En Libye, onze champs pétroliers ont été déclarés en état de force majeure par la compagnie nationale libyenne, après les dernières attaques des islamistes du groupe EI.
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L'anarchie s'aggrave en Libye et elle est aussi pétrolière. Ce ne sont plus deux camps mais trois qui s'affrontent sur le terrain : les forces du gouvernement de Tobrouk reconnu par l'ONU, celles de l'organisation Aube de Libye qui tient Tripoli, et désormais les islamistes qui font des incursions répétées dans le Sud, et qui se réclament de plus en plus de l'organisation Etat islamique.
La traduction pétrolière de ce chaos, c'est que les terminaux portuaires, qui devraient permettre d'exporter le brut, fonctionnent en pointillé. Le terminal de Sarir, près de Tobrouk, à l'Est, a rouvert la semaine dernière, mais Ras Lanouf et Es-Sider, qui devraient évacuer la moitié du pétrole libyen, sont toujours hors service. Quant aux champs pétroliers censés les alimenter, ils sont de plus en plus la cible d'attaques islamistes.
Elles ont fait une dizaine de morts à Mabrouk le mois dernier, le groupe français Total qui exploitait ce gisement avec la Compagnie nationale libyenne (NOC) l'a mis à l'arrêt. La situation a empiré en début de semaine, les jihadistes s'en sont pris aux champs de Bahi et Dahra, et ils ont repris quelque temps Mabrouk, que la NOC a récupéré très endommagé, avant de déclarer onze champs pétroliers de cette région en état de force majeure, c'est-à-dire qu'elle n'a plus d'obligation contractuelle vis-à-vis de ses clients. Ces attaques et ces destructions même d'infrastructures par les jihadistes auraient de quoi mettre le feu aux cours du pétrole.
Pourtant, ce n'est pas ce qui se produit. Les marchés du pétrole, suralimentés, négligent la production libyenne parce qu'elle est devenue négligeable. A mesure que les compagnies étrangères ont évacué leurs ressortissants, elle s'est réduite à 200 000 barils par jour le mois dernier, souligne Philippe Sébille-Lopez, expert du cabinet Geopolia. Un chiffre ridicule comparé au million 600 000 barils quotidiens qui sortaient avant la mort de Kadhafi. Seule la production en mer, pompée directement par les tankers, est véritablement à l'abri, mais ce potentiel n'est pas encore très développé.