Seront présents à ce lancement Fabrice Dreyfus (SUPAGRO, Montpellier) et Marianne Lefort (Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement, Paris), deux des auteurs de cette évaluation ainsi que Salvatore Arico, de la Division des sciences écologiques et de la Terre de l’UNESCO et Guilhem Calvo, consultant auprès de l’UNESCO.
« Le statu quo n’est plus une option », insiste le rapport. Premier constat : si les sciences agricoles ont permis d’améliorer considérablement la productivité depuis une cinquantaine d’années, les bénéfices ont été très inégalement partagés. Par ailleurs, ces progrès se sont traduits dans bien des cas par un coût social et environnemental important. Les auteurs de ce document préconisent par conséquent que les sciences agricoles prennent davantage en compte la protection des ressources naturelles et les pratiques dites « agro- écologiques ». Cela peut passer par exemple par l’utilisation d’engrais naturels, des semences traditionnelles, l’intensification de processus naturels ou une plus grande proximité entre la production des matières agricoles et des consommateurs auxquels elles sont destinées.
Il y a urgence. Depuis mars 2007, les prix du soja et du blé ont augmenté respectivement de 87% et de 130% et les réserves mondiales de céréales sont à leur plus bas niveau. Le prix du riz, du maïs et du blé devraient encore augmenter en raison de la hausse de la demande, notamment en Chine et en Inde, et de l’utilisation de ces produits comme biocarburants. Or, 35% des terres très dégradées dans le monde l’ont été par des activités agricoles.
En Amérique du Nord et en Europe, la part de la recherche agricole financée par des fonds privés a beaucoup progressé, ce qui a largement orienté les travaux menés. De fait, les grandes multinationales exercent aujourd’hui une forte influence sur les sciences agricoles et leurs priorités.
L’Asie centrale et de l’ouest et l’Afrique du Nord disposent encore d’une diversité génétique unique, mais elle est en train de disparaître. Ces régions, particulièrement vulnérables aux changements climatiques, risquent de pâtir de la faiblesse des ressources en eau dans les années à venir. Déjà, près de la moitié des ressources en eau renouvelables sont en-dessous du seuil minimum nécessaire au développement.
En Asie du Sud et de l’Est et dans le Pacifique, les schémas actuels de développement de l’agriculture devraient aggraver la pollution par l’azote. Les changements climatiques provoqueront certainement de forts mouvements migratoires. D’ici 2020, le niveau de l’eau disponible par personne devrait avoisiner un tiers de ce qu’il était en 1950, voire moins.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’augmentation de la productivité agricole depuis 1950 n’a pas permis de réduire de manière significative la pauvreté, qui affecte encore 37% des habitants. L’importation de produits alimentaires a créé une dépendance et perturbé la production locale. Les auteurs recommandent aux gouvernements d’interdire la consommation et la culture d’organismes génétiquement modifiés dans les pays « centres d’origine » de certaines plantes afin d’éviter la contamination et de préserver leur diversité génétique.
En Afrique sub-saharienne, l’agriculture représente 32% du PIB. Or, les pénuries d’eau affectent près de 80% des terres agricoles. Le recul de la diversité génétique est un problème dans la mesure où de nombreuses espèces et céréales, qui représentent une part très faible des échanges sur le plan mondial, sont des aliments de base sur le plan local.
Fruit de trois ans de travail, ce rapport a été réalisé grâce à la contribution de près de 400 scientifiques, de gouvernements des pays industrialisés et en développement, de représentants de la société civile et du secteur privé. Ses conclusions sont soumises à l’approbation du panel intergouvernemental de l’IAASTD qui se réunit en séance plénière du 7 au 12 avril à Johannesburg (Afrique du Sud).
Le rapport est présenté simultanément dans plusieurs villes telles que Washington, Londres ou Nairobi.
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(*) Lancée en 2002 par la Banque mondiale et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lors du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, l’Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement (International Assessment of Agricultural Science and Technology for Development, IAASTD) s’intéresse aux sciences et technologies modernes mais aussi aux savoirs locaux et traditionnels, à la productivité et à l’impact des activités agricoles sur l’environnement. Cette initiative est parrainée par cinq agences des Nations Unies, dont l’UNESCO.
La présentation aura lieu le 15 avril à 11 heures au siège de l’UNESCO, salle V.
Liens utiles : Pour plus d'informations - (En anglais)
Contact information : Isabelle Le Fournis, Bureau d'information du public, i.le-fournis@unesco.org, Tel: +33 (0) 1 45 68 17 48
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