"Notre planète regorge de richesses naturelles et cette grande diversité biologique est fondamentale pour affronter la plus grave crise alimentaire des temps modernes”, souligne M. Alexandre Müller, Sous-Directeur général de la FAO. Tout en reconnaissant l’importance de la biodiversité pour la sécurité alimentaire, la FAO tire la sonnette d’alarme. Elle estime qu’environ les trois quarts de la diversité génétique variétale des plantes cultivées ont disparu au cours du dernier siècle et que des centaines de races animales sur les 7 000 recensées dans ses bases de données sont à risque d’extinction.
Seules douze espèces végétales et quatorze espèces animales assurent désormais l’essentiel de l’alimentation de la planète. L’érosion de la diversité génétique implique le recul des opportunités de croissance et d’innovation nécessaires pour relancer l’agriculture en pleine flambée des prix alimentaires.
En outre, avec le déclin de la biodiversité servant à l’alimentation et à l’agriculture, les approvisionnements alimentaires sont plus vulnérables et moins durables. L’agriculture devient moins capable de s’adapter aux défis environnementaux que la planète doit relever, comme le changement climatique ou la pénurie d’eau.
M. Müller, responsable du Département de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement à la FAO, ajoute: “L’érosion de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture met gravement en péril la sécurité alimentaire mondiale.
“Il nous faut redoubler d’efforts pour protéger et gérer judicieusement la biodiversité au service de la sécurité alimentaire. Son utilisation durable est capitale pour garantir un système d’approvisionnements alimentaires durable et stable.
“Nous exhortons la communauté internationale à intensifier son engagement et son action envers une intégration des questions de sécurité alimentaire et de biodiversité.”
Les déclarations de M. Müller coïncident avec l'ouverture en Allemagne de la Conférence mondiale sur la biodiversité (Bonn, 19-30 mai 2008), organisée par la Convention sur la diversité biologique (CDB), et à laquelle participent des représentants de quelque 190 pays ainsi que d’organisations internationales.
L’interface biodiversité-agriculture, le rythme accéléré de la déforestation et les moyens d’affronter les enjeux liés au changement climatique par l’utilisation de la biodiversité figurent parmi les thèmes à l’ordre du jour de la réunion de Bonn.
Le lien entre biodiversité et agriculture constitue également le thème de la Journée internationale de la diversité biologique célébrée à Bonn et dans le monde entier le 22 mai.
Des progrès à la FAO
La FAO considère depuis longtemps la diversité biologique comme étant au coeur de son mandat portant sur la nutrition, l’agriculture, les forêts et les pêches, et ses États membres sont en première ligne pour intégrer la biodiversité dans le contexte alimentaire et agricole.
Depuis la dernière réunion de la CDB, la FAO a fait de grands pas en avant dans de nombreux domaines:
- elle a publié la première évaluation mondiale sur l’état des ressources zoogénétiques, qui a été suivie de l’adoption par ses États membres d’un plan mondial d’action;
- la Conférence de la FAO a également ratifié un plan de travail décennal innovant, destiné à protéger toute la diversité génétique intéressant le mandat de l’Organisation;
- un nouveau mécanisme international pour l’échange des ressources phytogénétiques et le partage des avantages tirés de leur utilisation a été mis en place par le biais du Traité international de la FAO sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture;
- dans le monde entier, la FAO travaille avec les pays, les agriculteurs, éleveurs, gardiens de troupeaux, petits pêcheurs et communautés forestières et rurales, ainsi qu’avec les chercheurs, en vue de l’utilisation durable de la biodiversité et de sa conservation pour les générations futures.
Par ailleurs, la FAO coopère avec la CDB sur un vaste éventail de questions englobant la biodiversité forestière, marine et côtière et les zones protégées. Les initiatives de coopération phares entre les deux organisations concernent la biodiversité agricole et la biodiversité forestière.
La réunion de Bonn se tient deux ans avant la date limite fixée pour la réalisation de l’Objectif 2010 pour la biodiversité, adopté en 2002 par 110 Chefs d’État et de Gouvernement, consistant à réduire de façon significative le rythme de perte de la biodiversité au niveau mondial et national d’ici à 2010.
Parallèlement, la communauté internationale doit affronter la crise alimentaire la plus grave des temps modernes avec l’escalade des prix du pain, du riz, du maïs, du lait, de l’huile, du soja et d’autres aliments de base dans tous les pays en développement.
Liens:
L'Objectif 2010 pour la biodiversité (en anglais)
La conférence de Bonn encore appelée COP 9
Département de la gestion des ressources naturelles et de l'environnement à la FAO
Contact:
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