Dans ce pays qui a connu un génocide effroyable en 1994, causant la mort de près de 800 000 personnes, la rencontre a été l’occasion de revenir sur les efforts de paix et de réconciliation entamés depuis la fin des massacres. Un atelier de la réunion UE-ACP a été consacré aux juridictions Gataca : une « justice sur gazon » qui semble faire ses preuves. En 1994, le massacre organisé de centaines de milliers de Tutsis par des milices hutus a traumatisé le Rwanda. Treize ans après, le pays tente encore de panser ses plaies : car après la folie meurtrière, il faut reconstruire la paix.
Les juridictions Gacaca, instruments de la réconciliation ?
On estime qu’entre 120 000 et 130 000 responsables de crimes liés au génocide ont rempli les prisons rwandaises après 1994. Or, avec un système judiciaire totalement défaillant suite aux massacres, « et au vue de leur énormité, il était impossible de poursuivre les auteurs de crimes devant des tribunaux conventionnels », comme l’explique le député irlandais Gay Mitchell qui a présidé l'atelier de la réunion UE-ACP consacrée au processus de réconciliation rwandais. Cinq ans après le génocide, « seuls 6000 des 120 000 détenus avaient été jugés », ajoute-t-il : « à cette vitesse, il aurait fallu plus d’un siècle pour juger tous les détenus ».
Pour pallier à ce manque de moyens qui freinait aussi le retour à la paix et à la réconciliation, le gouvernement rwandais a décidé de mettre en place des tribunaux « participatifs », inspirés des assemblées traditionnelles au cours desquelles les sages du village réglaient des différends, assis sur le gazon (« gacaca » en langue kinyarwanda). Ils confrontent auteurs de crimes avec victimes et témoins.
Optimisme sur les progrès rwandais vers la paix
11.000 juridictions Gacaca ont ainsi été mises en place, chacune constituée de 19 juges élus et connus pour leur intégrité. Elles ont débuté leur travail en 2005.
« 85% de la population rwandaise a activement participé à ces tribunaux, ainsi que les autorités administratives et religieuses du pays et sa société civile », raconte Gay Mitchell. Pour lui, les tribunaux Gacaca ont un rôle fondamental dans le processus de réconciliation, notamment parce qu’ils « aident les victimes du génocide à retrouver les corps de leurs proches et à les enterrer avec dignité ».
En œuvrant pour la justice et la vérité, les Gacaca œuvrent aussi pour la réconciliation entre Hutus et Tutsis, selon le député qui se dit « optimiste sur les progrès accomplis par les deux communautés vers la paix ».
Assemblée UE-ACP à Kigali
La capitale du Rwanda, Kigali, a accueilli les représentants de l’Union Européenne et des pays d’Afrique-Caraibes-Pacifique (ACP) du 12 ou 22 novembre 2007.
L’atelier consacré aux tribunaux Gacaca est intervenu dans le cadre de l’Assemblée parlementaire Afrique Caraïbes Pacifique - Union européenne (ACP-UE), qui s’est réunie à Kigali du 17 au 22 novembre. 78 parlementaires des pays ACP et 78 députés européens étaient réunis, comme ils le font deux fois par an, pour débattre. A l’ordre du jour cette fois-ci figuraient l’évolution de la situation dans l’est de la République Démocratique du Congo, les accords de partenariat économique UE-ACP, les catastrophes naturelles et l’accès aux soins. Plus d’infos ? Cliquez sur les liens ci-dessous.
En savoir plus :
- Ordre du jour de l'Assemblée UE-ACP au Rwanda
- Site de l'Assemblée parlementaire ACP-UE
- Article (2006) : "Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE : un partenariat unique en son genre"
- Fiche personnelle de Gay Mitchell
- Commission Développement au Parlement européen