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Date :  2006-12-31
langue :  Français
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Bilan de francofffonies

Mot de Monique Veaute, Commissaire générale de francofffonies ! le festival francophone en France

Source :  Francofffonies


Que son nom prenne ou non une majuscule, que le souffle qui la traverse respecte ou non les règles de l’orthographe, elle fut, du 16 mars au 9 octobre 2006, l’objet d’une célébration culturelle sans précédent, qui, sur l’ensemble du territoire français, a réuni près de 2000 artistes et personnalités. Elle rassemble 63 États et gouvernements. Elle est une communauté linguistique implantée sur les 5 continents. Elle est, pour certains, le fruit d’une histoire commune et pour tous aujourd’hui, un espace mondial fondé sur la solidarité et le respect de la diversité culturelle. Ou pour reprendre les mots de Léopold Sédar Senghor, un de ses pères fondateurs, elle est « cette symbiose des “énergies dormantes” de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire ».

Ainsi se dessine l’identité, riche et plurielle, de la francophonie contemporaine que le festival francophone a souhaité porter sur les scènes et les cimaises de France, à l’initiative du Président de la République et du Premier Ministre. Promouvoir en France la francophonie : cette mission semblait paradoxale. Pourtant, la France, société multiculturelle dont les collectivités d’outre-mer constituent sa plus belle ouverture sur le monde, peinait encore à se reconnaître dans le miroir francophone. L’enjeu était de taille et le pari ambitieux, tant les réticences et les incompréhensions étaient nombreuses.


Un voyage singulier, un équipage original

Avec créativité et pédagogie, nous nous sommes appliqués à ouvrir les imaginaires et combattre les préjugés tenaces dont la francophonie est encore embarrassée. La francophonie n’est pas une entreprise néo-coloniale au service de l’influence de la France. Elle est née de la volonté de grands hommes d’Etat, Léopold Sédar Senghor, Habib Bourguiba, Hamani Diori et Norodom Sihanouk, qui, au lendemain des indépendances, se sont associés contre la volonté de la France. Rendant à chacun la conscience de son histoire et de notre histoire commune, elle favorise également en France la cohabitation sereine d’identités culturelles variées. Ayant joué un rôle essentiel pour l’adoption à l’UNESCO de la convention sur la protection et la
promotion de la diversité culturelle et linguistique, elle n’est pas ce combat d’arrière-garde d’une France crispée sur la défense d’une langue française modélisée.

À la différence des autres saisons, bilatérales comme celles de la Chine, du Brésil ou de l’Arménie, le périmètre élargi de notre festival nous a conduit à mobiliser de multiples partenaires. Nous avons sollicité l’expertise et la collaboration de nombreux interlocuteurs réunis au sein d’un comité de pilotage : l’Organisation internationale de la Francophonie et cinq ministères (le ministère des Affaires étrangères et le ministère délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, le ministère de la Culture et de la Communication, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le ministère de l’Outre-Mer et le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative). Nous avons également bénéficié du soutien du Sénat, et de l’engagement de l’Alliance française et de son réseau, de l’AEFE et des Ambassades, délégations et centres culturels francophones à Paris. Au service de ce travail de conviction et de mobilisation, j’ai pu compter sur une équipe constituée « ad hoc », enthousiaste et professionnelle, qui a fait oeuvre de militantisme tout au long de la préparation du festival. Cette même volonté de convaincre a guidé nos choix de communication : de nombreux partenariats et une originalité visuelle, qui a quelque peu bousculé l’image traditionnelle de la francophonie.

Le chemin parcouru

Si nous avons déjoué les idées reçues avec de nombreux débats, organisés notamment en partenariat avec les universités françaises et l’Agence universitaire de la Francophonie, ce sont aussi la modernité et la vitalité des artistes et des oeuvres francophones programmés qui ont témoigné de la pertinence de la question francophone et de son actualité.

Cette grande fête artistique, nourrie de découvertes et de rencontres, a irrigué tout le territoire français, avec plus de 400
manifestations. Notre volonté de toucher le public le plus large a été rendue possible grâce aux réseaux des acteurs de la francophonie, festivals, collectivités territoriales et associations qui, depuis longtemps, militent en faveur de la création d’un espace public francophone. Loin de les suppléer, le festival francophone a valorisé leurs actions et au vu des centaines de manifestations que nous avons accompagnées, il est tentant de dire que la France fait souvent de la francophonie sans le savoir. Toucher tous les publics, et surtout ceux qui seront les francophones de demain, c’est ce que nous avons réussi grâce au partenariat inédit avec les professeurs et les écoles, qui ont notamment accueilli les cartes postales chorégraphiques et le Tour de France des écrivains et ont compris combien la francophonie est une chance pour l’avenir et une chance pour la mondialisation.

Les voies qui restent à explorer

Si, en 2006, la synergie des initiatives et la visibilité médiatique générées par les «3 f» ont popularisé en France la francophonie, de nombreux chantiers restent ouverts. Pour que ce formidable « laboratoire de la diversité culturelle » que représente la francophonie tienne toutes ses promesses, certaines questions doivent être défendues avec une vigilance toujours renouvelée : la libre circulation des artistes et des intellectuels au sein de l’espace francophone et le développement dans les pays du sud des filières de création. Car l’enjeu demeure pour les artistes francophones de
pouvoir créer autant pour leurs publics que pour ces dialogues et ces échanges qui sont le coeur de la francophonie culturelle. Au niveau éducatif, le développement des enseignements francophones en France, qui a fait l’objet d’une forte mobilisation, devra trouver les conditions de sa concrétisation. Souvent évoqué, le projet d’un « Erasmus francophone », symbolique de l’autre mondialisation que la francophonie peut incarner, mérite d’être considéré.

Enfin, tous les désirs de francophonie, tous les militants que nous avons rencontrés poursuivront le déploiement en France des ramures de l’arbre francophone, vaste entreprise pour laquelle 8 mois de festival n’étaient naturellement pas suffisants. Je souhaite que ces énergies continuent de trouver le soutien qu’elles méritent !

Je voudrais conclure en remerciant tous les partenaires qui nous ont accompagné dans ce projet : les opérateurs, les artistes, les écrivains, les responsables scientifiques et universitaires, les responsables des collectivités territoriales, les journalistes. J’adresse mes remerciements particuliers à l’O.I.F et son secrétaire général Abdou Diouf, aux ministères, aux membres du comité de pilotage, du comité d’honneur et aux mécènes, sans qui ce projet n’aurait pu exister de si belle façon et à Culturesfrance, opérateur délégué de francofffonies !

À l’image des oeuvres d’art contemporain de plasticiens francophones qui seront installées dans les espaces publics des villes de Rennes, Marseille et Saint-Etienne, j’espère que se pérennisera en France cet espace public francophone, auquel, pendant les 8 mois intenses du festival, les artistes, les intellectuels et les chercheurs, ont offert leurs voix et leurs talents !



Pour en savoir plus, consultez :

Bilan Spectacle Vivant
Bilan Arts visuels et Cinéma
Bilan Litérrature et Colloques
Bilan Communication et Administration


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