Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) se félicitent du lancement aujourd’hui à Addis-Abeba de la première campagne de l’Union africaine destinée à mettre fin aux mariages d’enfants.
« Avant, on entendait les voix de certains Africains et Africaines préoccupés par le problème. Ce que nous observons à présent, c’est un mouvement de dirigeants et d’organisations de l’Afrique entière qui, ensemble, disent : “Non au mariage d’enfants” », a affirmé M. Martin Mogwanja, Directeur général adjoint de l’UNICEF, à Addis-Abeba. « Cette campagne menée par les Africains pour les Africains ne doit pas s’arrêter avant que chaque fille de chaque famille et de chaque communauté ait obtenu le droit d’atteindre son dix-huitième anniversaire avant de se marier. »
Bien que des acteurs de la société civile fassent pression, depuis des années, pour trouver une solution à cette question du mariage d’enfants, c’est la première fois qu’un aussi grand nombre de responsables de gouvernements, d’organisations, d’institutions des Nations Unies et de particuliers, notamment des jeunes et des enfants, promettent de mettre fin ensemble à une coutume qui abrège l’enfance de plus de 17 millions de filles – 1 sur 3 – sur tout le continent.
« Les données montrent très clairement que le mariage d’enfants représente d’abord et avant tout une menace sérieuse pour la vie des jeunes filles, leur santé et leurs perspectives d’avenir et qu’il bafoue leurs droits fondamentaux, » a déclaré le Dr Julitta Onabanjo, Directrice régionale de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. « Les coûts de l’inaction, en terme de droits qui ne sont pas concrétisés, de potentiel individuel compromis et de possibilités de développement personnel perdues, dépassent de loin les coûts des interventions. Ensemble, nous pouvons mettre fin au mariage d’enfants et c’est ce qui se passe en ce moment en Éthiopie, au Malawi, au Niger et dans de nombreux autres pays. »
Cette campagne devrait durer pendant une période initiale de deux années avec des lancements au niveau national prévus dans dix pays. D’autres pays sont sur le point de se joindre à ce mouvement. Des politiques et des initiatives menées au niveau local ont pour but de mieux sensibiliser la population du continent africain à l’impact du mariage sur les enfants et leurs sociétés. Comme les filles destinées à être mariées viennent souvent des familles les plus marginalisées des sociétés d’Afrique, un engagement politique vigoureux et soutenu sera nécessaire pour que soient adoptées des mesures juridiques, institutionnelles, sociales et économiques permettant de les mettre à l’abri du mariage d’enfants.
Dans le monde, neuf des dix pays ayant les taux les plus élevés de mariage d’enfants se trouvent en Afrique, à savoir le Niger (75 %), le Tchad et la République centrafricaine (68 %), la Guinée (63 %), le Mozambique (56 %), le Mali (55 %), le Burkina Faso et le Soudan du Sud (52 %) et le Malawi (50 %).
« C’était un mariage forcé et j’ai beaucoup souffert, » a déclaré Barira, âgée aujourd’hui de 17 ans et qui s’est enfuie de son foyer au Niger après avoir été mariée, à l’âge de 15 ans, à un homme violent. « Sans raisons, il me menaçait chaque fois que j’ouvrais la bouche. J’ai rencontré des gens sur la route qui m’ont ramenée chez mes parents. Ils voulaient que je retourne aller vivre avec lui mais j’ai refusé. Ils ont insisté en faisant valoir qu’il était un membre de la famille et que je n’étais pas en situation de dire non. Je ne pouvais pas accepter car il me frappait… C’était beaucoup de souffrances. »
Outre l’UNFPA et l’UNICEF, cette campagne réunit un vaste éventail de partenaires dont la Fondation Ford, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CENUA), Save the Children, Plan international, le Forum africain de la politique de l’enfant (ACPF) et le Département pour le développement international (DFID) du Royaume-Uni.