Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs,
Je tiens, tout d'abord, à féliciter l'ECOSOC pour le choix de ce thème à l'ordre du jour de ce Segment de haut niveau. Je tiens également à souligner la qualité du rapport préparatoire du Secrétaire Général qui reconnaît l'importance de l'emploi productif et du travail décent pour les trois piliers du développement durable que sont le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement.
L'emploi productif et le travail décent peuvent contribuer largement à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, car ils permettent d'optimiser les avantages de la mondialisation, en en réduisant les inconvénients.
L'emploi productif et le travail décent constituent un élément positif pour les politiques de développement. Malheureusement, ce potentiel a trop longtemps été négligé ou sous-utilisé dans les stratégies de développement, et il est largement absent des Objectifs de Développement du Millénaire. En revanche, le Sommet des Nations Unies de septembre deux mille cinq (2005) a affirmé avec force la nécessité de promouvoir l'emploi productif et le travail décent, et c'est pour donner une expression concrète à cet engagement que nous sommes réunis aujourd'hui.
Les défis sont considérables: la moitié des travailleurs dans le monde gagne moins de deux dollars par jours et la moitié de la population mondiale n'a aucune protection sociale. Si tous les pays sont confrontés aux restructurations et ajustements qu'entraîne la mondialisation, tous les pays ne sont pas en mesure d'en gérer les conséquences et d'en tirer parti. Développer la dimension sociale de la mondialisation suppose donc des efforts accrus quant à la solidarité mais aussi quant à la gouvernance, à la fois au niveau national et au niveau international.
La Commission européenne a adopté, en mai dernier, une communication importante sur la promotion du travail décent. Dans cette communication, la Commission européenne affirme son engagement et sa volonté de contribuer aux efforts visant à promouvoir un travail décent pour tous dans le monde. Cette initiative s'inscrit également dans le cadre de nos efforts pour renforcer la dimension sociale de la mondialisation.
Il faut que la communauté internationale et tous les pays concernés mettent effectivement en œuvre l'objectif de promotion de l'emploi productif et du travail décent. Il faut aussi assurer un suivi réel de cette mise en œuvre.
La Commission européenne a proposé une stratégie et des orientations pour mieux mobiliser les politiques internes et externes de l'Union européenne, notamment en matière de développement, de commerce, de migration, de relations extérieures bilatérales et multilatérales. Elle entend aussi renforcer les partenariats et le dialogue avec ses partenaires. Elle travaillera activement avec les organisations internationales de la famille des Nations Unies, y compris l'OIT et avec les organisations régionales, avec les partenaires sociaux, le monde des entreprises et avec les autres acteurs de la société civile qui sont aussi des acteurs de développement.
De façon générale, les acteurs non étatiques devraient être impliqués davantage dans la préparation, la mise en œuvre et le suivi des stratégies et des programmes de réduction de la pauvreté et de développement. Ceci vaut également pour la coordination et la programmation de l'assistance externe de la Communauté européenne, mais aussi des Nations Unies et des autres donateurs internationaux et nationaux. Le consensus européen sur le développement de décembre dernier, qui mobilise à la fois les institutions européennes et les Etats membres de l'Union, va dans ce sens.
Pour la Commission européenne, l'objectif du travail décent nécessite une approche intégrée qui associe quatre piliers, à savoir l’emploi productif et librement choisi; le droit du travail, y compris les normes fondamentales du travail ; la protection sociale et le dialogue social. Il faut également prendre en compte la dimension du genre dans ces quatre piliers. Les activités des Nations Unies et des autres acteurs devraient refléter cette approche intégrée et pluri- dimensionnelle.
Tout comme la stratégie de Lisbonne et l'Agenda social européen, l'objectif du travail décent suppose une approche globale et cohérente qui combine des objectifs en matière économique, en matière d'emploi et en matière sociale et environnementale. L'approche du travail décent est, en même temps, suffisamment ouverte pour que sa mise en œuvre tienne compte des spécificités et de la diversité des situations économiques et sociales dans le monde.
Le succès de l'objectif du travail décent repose sur son appropriation par les pays et régions concernés. La Commission européenne soutient donc l'établissement et la mise en oeuvre de programmes nationaux de travail décent. Ceux-ci devraient être intégrés dans les programmes de développement nationaux et régionaux, dans les stratégies pour la réduction de la pauvreté et dans les Plans Cadre des Nations Unies pour l'aide au développement. Ces derniers devraient refléter les besoins et priorités des pays et régions concernées.
Les programmes nationaux de travail décent sont pour nous un indicateur clé des efforts de promotion du travail décent. La Commission européenne estime également que tous les pays devraient ratifier et appliquer les droits sociaux fondamentaux et autres conventions de l'OIT comme, par exemple, sur l'inspection du travail, la nouvelle convention sur la promotion de la santé et la sécurité au travail et celle sur le travail maritime.
La Commission européenne entend coopérer avec les Nations Unies et ses agences spécialisées, comme l'OIT, pour élaborer des indicateurs de suivi des efforts engagés en matière de travail décent.
La Commission appelle tous les acteurs concernés à mettre en œuvre les engagements relatifs au travail décent qui ont été agréés lors du Sommet de septembre 2005.
Nous souhaitons que des progrès significatifs soient réalisés d'ici 2015 et qu'un programme d'actions intégré soit développé à cet effet avec l'OIT et les autres acteurs.
Je suis convaincu que nos discussions contribueront utilement à faire avancer notre réflexion.
Je vous remercie pour votre attention.