Il fut un temps où on laissait le développement durable aux seuls écologistes. Epoque révolue, comme en témoigne la création d'un secrétariat d'Etat chargé de cette question au sein du gouvernement Raffarin. Le 1er juillet, à Rennes, en vue du sommet de Johannesburg sur le développement durable, en septembre, sa titulaire, Tokia Saïfi, a énoncé ses priorités: «humaniser la mondialisation», «réconcilier environnement et développement» et «promouvoir une solidarité générationnelle». Avec une démarche volontairement pédagogique, fondée sur la valorisation des initiatives locales pour populariser une notion encore peu connue des Français. Des idées dans la continuité de la définition proposée en 1987 par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland, dans le rapport de l'ONU fondateur du concept: «Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.»
L'UDF, elle, va jusqu'à prôner «l'universalisation du développement durable».
Mais, derrière cet objectif repris en chœ;ur depuis peu par toute la classe politique, chacun cherche à surfer à sa manière sur la vague du développement durable. «Une notion dans le droit-fil de la tradition internationaliste du socialisme», assure ainsi Géraud Guibert, secrétaire national à l'environnement du PS, pour qui elle passe d'abord par «une intervention forte du politique et de l'action publique». Chez les socialistes, on parle de plus en plus de la «croissance durable», expression maison.
A droite aussi, on avoue beaucoup plancher sur le sujet, à en croire Nathalie Kosciusko-Morizet, conseillère pour le développement durable auprès du Premier ministre jusqu'au 19 juillet. Pour elle, ce thème s'intègre bien dans le projet gaulliste en remettant «l'homme au cœ;ur du problème». L'UDF, elle, va jusqu'à prôner «l'universalisation du développement durable», synonyme de décentralisation, de proximité, mais aussi de baisse des charges sur le travail!
Il fallait aux Verts garder une longueur d'avance, en rebaptisant une notion si cooptée. Favorables au «développement soutenable», ils réclament une réforme fiscale, et surtout une remise en question de la logique de croissance de l'économie. Les voici de nouveau à la pointe du lexique écologique, désormais un peu fourre-tout.