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Date :  2014-05-13
langue :  Français
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Considérations sur le Projet de la Déclaration universelle de la Démocratie

Source :  Gabriella Bianco

ÉDUCATION POUR LA DÉMOCRATIE.

Considérations sur le Projet de la

DÉCLARATION UNIVERSELLE DE LA
DÉMOCRATIE


de

Gabriella Bianco
Avril-mai 2014


Le GERM (le groupe d’études et de recherches sur les mondialisations) de Paris, dont le président est le Dr. François de Bernard, s’occupe de présenter un Projet de DÉCLARATION UNIVERSELLE DE LA DÉMOCRATIE- lancé en 2012 par Federico Mayor et Karel Vašák auprès du « Forum Mondial pour la Démocratie » réalisé par le Conseil d’Europe du 8 au 11 octobre de 2012 -, dans l’espoir de recueillir des éléments significatifs dans la discussion sur la question de la démocratie dans le monde. J’ai considéré donc d’extrême importance le fait que, dans le cadre du Congrès de Rabat, d’autres voix soient écoutées, des intellectuels de provenance des pays arabes et de l’Afrique.

Dans un contexte d’apparents progrès pour l’humanité, on registre la dégradation continuelle des conditions de vie des secteurs populaires, soit dans le monde ainsi-nommé développé, soit dans le reste du monde. Donc la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) devraient être complétées par d’autres documents qui réaffirment leur caractère démocratique, du moment aussi que dans la Charte on me mentionne pas le terme « démocratie »…c’est tellement vrai qu’on n’a pas besoin d’être démocratique pour être admis comme membre des Nations Unies !
Si les droits humains peuvent être exercés seulement dans le cadre de la démocratie, il faut quand même la définir…ou redéfinir, incluant la précision des domaines politiques, économiques, sociaux, culturels qui concernent un système qui se définit comme démocratique. De ce point de vue dans le chapitre V Démocratie culturelle et Culture démocratique de la Déclaration, on souligne le rôle de l’éducation (EFA), de la liberté d’expression et du libre accès à une information plurielle.
L’optique que cette pré-déclaration nous propose est que la démocratie n’est pas un « optional », mais la clé pour solutionner le désordre du monde actuel, dont la crise n’est pas seulement économique, mais morale, ontologique et existentielle.

Par rapport à la démocratie, il faut comprendre que sa nature est un modus vivendi en faveur de la paix pour le véritable progrès de l’humanité, restaurer l’équité, libérer les énergies prisonnières du système, surtout dans les régimes et les gouvernements qui ne sont pas démocratiques.
Aux raisons exposées dans la pré-déclaration, liées aux régimes totalitaires et la présence de dictatures dans une grande partie du monde, qui déterminent la crise actuelle de la démocratie , j’aimerais ajouter:

a) Il y a une tension croissante entre les démocraties contemporaines et les « sociétés de marché », dont les politiques économiques ont la tendance à concentrer la propriété et les gains, augmentant de cette manière l’ émargination et la pauvreté. Ces politiques économiques, ces systèmes financiers et les corporations internationales – qui cooptent les gouvernements et les parties politiques –ont produit un croissant affaiblissement de l’état de droit et des droits économiques et sociaux, jusqu’à leur extinction ou une grave diminution, comme en Grèce, en Espagne et dans la même Union européenne…

b) Cela conduit à la restriction dans les politiques des droits humains et des principes démocratiques dans plusieurs pays européens et du monde. Les législations anti-terrorisme – comme aux États Unis – ont adoptées des mesures qui sont incompatibles avec les libertés civiles. En plus, dans les pays où on a vécu le « printemps arabe » on voit l’application de normes restrictives, contre les mouvements sociaux et les manifestations publiques. Au même temps, les apparats répressifs augmentent, qui constituent un véritable attentat contre l’application et l’approfondissement de la démocratie, contre les peuples qui souffrent la violation de leur souveraineté et contre les dissidents qui sont souvent objet d’une répression injustifiée.

Je ferai donc les observations suivantes :

1. Cette pré-déclaration rentre clairement dans l’esprit du néo-libéralisme, qui dans sa propre nature, minimise les droits humains. En considérant la relation essentielle entre démocratie et droits humains, il faut dénoncer le caractère essentiellement anti-humanistique et anti-solidaire de l’apologie du marché, considérée comme le seul mécanisme pour l’organisation de la vie communautaire.
Dans cette pré-déclaration il faut donc dénoncer le caractère problématique des politiques néolibérales, en faveur du pluralisme contre la pensée unique, en faveur de la participation et la démocratisation de la communication contre les monopoles médiatiques, en faveur de la justice sociale contre la privatisation de toute production sociale, en faveur de la satisfaction des nécessités des groupes moins favorisés contre la marginalisation et l’hyperconsommation, en faveur de la gratuité de l’éducation contre le mercantilisme éducatif, en faveur de la liberté syndicale et la législation du travail, en faveur du respect de l’environnement et du sous-sol contre la déprédation de la nature.

2. Une mention particulière - en relation aux principes fondamentaux de la démocratie - mérite le chapitre III dédié à la « démocratie économique ». Ce chapitre, dans une déclaration qui a des prétentions d’universalité, devrait, à mon avis, être entièrement modifié, du moment qu’il reflète ce que nous venons de dénoncer :

a– les principes du libre marché;
b– la libre compétition;
c– la ainsi-nommée prospérité partagée ;
d– la libre entreprise ;
e- le libre commerce ; la libre inversion ; les droits de propriétés, etc.…


...qui sont les caractéristiques du système néo- libérale et du capitalisme, qui privilégie le profit et sacrifie l’individu et l’intérêt général. Ces références semblent indiquer que, dans une forme différente de société, comme dans le cas de la « démocratie directe », la démocratie n’existe pas.

3. Cette pré-déclaration reflet clairement le point de vue occidentales et on note l’absence de l’Amérique Latine et du reste du monde – monde arabe, le sud du monde, le monde oriental (Chine, Japon, Inde, etc.). En particulier, l’Amérique Latine est en train de vivre une étape post-néo-libérale, où les postulats de cette pré-déclaration – la démocratie associée aux droits humains – sont décisifs et actuellement décidément plus appliqués que dans le monde occidental, qui a produit ce document.
4. Dans ce pré-projet on attribue décidemment une excessive centralité au Parlement, c’est-à-dire à la « démocratie représentative », en détriment de celle qu’on peut appeler la « démocratie directe », comme les assemblées constituantes, le pouvoir populaire, les conseilles de femmes, les centres d’étudiants, les cultures autochtones, les migrants, en bref, les cultures traditionnellement exclues, qui constituent les sujets qui contribuent à créer des démocraties plus directes, plus substantives, plus libératrices.

Une « déclaration universelle de démocratie », qui ne tient pas compte des contextes culturels et historiques, ne peut prétendre ni l’universalité ni la justice et est donc problématique.
Je crois, au contraire, que, pour arriver à une déclaration réellement universelle, il faut ouvrir un espace de discussion - ce que j’essaie de faire ici avec mon intervention – où les notions d’ universalité et de démocratie surgissent du dialogue – ouvert et critique - – parmi les peuples, vers une démocratie qui peut aussi être définie comme « alternative », alternative au modèle du néolibéralisme.

5. Si la véritable démocratie se définie comme autogouvernement, elle est la « démocratie du peuple » pas la démocratie pour le peuple, dont les désires sont légitimes dans les limites que « le peuple désire ce qu’il doit désirer », établis par un système qui prétend être en possession de la vérité en forme dogmatique et paternaliste. La veritable démocratie devrait rompre les limites « pour le peuple », afin que l’individu et les peuples puissent assumer l’incertitude et le défis de leur destin. Dans l’humanisme moderne, l’homme devrait être libre de choisir le bien et le mal… seulement ainsi nous saurons si la démocratie – et la liberté – valent la peine.

6. Finalement, le terme universel est un terme problématique, du moment qu’il peut été employé comme stratégie de domination et pas pour unifier et reconnaître les différentes cultures et les valeurs qu’elles expriment et qui ne sont pas représentées dans cette pré-déclaration.
Nous devons donc faire attention à utiliser le terme « universalisme », dans cette « Déclaration universelle de la démocratie », - tout en considérant qu’elle a été rédigée pour être présentée aux Nations Unies - du moment qu’elle peut se convertir dans un instrument de plus pour légitimer les politiques hégémoniques - et s’imposer au monde au nom de la « démocratie libérale » qu’elle soutient.



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