Le 10 mai prochain, les Birmans seront appelés à se prononcer par référendum sur une nouvelle Constitution. Rédigée par la junte militaire au pouvoir, cette Constitution doit officiellement faire partie du « chemin vers la démocratie ».
Une Constitution pour tous, ou presque
Selon la Constitution présentée, les militaires conserveront 25% des sièges au Parlement birman. Par ailleurs, le texte interdit à tout Birman ayant été marié à un étranger d’occuper des postes politiques ; difficile de ne pas faire le lien avec l’opposante au régime militaire, Aung San Suu Kyi. Placée en résidence surveillée, la célèbre opposante a été mariée à un universitaire britannique. La Constitution la disqualifierait de facto pour un éventuel retour politique.
L'opposition politique n'a d'ailleurs pas pu intégrer ses amendements au projet de Constitution. Selon l’envoyé spécial de l’Union Européenne pour la Birmanie, Piero Fassino, le régime birman a refusé cette demande, qui était pourtant soutenue par l’ONU.
Enfin, tous les Birmans ne pourront pas s’exprimer lors du référendum du 10 mai : les 400 000 moines bouddhistes qui avaient participé aux manifestations contre le régime, en août et septembre 2007, n’ont pas le droit de voter.
Cibler les sanctions contre le régime
Pour la plupart des participants à l’audition organisée le 2 avril dernier au Parlement européen, des sanctions ciblées sont nécessaires. Elles doivent viser les élites politiques plutôt que la population : ce sont par exemple un embargo sur les ventes d’armes à la Birmanie, une interdiction de voyager pour ses dirigeants, un gel de ses avoirs à l’étranger…
Il faut soutenir davantage Aung San Suu Kyi, a demandé le portugais José Ribeiro e Castro (Parti Populaire Européen-Démocrates Européens) et agir avec les voisins de la Birmanie, Inde et Chine notamment, pour exercer une influence sur la junte militaire. « L’aide au développement doit être conditionnée à des progrès dans le pays », a rappelé le Britannique Glenys Kinnock (Parti Socialiste Européen).
Mais les entreprises ont-elles aussi une responsabilité, comme l’a suggéré le président de l’audition, le néerlandais Thijs Berman (Parti Socialiste Européen). Il a proposé que le Conseil de sécurité de l’ONU se saisisse de la question birmane pour exiger une enquête internationale sur la situation dans le pays, suite aux évènements d’août et septembre 2007.
En savoir plus :
- Communiqué : "Exercer une pression plus forte sur la Birmanie"
- Communiqué (oct.2007) : "Birmanie : Le Parlement condamne la répression et appelle à des sanctions"
- Résolution de septembre 2007 sur la situation en Birmanie
- Libérez Aung San Suu Kyi, maintenant !
- Documents disponibles lors de l'audition