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Date :  2009-05-20
langue :  Français
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La difficile question du charbon


Les temps économiques difficiles que nous traversons ont conduit un certain nombre de pays à déclarer que nous devrions revoir à la baisse nos ambitions en matière de lutte contre le changement climatique et retarder le passage à une économie faiblement émettrice de carbone. L'argument avancé est que les États doivent se concentrer sur la reprise économique, et non sur la lutte contre le changement climatique. Le passage à une production verte et à faible empreinte carbone comme la négociation d'un accord mondial sur le changement climatique pourraient donc attendre et être mis provisoirement en suspens.

Mais l'action du Royaume-Uni démontre que le choix entre le soutien de l'économie et la protection de l'environnement est des plus fallacieux. Les Britanniques savent que le chemin de la construction de notre économie future passe par une reprise durable, à faible empreinte carbone. Cette évolution est primordiale pour créer des emplois et de la croissance dans de nouveaux secteurs. Au mois d'avril, nous avons mis en place nombre de mesures qui soutiendront ce passage à long terme à une économie verte sobre en carbone.

Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, a non seulement présenté le budget pour le prochain exercice, mais également les tout premiers budgets carbone. Ceux-ci plafonnent les émissions de notre pays sur trois périodes quinquennales, jusqu'en 2022. Ils comportent également un objectif juridiquement contraignant de réduction des émissions, au plus tard en 2022, à un niveau inférieur d'au moins 34 % à celui de 1990. Ainsi, nous serons à même d'atteindre notre objectif de réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990, au plus tard en 2050. De manière significative, nous nous sommes assigné pour objectif d'exécuter les budgets carbone en nous focalisant sur l'action intérieure, la première période quinquennale prévoyant des plafonds zéro pour les crédits internationaux, en dehors du système des crédits d'émission de l'Union européenne. Nous prévoyons de renforcer encore le budget, sous réserve de l'obtention de l'accord mondial ambitieux dont nous avons besoin lors du sommet qui se tiendra à Copenhague en décembre.

L'une des clefs de notre succès dans le domaine du changement climatique réside dans notre capacité à accélérer la diffusion des technologies propres, qui favorisent la création d'emplois et sont profitables à l'économie comme à la planète. Cette percée technologique est indispensable pour s'attaquer à la question la plus difficile, celle du charbon. L'avenir du charbon représente l'un des plus grands dilemmes auxquels nous soyons confrontés : il s'agit d'un combustible polluant utilisé de par le monde en raison de son faible coût et de sa flexibilité, qui permet aux producteurs de s'adapter aux fluctuations de la demande d'énergie.

J'ai récemment présenté devant le Parlement le projet du gouvernement pour procéder à la plus grande démonstration jamais organisée de capture et de stockage du carbone. Le projet s'articule autour des points suivants. D'abord, une avancée majeure dans le domaine de la technologie : quatre nouveaux projets destinés à présenter la capture et le stockage du carbone, l'échelle de chacun d'eux étant dix fois supérieure à celle du projet du même type le plus important actuellement en fonctionnement dans le monde. Ensuite, la fin du charbon tel que nous le connaissons. J'ai proposé l'adoption d'une nouvelle règle aux termes de laquelle aucune nouvelle centrale au charbon ne pourra être autorisée si elle ne fait pas la preuve de l'existence, à compter du premier jour, d'une capacité de capture de carbone correspondant à environ 25 % de la production de l'installation. Les demandes pour lesquelles la preuve de cette capacité de capture et de stockage n'aura pas été faite seront rejetées. Enfin, un engagement clair en faveur du charbon à faible empreinte carbone : une fois qu'il aura été démontré, de manière indépendante, que cette technologie a fait ses preuves, les centrales électriques devront l'utiliser non pas pour une partie, mais pour la totalité de leur production.

La capture et le stockage du carbone bénéficient déjà d'une coopération mondiale. Mais pour que le monde entier profite de cette technologie, il est impératif que cet effort s'intensifie dès cette année. Les avantages de cette technologie ne sont pas seulement environnementaux. Technologie, fabrication et production d'énergie verte sont riches en opportunités commerciales et potentiellement créatrices d'un grand nombre d'emplois. Nous avons tous entendu clairement les messages : le président Obama a engagé les Etats-Unis dans la lutte contre le changement climatique et en faveur des énergies propres. Lors de la réunion du G20 présidée par le Premier ministre britannique, Gordon Brown, les chefs d'Etat et de gouvernement se sont mis d'accord sur le fait que la reprise économique devait être durable et verte. C'est pour ces raisons que j'ai la conviction que le consensus international croissant en faveur d'un passage à une économie à faible empreinte carbone est signe d'espoir, et non de désespoir. En travaillant ensemble, par-delà les frontières nationales, nous pouvons à la fois éviter un changement climatique dangereux et voir nos économies reprendre d'une manière durable. Il s'agit là de la meilleure décision, tant pour notre époque que pour les générations futures.


Ed Miliband est le ministre britannique de l'Energie et du Changement climatique.



Tribune libre parue dans les Echos, édition du mercredi 20 mai 2009.


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