Mark Richmond est le Directeur de la Division de la coordination des priorités des Nations Unies en matière d’éducation. Il dresse ici un tableau des défis que doit aujourd’hui surmonter cette sous-région en termes d’alphabétisation.
La conférence de Beijing est la deuxième d’une série de six conférences régionales sur l’alphabétisation organisées par l’UNESCO. Qu’attend-on concrètement de ces réunions?
Non seulement ces conférences sur l’alphabétisation permettront de plaider la cause de l’alphabétisation au plus haut niveau grâce au rôle que jouent les Premières Dames, les ministres et les Ambassadeurs de bonne volonté de l’UNESCO, mais elles sont aussi un lieu de rencontre où tous les acteurs – pouvoirs publics, organisations internationales et non-gouvernementales ainsi qu’établissements universitaires – peuvent débattre ouvertement et librement des difficultés que rencontrent les différents pays en matière d’alphabétisation pour tous et élaborer ensemble des stratégies visant à progresser dans ce domaine.
En outre, ces conférences offrent la possibilité d’échanger des informations sur les pratiques les plus efficaces susceptibles d’être adoptées par d’autres systèmes éducatifs et dans le cadre de stratégies de développement. De plus, ces rencontres favorisent la création de partenariats et de réseaux en vue de mener conjointement des actions par la suite.
Enfin, l’objectif de ces conférences est d’aider les pays à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent en matière d’alphabétisation et à prendre des mesures ayant un véritable impact mesurable sur la vie de leur population, ce qui doit contribuer au développement humain durable et à la réduction de la pauvreté. Il est donc capital que des actions soient menées dans le prolongement de chaque conférence.
En quoi l’alphabétisation est-elle si importante?
Savoir lire et écrire est un droit humain fondamental car il est indispensable à la formation tout au long de la vie. Pourtant, d’après l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), à l’heure actuelle, quelque 774 millions d’adultes – dont les deux tiers sont des femmes – ne savent ni lire ni écrire et plus de 72 millions d’enfants en âge d’être scolarisés ne le sont pas. Bien que l’alphabétisation soit l’un des objectifs prioritaires de l’EPT, on tarde à agir, à l’échelle nationale comme internationale.
La communauté internationale a de nouveau souligné l’importance de l’alphabétisation en proclamant la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation (2003–2012) dont l’objet est de mobiliser la volonté et l’action politiques, ainsi que les ressources nécessaires pour faire de l’alphabétisation une priorité internationale. Nous sommes intimement convaincus du fait que l’alphabétisation doit être au cœur des politiques nationales d’éducation et de développement.
Quels sont les principaux défis que l’Asie de l’Est et du Sud-Est et le Pacifique doivent relever en matière d’alphabétisation ? Quelles sont les spécificités de cette sous-région?
Cette sous-région rencontre des difficultés très diverses. Si, dans l’ensemble, le taux d’alphabétisation est élevé (91,7 %), il existe des disparités importantes à l’échelle nationale comme entre les différents pays et on observe en particulier que subsistent d’importantes inégalités entre hommes et femmes puisque ces dernières représentent 70,4 % de la population analphabète.
Si la situation s’est indéniablement améliorée au cours de ces dernières années, en particulier en Chine, le nombre total d’analphabètes de la région demeure élevé (avec notamment 81 millions de personnes en Chine, 15 millions en Indonésie et 3,8 millions aux Philippines). Il reste donc beaucoup à faire.
Il faut également souligner le fait que les difficultés que rencontrent ces pays ne tiennent pas uniquement à l’alphabétisation en tant que telle, mais aussi à la nécessité d’établir un lien entre alphabétisation et développement. L’alphabétisation repose sur la continuité de l’apprentissage tout au long de la vie. Les enfants et les jeunes adultes doivent avoir accès à la formation afin de pouvoir trouver du travail et gagner leur vie tout en jouissant d’une bonne santé.
Cette initiative suffira-t-elle à faire de l’alphabétisation une grande priorité?
Les conférences sur l’alphabétisation donneront une impulsion décisive de nature à placer l’alphabétisation au cœur des préoccupations des dirigeants politiques nationaux et des organismes internationaux. Il reste cependant beaucoup à faire. Il ne faut pas penser qu’une simple conférence suffit. Il est capital qu’elle soit suivie de prises de mesures efficaces et s’inscrivant dans la durée. En outre, les structures internationales visant à renforcer l’action en faveur de l’alphabétisation existent, mais il convient de les mettre en œuvre.
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