Cinquante-sept pays connaissent une grave pénurie de personnel de santé qui les empêche d’assurer des interventions vitales comme la vaccination des enfants, les soins prénatals et obstétricaux ou encore le traitement du VIH/SIDA, du paludisme et de la tuberculose. D’après le Rapport sur la santé dans le monde 2006 que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie aujourd’hui sous le titre Travailler ensemble pour la santé, cette pénurie, conjuguée au manque de connaissances théoriques et pratiques, empêche aussi les systèmes de santé de combattre efficacement les maladies chroniques, la grippe aviaire et d’autres problèmes de santé.
Selon le rapport, dont la sortie est marquée par de nombreux événements organisés dans le monde entier à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé, il manque plus de quatre millions de médecins, d’infirmières, de sages-femmes, d’administrateurs et d’agents de santé publique pour répondre aux besoins de ces pays, dont 36 sont situés en Afrique subsaharienne. Tous les pays se doivent de mieux prévoir leurs effectifs de médecins, d’infirmières et de personnel d’appui, de mieux les former, de mieux les employer et de leur offrir de meilleures conditions de travail.
« Alors que la population mondiale augmente, le nombre de soignants reste stationnaire ou diminue là où l’on a le plus besoin d’eux », a constaté le Dr LEE Jong-wook, Directeur général de l’OMS. « Dans l’ensemble du monde en développement, les agents de santé sont confrontés à des difficultés économiques, à la détérioration de l’infrastructure sanitaire et à des troubles sociaux. Dans beaucoup de pays, ils sont aussi victimes de l’épidémie de VIH/SIDA. »
Le Rapport sur la santé dans le monde présente un plan d’action décennal pour remédier à la crise et lance un appel aux responsables nationaux afin qu’ils formulent et appliquent sans plus tarder des stratégies de développement des ressources humaines pour la santé, avec le concours de donateurs internationaux.
Les maladies infectieuses et les complications de la grossesse et de l’accouchement font au moins dix millions de morts chaque année. Beaucoup de ces décès pourraient être évités s’il y avait plus d’agents de santé. Il est prouvé que quand le nombre d’agents de santé augmente par rapport à la population, le taux de survie des nourrissons, des enfants et des mères augmente lui aussi.
« On ne forme et on ne recrute pas assez d’agents de santé là où ils sont le plus nécessaires et les professionnels qualifiés sont de plus en plus nombreux à émigrer dans des pays plus nantis pour un emploi mieux rémunéré, soit dans un pays voisin, soit dans un pays industrialisé riche. Il est probable que ces pays attireront davantage de personnel étranger encore à mesure que leur population vieillit car elle aura besoin de soins chroniques au long cours », a expliqué le Dr Timothy Evans, Sous-Directeur général de l’OMS.
Pour faire face à la crise, il faut dès maintenant investir de façon plus directe. Ce qui coûtera au départ, c’est de former davantage d’agents de santé. Une fois qu’ils auront leur diplôme et qu’ils entreront dans la vie professionnelle, d’autres crédits seront nécessaires pour payer les salaires. Pour former et rémunérer les quatre millions de soignants nécessaires, le budget de la santé devra augmenter d’au moins US $10 par personne et par an, dans les 57 pays les plus durement frappés par la pénurie. Réaliser cet objectif en vingt ans, c’est ambitieux, mais faisable, affirme le rapport.
Le financement de ce projet exigera, à la fois des pays eux-mêmes et de leurs partenaires internationaux des fonds importants, prévisibles et spécialement destinés à cet usage. Il est recommandé dans le rapport que 50 % de tous les nouveaux fonds que les donateurs alloueront à la santé soient consacrés au renforcement des systèmes de santé, et 50 % de cette part à la formation, à la fidélisation et à l’entretien du personnel sanitaire.
Au moins 1,3 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès aux soins les plus élémentaires, souvent faute de personnel pour les soigner. La pénurie est mondiale, mais particulièrement aiguë dans les pays écrasés par la pauvreté et la maladie alors que ce sont eux qui ont le plus besoin de personnel soignant. C’est en Afrique subsaharienne que la pénurie est la plus grave, région qui compte seulement 3 % des agents de santé dans le monde alors qu’elle abrite 11 % de la population mondiale et enregistre 24 % de la charge mondiale de morbidité.
Le rapport plaide en faveur d’initiatives rapides et novatrices visant une plus grande efficacité. Par exemple, les programmes de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et d’autres maladies prioritaires ont réussi à confier certaines tâches à des agents de santé ayant très peu de qualifications. Les stratégies nationales de développement du personnel de santé devraient s’inspirer de cet exemple.
Pour « veiller à ce que des agents compétents présentant les qualifications voulues soient placés au bon endroit pour faire ce qu’il y a lieu de faire », le rapport recommande aux pays de dresser des plans selon les axes suivants :
* Acting now for workforce productivity: better working conditions for health workers, improved safety, better access to treatment and care;
* Anticipating what lies ahead: a well-developed plan to train the health workforce of the future;
* Acquiring critical capacity: workforce planning; development of leadership and management; standard setting, accreditation and licensing as drivers for quality improvement.
Outre les stratégies nationales, le rapport préconise la coopération mondiale :
* Joint investment in research and information systems;
* Agreements on ethical recruitment of and working conditions for migrant health workers and international planning on the health workforce for humanitarian emergencies or global health threats such as an influenza pandemic;
* Commitment from donor countries to assist crisis countries with their efforts to improve and support the health workforce.
Rapport mondial sur la santé 2006 - en anglais
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