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Date :  2002-02-25
langue :  Français
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Société-réseau et espace public

Société-réseau

Source :  Ricardo Viscardi


Il existe une contradiction importante entre le développement audiovisuel de la communication sous l'hégémonie des nouvelles technologies, d'une part, et la consistance même de la communauté dans sa dimension publique (Solanas et Vazquez, 98, p. 214), d'autre part. Cette contradiction apparaît à partir du moment où l'intégration internationale favorise la concentration économique et, par conséquent, l'externalisation médiatique de l'espace public. C'est ainsi que l'espace audiovisuel, sous l'égide des nouvelles technologies, accroît la fragmentation culturelle au sein de la "société-réseau" en raison de la concentration technologique et de l'externalisation économique.

Si l'on considère la contradiction entre l'espace audiovisuel et l'espace commun à l'aune d'une différenciation entre mass media (au sens que donne Mac Luhan à ce terme) et les nouvelles technologies de la communication (NTIC), on avance dans la question de l'intégration, nationale et internationale, au sein de la société-réseau. Dans la mesure où il est technologiquement articulé au moyen de la base numérique des nouvelles technologies, l'espace audiovisuel n'est plus un espace public. Le réseau que les nouvelles technologies "instantanéisent" n'est pas un médium de communication massif, car il ne suppose pas a priori la représentation de l'espace public (Wolton, 2000, pp. 103-104).

La représentation propre des mass media était auparavant déterminée par la technologie de la lumière, mais conservait comme référence ultime la condition d'une présence du récepteur. Cette condition de présence correspondait au territoire sur lequel se fondait un espace public identifiable par des coordonnées géographiques. Or le réseau Internet ne suppose pas un ordre de présence puisqu'il ne repose pas sur un territoire. Par conséquent, son "aterritorialité" détermine sa non-viabilité représentative, laquelle est indissociable de la présence (Company, 1992, p. 7) dont la répétition constitue l'élément minimal du lien entre deux présences. Celles-ci sont à leur tour représentées corrélativement l'une à l'autre, en particulier dans le récit moderne et a fortiori dans la théorie de la vérité comme correspondance.

Il est clair que l'effet "neige" sur l'écran est non-transférable à une vérité de correspondance car la métaphore de la "neige" sur l'écran n'a de vérité que métaphorique. Si l'on transpose cet exemple au domaine de la physique pour se demander ce qu'est la morphé, le résultat est le même: l'apparence de l'apparence est l'idéal à atteindre.

A partir du moment où il n'y a plus de distance à parcourir à la recherche du sens avec à la fin un gain de signification, le lien entre ordre, corps et société disparaît, et disparaît du même coup le sens moderne d'un espace public de la représentation. Dans une perspective naturaliste, l'éclipse de la représentation correspond à la substitution de la présence par le caractère artificiel de l'objet. D'où la subordination de la société face au réseau Internet, étant donné que l'absence de territoire conditionne l'absence de présence et, par conséquent, celle d'un ordre de représentation.

L'absence de territoire, de présence, de représentation, d'ordre et de corps social rend impossible de parler d'intégration régionale au sein de la "société-réseau". Le réseau Internet ne possède pas de structures sociales ayant un sens positif et progressif parce que l'extension qui enrichirait, au sens économique du terme, l'intention symbolique, n'ajoute pas de valeur propre à la forme numérique. Le réseau Internet est technologique et supra-régional, irréductible à la délimitation géographique de la communauté.

En revanche, la "société-réseau" est bien une condition identifiable des processus actuels. La société, avant d'être pensée comme ordre étendu de la nature au moyen du paradigme biologique empirico-positiviste, fut pensée comme perfectionnement du langage par des auteurs du XVIIIème siècle, en particulier Condillac et Vico. La communication ne distinguait pas un ordre subjectif et un autre objectif: la Science Générale de l'Ordre, telle qu'elle a été définie par Foucault, avait comme noyau le calcul et la classification des êtres naturels. Le langage et la communication ne fonctionnaient ni comme médiateurs ni comme impulseurs, mais assemblaient pensées et hommes dans une relation de réciprocité au sein d'un seul et même espace public de la représentation. L'espace public est avant tout présence face à face, distance qualitative que la profondeur empirique de l'hypothèse biologique a subordonné à une origine dans la matière.


Références bibliographiques :

- Company, J. (1992), G. Veinte lecciones sobre la imagen y el sentido, Cátedra, Madrid.
- Solanas, F., Váquez, M. (1998) Mercosur: Estado, economía, comunicación y cultura, Eudeba, Buenos Aires.
- Wolton, D. (2000) Internet, et après?, Flammarion, Paris.


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