Qu’attendent les employeurs de leurs employés? Pour la plupart, qu’ils travaillent dur, qu’ils soient ponctuels, disciplinés, créatifs, proactifs, qu’ils aient l’esprit d’équipe, qu’ils prennent des risques, qu’ils soient des champions dans leur domaine, responsables, respectueux, motivés par les résultats, positifs, compétitifs, pleins d’enthousiasme et d’énergie.
Ces qualités que l’on qualifie de «savoirs comportementaux» sont des attentes communes à l’ensemble du monde du travail. Mais on les retrouve aussi dans un autre univers qui est très populaire parmi les jeunes: le sport.
Les employeurs s’abstiennent souvent d’embaucher des jeunes en raison de leur manque apparent de savoir-être plutôt que du fait d’un manque d’expérience qu’ils peuvent finalement acquérir par une formation interne. C’est pourquoi comprendre comment les compétences comportementales que l’on peut développer à travers le sport – comme l’éthique, l’attitude, la communication – s’appliquent au monde du travail nous offre un point de vue intéressant sur l’employabilité des jeunes.
La question est simple: n’est-il pas étrange de penser que les jeunes peuvent exceller dans le sport mais ne possèdent pas les compétences requises pour les emplois qu’ils convoitent? Et comment se fait-il qu’on ne prenne en considération que les qualifications formelles au cours du processus d’embauche?
Un certain nombre de programmes ont déjà essayé de résoudre cette dichotomie, y compris par le biais d’initiatives comme «A Ganar» en Amérique latine et «Just play», un programme de la Confédération océanienne de football conçu pour contribuer aux priorités de développement de la communauté dans les îles du Pacifique. Ce dernier cible les enfants âgés de 6 à 12 ans mais il est prévu de l’étendre à d’autres pays et d’autres catégories d’âge. La Fédération internationale de football (FIFA) a fait part de son intérêt pour cette idée.
En effet, dans la région Pacifique, où le sport joue un rôle très important dans la vie et où le chômage des jeunes est répandu, faire le lien entre les deux questions est tout à fait judicieux. L’OIT plaide depuis longtemps pour le développement du sport et l’emploi des jeunes en soutenant des programmes pour les jeunes, le sport et la paix. En 2006, elle a également publié un ouvrage «Beyond the Scoreboard» (Derrière le tableau d’affichage), publié par Giovanni di Cola, qui passe en revue les possibilités d’emploi pour les jeunes et le développement des compétences par le sport.
La récente Conférence de la jeunesse et des sports du Pacifique qui s’est déroulée à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, du 2 au 7 décembre, fut une excellente occasion d’aborder les nombreux idées et programmes mis en œuvre dans la région en matière de jeunes et de sport.
La conférence était consacrée à trois thèmes: la santé, l’inclusion sociale, l’éducation et le renforcement des capacités.
En quoi ces questions sont-elles liées au sport? D’abord, le sport peut être utilisé pour enrayer les maladies non contagieuses, prévenir les infections sexuellement transmissibles et les grossesses précoces, et pour améliorer la santé mentale. Deuxièmement, le sport n’est pas seulement un facteur d’insertion sociale, il peut aussi contribuer à prévenir les violences domestiques tout comme les comportements antisociaux. Et, troisièmement, le sport peut contribuer à encourager l’assiduité scolaire, à développer une série de savoir-être et savoir-vivre, et encourager une citoyenneté active.
Attirer les jeunes sur un terrain de foot ou de rugby peut être un moyen efficace de renforcer leur confiance en soi et de leur enseigner de nouvelles compétences. Tandis que cela ne remplacera pas toujours les méthodes plus traditionnelles de formation, cela nous offrira une chance d’élaborer des programmes innovants pour l’emploi des jeunes.
http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/comment-analysis/WCMS_232780/lang--fr/index.htm