La quête de la justice sociale est aussi ancienne que l'humanité elle-même. Elle a fait partie de la réflexion philosophique et du discours politique depuis des siècles et elle a mérité l'attention de certains des plus grands esprits de diverses cultures qui ont établi les fondements intellectuels des domaines diverses de travail de l'UNESCO. Les conceptions de la justice sociale ont généralement guidé la transformation sociale, aboutissant parfois à des résultats brillants tels que la reconnaissance universelle des droits de l'homme qui est le principe reconnu d’aujourd’hui pour construire un monde meilleur.
La justice sociale est un terme abondamment utilisé dans le discours universitaire, politique et ordinaire même si elle n'est pas communément définie avec clarté. Néanmoins, la gravité et l'extension de maux sociaux actuels, y compris mais sans y être limité, la pauvreté mondiale massive, les inégalités sociales répandues, et la dégradation de l'environnement intenable, indiquent clairement que le manque d'équité et la violation prolongée des droits s’attaquent aux fondements reconnus de la justice. Beaucoup de sociétés contemporaines sont généralement perçues comme des sociétés injustes pour une bonne raison : ce que les gens considèrent comme leurs droits légitimes, notamment le droit à la vie, le plus fondamental de tous les droits, sont violés quotidiennement.
Les avancées technologiques, la mondialisation et la croissance économique ne peuvent pas constituer le progrès si elles ne parviennent pas à atteindre les plus vulnérables, qui dans de nombreux pays constituent la majorité absolue des gens, en particulier les femmes. Les gouvernements ne doivent pas se référer aux processus en dehors de leur contrôle immédiat, comme la récession mondiale ou renoncer à leurs responsabilités d’assurer le bien-être de leurs citoyens fondé sur les droits. La pauvreté, les inégalités et les injustices sociales au sein des pays ainsi qu’entre les pays doivent être combattues et cela nécessitera à traiter les asymétries de pouvoir et la réduction des privilèges des acteurs économiques et financiers mondiaux. De nouveaux partenariats mondiaux devraient être fondés sur les droits, la négociation démocratique et la provision de biens publics mondiaux.
L'UNESCO s'est engagée dans un programme universel de la justice sociale fondée sur la solidarité, l'interdépendance, le respect de la diversité culturelle, l'accomplissement des objectifs sociaux découlant de processus participatifs, et le développement des mécanismes de responsabilisation. L'Organisation a inclus dans le programme des sciences sociales et humaines une nouvelle initiative d'envergure sur la justice globale et l'éradication de la pauvreté qui est en cours de lancement dans le cadre de la nouvelle Stratégie à moyen terme (2014-21) et du Programme de l'UNESCO (2014-17) qui ont été adoptés par la Conférence générale en novembre 2013.
Dans ce contexte, une réunion d'experts sur « La justice globale, l'éradication de la pauvreté et le Programme de développement au-delà de 2015 » sera organisée conjointement avec le Conseil international des sciences sociales (CISS) et se tiendra à Paris, les 28 et 29 avril 2014. La réunion vise à produire une contribution de haut niveau à deux processus en cours, notamment à : (a) l'élaboration par la communauté internationale d'un Programme de développement au-delà de 2015, et (b) la préparation du 3e Forum mondial des sciences sociales, qui se tiendra à Durban, Afrique du Sud, en septembre 2015, et à la prochaine édition du Rapport mondial des sciences sociales, qui sera publié en 2016.