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Date :  2014-06-10
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Gouvernance des océans : les multinationales et leurs alliés à l’assaut de la haute mer

Source :  Ritimo


Le 8 juin est déclaré par les Nations Unies Journée mondiale des océans. C’est l’occasion pour de nombreuses organisations de rappeler leurs propositions pour faire pression sur l’ONU et que son Assemblée Générale mette en place un renforcement de la gouvernance de la haute mer, au-delà des 200 milles des zones économiques exclusives. Ceci est d’autant plus nécessaire que les océans constituent la "nouvelle frontière", où se trouvent les ressources de l’avenir qui peuvent alimenter la croissance bleue : ressources minérales, ressources énergétiques fossiles et marines, ressources génétiques. Mais ce projet s’inscrit également dans la dynamique du Partenariat mondial pour les océans, partenariat public-privé, initié par la Banque mondiale et promu par l’ONU. Ce partenariat est contesté par les organisations de pêcheurs artisans et des scientifiques. On peut en effet être inquiet sur la nature des acteurs et des projets, ainsi que les bénéficiaires réels de cette gouvernance, quand on examine le résultat de la politique mise en place aux États-Unis en réponse à la crise des ressources halieutiques.

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Photo : Philippe Savoye



En dix ans, la privatisation des droits de pêche a certes permis une amélioration des stocks, mais au prix d’une concentration extrême des droits entre les mains de grosses entreprises. On voit même apparaître des fonds d’investissements étrangers, comme le souhaitait d’ailleurs une ONG libérale, Environmental Defense Fund. Un fonds d’investissement de la City a ainsi pris le contrôle d’une grande société américaine qui domine le juteux secteur de la pêche des pétoncles. Associer la croissance bleue à la protection de l’environnement semble contradictoire, sauf s’il s’agit de marginaliser les pêcheurs et leur activité, au prétexte qu’il existe effectivement des pratiques incontrôlées, en interdisant par exemple toute pêche en haute mer, alors qu’elle ne concerne pas seulement la pêche industrielle. On peut s’interroger lorsqu’on examine la composition des groupes qui avancent des propositions de ce type ou la création d’une Aire marine protégée pour l’ensemble de la haute mer. Dans la Commission Océan Mondial, initiée par la Fondation Pew, qui a impulsé la politique de privatisation aux États-Unis, on retrouve la même association de représentants d’ONG conservationnistes et conservatrices, de fonds d’investissements, des hommes politiques de très haut niveau (ex-ministres ou présidents) et Pascal Lamy. Quand cette Commission s’associe au World Ocean Council, où se retrouvent les grandes compagnies minières, pétrolières et autres, on peut être inquiets des décisions qui vont être prises.

Au nom de la protection de l’environnement, on risque d’assister à un partage de l’espace entre des Aires marines protégées, confiées à de grandes ONG conservationnistes, et le reste des territoires livré à une exploitation intensive, bien sûr contrôlée. En Europe, l’appel de la commissaire Maria Damanaki à soutenir la croissance bleue s’accompagne d’un appel à « rassembler, après 2020, les grands acteurs du monde de la recherche, de l’entreprise et de l’éducation au sein d’une communauté de la connaissance et de l’innovation (CCI) pour l’économie bleue ». Ces CCI sont soutenus par une fondation de dix multinationales. Des entreprises minières échafaudent déjà des plans pour lancer sur les côtes européennes l’extraction de minerais. Une nouvelle vie sous-marine pour l’industrie minière en Cornouailles ? Dans le Pacifique, plusieurs compagnies ont aussi expérimenté avec succès des essais d’exploitation des ressources minières des fonds marins. Leur intérêt se concentre sur la zone de fracture Clarion-Clipperton très riche en minéraux.

Que pèsent les pêcheurs devant de telles puissances ? La FAO finalise l’adoption de " Directives d’application volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale".. Mais, dans le même temps, elle est impliquée dans l’appui au Partenariat mondial pour les océans, rejeté par les organisations de pêcheurs artisans. La haute mer sera-t-elle fermée à la pêche, y compris artisanale, pour être plus ouverte aux puissances militaires, industrielles et financières ?

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