Dans le cœur de la forêt guatémaltèque, une petite communauté indigène survivait dans une région où l’incroyable beauté de la nature contraste brutalement avec la dure réalité économique.
Une nouvelle tendance en faveur du tourisme écologique et culturel et l’inventivité des villageois ont apporté des améliorations au mode de vie et au bien-être des peuples autochtones.
Pour Juan de la Cruz, une personnalité locale, le tourisme communautaire a représenté une solution pour échapper à la pauvreté. En ouvrant l’hôtel «Nuboso Maya Pokomchi» il y a quelques années, il a amélioré sa propre situation et mobilisé tout le village pour promouvoir la culture indigène et la communauté grâce au tourisme. Les membres de la communauté proposent des visites guidées dans la forêt proche et les femmes se sont lancées dans la production et la vente de produits artisanaux traditionnels.
Cette nouvelle source de revenus a contribué à garantir la sécurité alimentaire de la communauté.
«Le tourisme dans les communautés rurales et la culture indigène vont de pair. Une vision complète du développement suppose que la pérennité recouvre tous les aspects: économique, social, culturel et environnemental», explique Carlos Maldonado, spécialiste principal en développement des entreprises au BIT.
Cette forme de tourisme répond aussi aux besoins d’une nouvelle génération de voyageurs. Plutôt que de passer leurs vacances dans des hôtels en bord de mer, les touristes recherchent de plus en plus des solutions écologiques et durables.
Selon l’Organisation mondiale du tourisme, la demande pour des expériences de «tourisme durable», comprenant, entre autres, l’écotourisme, le tourisme vert, culturel, rural ou d’aventure, progresse de manière régulière.
Promouvoir les «cultures vivantes»
Au Guatemala, les projets comme l’hôtel Nuboso Maya Pokomchi ont été rendus possibles grâce au soutien technique et financier apporté par la FENATUCGUA (Fédération nationale du tourisme communautaire du Guatemala). La Fédération fut créée en 2004 avec l’appui du projet ETEDPI de l’OIT (L’éducation dans le travail, l’emploi et les droits des peuples indigènes).
«Le projet ETEDPI a beaucoup contribué à sortir les peuples autochtones de la pauvreté. Il a offert des écoles aux indigènes adultes pour lutter contre l’illettrisme et pour les former à diverses compétences. Maintenant, ils peuvent lancer leurs propres microentreprises et gérer leurs propres ressources. Par conséquent, leur situation économique s’est considérablement améliorée», déclare Ericka Cal, présidente de la FENATUCGUA.
Le but du projet, qui a débuté en 2004 et s’est achevé en 2006, était de réduire la pauvreté et l’exclusion sociale parmi les peuples autochtones du Nicaragua, du Honduras et du Guatemala en créant des emplois et des sources de revenus, en dispensant une éducation et une formation professionnelle et en appliquant les normes internationales du travail pour les peuples autochtones, y compris la convention (n° 169) de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989.
La convention n° 169 de l’OIT souligne la valeur des cultures uniques des peuples indigènes et tribaux et reconnaît tout un ensemble de droits, y compris le droit de consultation et de participation dans les décisions qui les concernent, qui sont essentiels dans les processus de développement autodéterminés.
Le projet a permis aux indigènes guatémaltèques de préserver leur héritage culturel et leurs terres en encourageant l’autogestion économique et le renforcement de leurs institutions d’auto-administration traditionnelles. Les communautés indigènes se sont vu reconnaître le droit de se faire entendre et de négocier de façon autonome avec les principales institutions gouvernementales, le secteur privé et les agences internationales de coopération.
Selon Carlos Maldonado, cela est particulièrement important dans un pays où 43 pour cent de la population sont descendants d’indigènes et souffrent de discriminations fortement enracinées et des séquelles d’une guerre civile qui a duré près de 40 ans. Dans cette perspective, le tourisme leur offre une occasion d’obtenir un moyen de subsistance pérenne tout en préservant leurs territoires et leur culture.
Depuis 2006, l’OIT a continué de travailler en étroite collaboration avec les Guatémaltèques et les autres pays d’Amérique centrale afin de promouvoir le tourisme communautaire. Au seul Guatemala, des initiatives consolidées émanant de 17 communautés sur un total de 45 ont rejoint le «Portail des cultures vivantes», la siège virtuel du projet Redturs de l’OIT.
Créé en 2001, Redturs est le secrétariat technique d’un réseau de développement durable qui couvre aujourd’hui 13 pays d’Amérique latine. Le réseau facilite les échanges d’information, diffuse l’expérience promotionnelle et commerciale, et donne accès aux services de développement des entreprises, par exemple, en dispensant des formations. Les derniers ateliers de Redturs, organisés par le gouvernement du Guatemala et le BIT, se sont déroulés en novembre 2008.
L’OIT a également organisé un certain nombre de réunions techniques nationales et régionales pour donner aux membres des communautés indigènes les qualifications nécessaires pour promouvoir le tourisme sur leurs terres ancestrales tout en respectant et en protégeant leur culture et leur héritage.
En 2009, un projet a été lancé au Guatemala dans le cadre du programme de promotion de la convention n° 169 de l’OIT (PRO169) en vue de promouvoir les droits des peuples autochtones par la formation, le renforcement des capacités et le conseil juridique sur la convention n° 169 (Note 1).
Note 1 - Davantage de détails sur les activités de PRO169 peuvent être obtenus sur www.ilo.org/indigenous. Des matériels de formation sur les droits des peuples autochtones, notamment des vidéos et des présentations PowerPoint, sont disponibles sur www.pro169.org.
Egalement sur notre site: Peuples indigènes et tribaux