dans les pays à faible revenu, seulement 20 à 30 pour cent des enfants complètent leur scolarisation avant d’entrer dans la vie active à l’âge de 15 ans et davantage encore quittent l’école avant cet âge, indique une nouvelle étude de l’OIT préparée pour la Journée mondiale contre le travail des enfants.
Le Rapport mondial sur le travail des enfants 2015: Ouvrir aux jeunes la voie du travail décent montre que les jeunes qui ont subi la contrainte du travail quand ils étaient enfants sont invariablement plus enclins à se rabattre sur des emplois familiaux non rémunérés et à occuper des emplois faiblement rémunérés.
«Notre nouveau rapport montre la nécessité d’adopter une approche politique cohérente qui s’attaque au travail des enfants et à la pénurie d’emplois décents pour les jeunes. Faire en sorte que les enfants aillent à l’école pour y recevoir une bonne éducation au moins jusqu’à l’âge minimum d’accès à l’emploi va déterminer toute leur vie. C’est la seule façon pour eux d’acquérir les connaissances et les compétences de base indispensables à la poursuite de leur apprentissage et à leur future vie professionnelle», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.
Pour relever ce défi, le co-lauréat du Prix Nobel de la paix 2014, Kailash Satyarthi, qui s'adressera à la Conférence internationale du Travail de l'OIT le 11 Juin, appelle à un changement de mentalité: «Quand nous considérons nos enfants biologiques, nous pensons qu'ils sont nés pour devenir médecins, ingénieurs, professeurs... et que le monde est à eux. Mais lorsque nous parlons d'autres enfants, nous pensons, ok, ce sont de pauvres enfants qui malheureusement doivent travailler, nous allons lentement les aider. Considérons tous les enfants comme nos propres enfants".
Principales conclusions
Le rapport aborde le double défi d’éliminer le travail des enfants et d’assurer un travail décent aux jeunes. S’appuyant sur une enquête menée dans 12 pays, le rapport a examiné les carrières des anciens enfants travailleurs et de ceux qui ont quitté précocement le système scolaire.
Les principales conclusions du rapport sont les suivantes:
• L’enrôlement préalable dans le travail des enfants est associé à un faible niveau d’instruction et, plus tard dans leur vie, à des emplois qui ne remplissent pas les critères minimaux du travail décent;
• Ceux qui quittent l’école de manière précoce ont à la fois moins de chance d’obtenir des emplois stables et plus de risque de demeurer en dehors du monde du travail;
• Dans de nombreux pays, une forte proportion des 15-17 ans occupent des emplois classifiés comme dangereux ou relevant des pires formes de travail des enfants;
• Ceux qui exercent des activités dangereuses sont plutôt ceux qui ont quitté l’école tôt, avant d’avoir atteint l’âge minimum d’admission à l’emploi.
Le rapport recommande d’intervenir tôt pour sortir les enfants du travail des enfants et les ramener à l’école, ainsi que de prendre des mesures pour faciliter la transition de l’école vers des perspectives de travail décent pour les jeunes.
Une attention particulière devrait être accordée aux 47,5 millions de jeunes âgés de 15 à 17 ans qui effectuent des travaux dangereux ainsi qu’aux vulnérabilités spécifiques des filles et jeunes femmes.
«Les politiques nationales devraient être dédiées au retrait des jeunes des emplois dangereux ou à l’élimination des dangers sur les lieux de travail», a déclaré M. Ryder.
Les estimations les plus récentes de l’OIT évaluent à 168 millions le nombre d’enfants astreints au travail des enfants, dont 120 millions âgés de 5 à 14 ans. Le rapport souligne combien il est crucial d’intervenir très tôt dans le cycle de vie contre le travail des enfants.