"L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est un régime, une forme de gouvernement global", affirmait la sud-africaine Dot Keet, Africa Trade Network, le 1er février dernier, lors de l'ouverture des conférences de la thématique I portant sur "La production des richesses et la reproduction sociale". Selon Mme Dot, il est nécessaire d'avoir un débat sur ce régime commercial totalitaire qui démolit de nombreuses économies. "Nous ne pouvons pas réagir avec de petites ripostes, mais nous devons traiter le régime comme un tout, en proposant des mesures d'urgences afin que les pays pauvres n'entrent pas en". Tels sont les mots de Mme Dot qui, lors de sa conférence, ont éclaircit ce qu'elle considère être une série de mensonges sur le libre commerce.
Beaucoup d'alternatives pour la construction d'un commerce mondial juste sont proposées. L'une d'entre elles est d'inverser la tendance et faire pression sur les organismes internationaux afin qu'ils considèrent la production plus importante que le commerce. " Il ne faut pas que le commerce soit une fin en soi, mais un moyen pour développer les aires socio-économiques des pays", ajoute-t-elle. D'oú l'importance des lois qui font du commerce, un commerce international durable et juste. Il n'est pas nécessaire de l'éliminer, argumente Mme Dot, mais de le modifier. La première mesure est de faire une réforme profonde de l'OMC, en y supprimant quelques accords, comme celui qui traite de la propriété intellectuelle et de la réduction du pouvoir punitif de l'OMC qui fait de celle-ci l'organisme international d'oppression des peuples pauvres. Pour elle, il est urgent que la société civile s'organise afin d'avoir un poids dans la balance du pouvoir mondial.
Mme Dot affirme qu'il existe une désinformation voulant que le libre commerce génère une croissance. "Au contraire, à mesure que les marchés pauvres entrent dans le système, ils voient leur participation aux exportations diminuer". Dans la dernière décennie, l'Amérique latine à vu réduire sa participation au commerce mondial de 11% a 5%, alors que l'Afrique, qui y participait pour 8%, à atteint 2% en 2002. Cette "liberté" de marché est incapable de générer une meilleure qualité de vie a aucun endroit, au contraire.
La détérioration du commerce entre ces pays montre, selon la sud-africaine, que le libre commerce n'est pas efficace même au point de vue de la pure mercantilisation du monde. Plus suceptible aux revers, ces marchés se fanent et sont toujours au bord de l'abime comme ce qui est arrivé récemment en Argentine.
Un fait important est que la présence du commerce est moins accentuée dans les pays riches que dans les pays pauvres. Cela parceque le marché dans les pays sous-développés se révèle à l'intérieur de points de vente de produits fabriqués dans des régions plus riches. La caractéristique la plus importante du commerce sur les continents développés est que celui-ce est fait par des entreprises pour des entreprises, sans que la population sache ce dont il se traite. Près de 60% du commerce entre les grandes corporations n'a pas de contrôle ou d'analyse internationale et est pratiqué avec des règles propres suivies entreprises par entreprises.
Le commerce est aussi important pour le maintient du contrôle politique du monde. Pour cela, les pays industrialisés imposent des accords de restructuration de marchés au niveau global. "Le commerce libre est aussi idéologique. Raisonne sur toute la planète et a une grande répercution". Mme Dot rappel que, au contraire de ce qui se divulgue normalement, une grande partie du commerce fait dans le monde est informel, réalisé par de petits commerçants qui souffrent ennormément dans les grandes villes. "La politique de l'OMC est de forcer les marchés à adopter le libre commerce, ce qui a un effet dévastateur", dit-elle.
Ont participé à la conférence, Martin Khor de la Third World Network, Jean Lapeyre de la Conféderation Européenne des Syndicats (CES), Belgique. Debateram Paul Nicholson de la Via Campesina et Héctor de La Cueva de l'Alianza Social Continental, Mexique et Lori Wallach de la Public Citizen des États Unis, mediateurs : Bernard Cassen, de Attac- France
Traduction: Marc-André Delorme