Organe suprême de l’UNESCO, la Conférence générale réunit tous les deux ans les représentants de tous les Etats membres (au nombre de 193, avec la récente adhésion du Monténégro et le retour de Singapour). Près de 4 000 participants - dont 10 chefs d’Etat et de gouvernement, et plus de 270 ministres ou vice ministres - ont assisté à cette session qui s’est tenue au siège de l’Organisation du 16 octobre au 2 novembre et qui a été présidée par Georges N. Anastassopoulos, Ambassadeur et Délégué permanent de la Grèce auprès de l’Organisation.
Le Président de la Conférence générale a souligné dans son discours de clôture que tous les Etats membres se sont accordés à reconnaître « l’importance du rôle de l’Organisation dans ses domaines de compétence ». Il a ajouté : « L’UNESCO doit devenir plus forte, plus résistante, et regarder résolument de l’avant si elle veut vraiment faire la différence. Aucun d’entre nous a le droit de sous-estimer nos résultats – et c’est vrai que l’UNESCO a eu des succès – mais il en faudra encore beaucoup d’autres si nous voulons répondre aux attentes de nos peuples ». Lors de son élection à la présidence, il avait déclaré : « Pour jouer vraiment le rôle de conscience éthique de l’humanité, l’UNESCO ne saurait se contenter d’être un conservatoire des bonnes valeurs de jadis. L’UNESCO ne doit pas être seulement une statue, elle doit être une vigie, une tour de guet.».
Pour sa part, lors de la cérémonie de clôture, le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, s’est félicité du consensus réalisé lors de cette session : « Il a été atteint à plusieurs reprises sur des sujets d’ordre et de portée très différents. Consensus budgétaire autour de ma proposition de plafond budgétaire ; consensus également sur la nécessité de poursuivre les réformes engagées et sur les résultats positifs déjà acquis » Il y a ajouté le consensus politique qui a permis « d’aboutir, là où d’autres ne parviennent même pas à se parler, à des prises de position sages, équitables et porteuses d’espoir sur des sujets qui touchent au plus profond de la dignité humaine ».
Lors de cette 34e session, les drapeaux du Monténégro et de Singapour, les plus récents des Etats membres de l’UNESCO, ont été installés officiellement. De nombreux Etats membres se sont félicités de ces adhésions qui constituent pour le Directeur général « un pas décisif vers l’universalité qui représente pour l’UNESCO une force importante et une source de légitimité. Chaque nouvelle adhésion renforce les liens du multilatéralisme, ouvrant la voie vers une réponse globale efficace aux défis toujours plus complexes de notre temps ».
Conformément au rôle qui lui est dévolu par l’Acte constitutif de l’Organisation, à savoir « déterminer l’orientation et la ligne de conduite générale de l’UNESCO », la Conférence générale a passé en revue l’ensemble des Programmes de l’Organisation. La Stratégie à moyen terme (2008-2013) et le programme et budget pour 2008-2009 ont été adoptés. Cette stratégie, qui se veut ajustable, pose cinq objectifs primordiaux :
- assurer une éducation de qualité pour tous et l’apprentissage tout au long de la vie ;
- mobiliser le savoir et la politique scientifiques au service du développement durable ;
- faire face aux nouveaux défis sociaux et éthiques ;
- promouvoir la diversité culturelle et le dialogue interculturel ;
- édifier des sociétés du savoir inclusives grâce à l’information et la communication.
Pendant cette période, l’Afrique et l’égalité entre les sexes seront aussi des priorités de l’organisation dans tous ses domaines de compétence, et des interventions spécifiques seront envisagées en faveur de la jeunesse, des pays les moins avancés (PMA) et des petits Etats insulaires en développement (PIED).
En ce qui concerne l’exercice 2008-2009, la Conférence générale a adopté le scénario proposé par le Directeur général, à savoir un budget de 631 millions de dollars (en augmentation de 3,4% en valeur nominale). L’éducation qui reste la première des priorités- s’est vu allouer une enveloppe budgétaire de 108,4 millions de dollars. Dans le budget, les programmes des sciences reçoivent plus de 56 millions de dollars (sciences exactes et naturelles) et un peu plus de 29,1 millions (sciences sociales et humaines) ; le Secteur de la culture s’est vu attribuer 51,3 millions et le Programme Communication et information près de 32 millions de dollars.
Parmi les nombreuses décisions de la session, on relèvera dans le domaine de l’éducation : le renforcement de l’Initiative pour la formation des enseignants en Afrique subsaharienne (TTISSA), une promotion accrue de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable et l’organisation d’une Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur + 10 en 2009.
Dans les domaines des sciences, la Conférence générale a souhaité renforcer les activités de la Commission océanographique intergouvernementale, responsable du système mondial d’alerte aux tsunamis, et décidé la création de plusieurs centres (notamment des centres traitant de l’eau, du développement énergétique durable, des recherches sur le karst).
S’agissant des sciences sociales et humaines, la Conférence a approuvé la création en Grèce d’un Observatoire pour les femmes, le sport et l’éducation physique, demandé une étude de faisabilité pour la création à Buenos Aires d’un Institut international d’éducation aux droits de l’homme et soutenu la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Dans le domaine de la culture, l’accent a été mis sur l’amélioration de la gestion du Centre du patrimoine mondial et le renforcement de la lutte contre le trafic illicite des objets culturels. S’y ajoutent la création d’un Centre régional d’archéologie sous-marine à Zadar (Croatie), la création d’un Institut de formation et de recherche sur le patrimoine mondial pour la région Asie-Pacifique (Chine) et la réalisation d’une étude de faisabilité pour un institut pour la culture africaine et la compréhension internationale à Abeokuta (Nigeria).
En ce qui concerne la communication et l’information, la Conférence générale a approuvé l’offre de création par Bahreïn d’un Centre régional pour les technologies de l’information et de la communication placé sous l’égide de l’UNESCO. Ce Centre, situé à Manana, sera le premier du genre. La Conférence a également appuyé des activités intersectorielles, en particulier l’utilisation des technologies de l’information et de la communication en matière d’éducation et de sciences sociales. Par ailleurs, une résolution de la Conférence demande au Directeur général d’explorer le rôle que l’UNESCO pourrait jouer dans les actions visant à garder vivante la mémoire de l’Holocauste par l’éducation et à combattre toute forme de déni de celui-ci.
Dix chefs d’Etat ou de gouvernement*, ainsi que la Princesse Lalla Salma du Maroc, ont participé à cette Conférence générale. Il s’agit du Président de la République de Bulgarie, Georgi Parvanov, et du roi de Suède, Charles XVI Gustave (16 octobre), du Président de la République hellénique, Karolos Papoulias (18 octobre), du Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, Branko Crvenkovski, et du Président de la République-Unie de Tanzanie Jakata Mrisho Kikwete (22 octobre), du Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph E. Gonsalves, et du Président camerounais, Paul Biya (23 octobre), du président mauritanien, Sidi Mohamed O. Cheikh Abdallahi (29 octobre), du Président du Paraguay, Nicanor Duarte Frutos, et du Président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (30 octobre).
La session a également été marquée par la tenue de deux tables rondes ministérielles*. La table ronde « Education et développement économique », a réuni les 19 et 20 octobre près de cent ministres ou vice-ministres de l’Education. Les participants ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une éducation de qualité, grâce à des programmes d’études répondant aux exigences du marché mondial et de l’économie du savoir. Ils se sont également prononcés pour que l’éducation au développement durable s’intègre à l’apprentissage à tous les niveaux, qu’il soit formel ou non formel. L’autre table ronde - intitulée « La science et la technologie au service du développement durable et le rôle de l’UNESCO » - s’est tenue les 26 et 27 octobre et a réuni 48 ministres et 25 vice-ministres. Les participants ont insisté sur la nécessité de renforcer l’enseignement des disciplines scientifiques et de développer la coopération internationale.
* Des communiqués de presse ou des documents sur ces différentes visites et réunions sont disponibles en ligne à l’adresse www.unesco.org