Mesdames et Messieurs, chers collègues parlementaires,
Je voudrais commencer par rendre hommage au Président Sorour pour le talent avec lequel il a présidé notre Assemblée, cette année et l'année dernière. J'espère que je serai un digne successeur.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais rappeler le souvenir d'un très cher ancien collègue, RENZO IMBENI, qui est décédé très récemment. Renzo était dévoué corps et âme au processus euroméditerranéen et il aurait été heureux de voir que notre Assemblée fonctionne d'une manière aussi harmonieuse.
Les textes que nous avons adoptés aujourd'hui envoient un message très clair.
Concrètement, dix ans après la déclaration de Barcelone, nous sommes parvenus à donner une dimension parlementaire au processus de Barcelone, en sorte qu'il ne relèvera pas seulement des gouvernements, des spécialistes et des diplomates, mais qu'il sera également un dialogue entre sociétés à travers leurs représentants politiques directement élus.
Ce message est envoyé au moment opportun.
Ce n'est pas par hasard que l'Union européenne a proclamé 2005 Année de la Méditerranée.
Cette année du dixième anniversaire du processus euroméditerranéen se prête excellemment à une réflexion sur la façon dont il serait possible de relancer l'association entre les deux rives de notre mer et de lui donner plus de poids sur le plan politique.
Durant de nombreuses années, l'Europe a regardé vers l'Est en quête d'une réunification qui est aujourd'hui pratiquement achevée. Le moment est donc venu pour les Européens de se concentrer dans une plus large mesure sur les relations avec le Sud.
Nous ne devrions toutefois pas sous-estimer ce que nous avons obtenu.
Au nombre des objectifs que nous avons atteints, il convient de mentionner la conclusion, cette année, des négociations de tous les accords d'association euroméditerranéens, complétés par le processus d'Agadir, base solide qui doit nous permettre d'aller de l'avant dans la voie de la création d'une zone de libre échange.
Rappelons également que ces accords ont nécessité l'avis conforme du Parlement européen, lequel avait donc le dernier mot. Ce fut le cas à huit reprises.
En ce qui concerne la dimension sociale et culturelle, on a inauguré cette année, à Alexandrie, la fondation Anna Lindh, qui jettera les bases du dialogue, si nécessaire, sur des thèmes sociaux et culturels.
Le programme MEDA, et les prêts de la Banque européenne d'investissement fournissent chaque année près de trois milliards d'euros au développement économique de la région.
Force est toutefois de reconnaître que la dimension politique du processus de Barcelone a été freinée par la persistance du conflit au Proche-Orient, conflit qui a parfois été utilisé comme prétexte pour ne pas aller de l'avant.
Aujourd'hui toutefois, c'est une nouvelle étape qui commence.
Nous admettons tous que le processus de paix donne des espérances et que nous devons contribuer à ouvrir la porte à une solution qui, nous le savons tous, est la seule réponse sensée: paix et sécurité entre deux États viables.
C'est pourquoi je me réjouis que cette réunion ait lieu en Égypte, pays qui a joué un rôle fondamental dans la recherche d'une solution au conflit du Proche-Orient.
Si nous voulons redynamiser notre association politique, nous devons être sincères par rapport à ce que nous attendons les uns des autres.
L'association stratégique avec la Méditerranée et le Proche-Orient nous donnera une base. La politique de voisinage et les plans d'action connexes nous offrent une autre opportunité.
Nous devons aller bien au-delà du commerce et de l'aide, étant entendu que les questions politiques sont beaucoup plus difficiles à traiter que les droits de douane, les quotas et les crédits.
Ce qui veut dire qu'il ne doit pas y avoir de tabou dans nos débats.
Les Européens attendent de leurs partenaires du Sud qu'ils mettent sur la table les questions sur lesquelles ils considèrent que l'Europe ne se comporte pas comme un bon partenaire, qu'il s'agisse de nos politiques d'immigration, de nos restrictions au libre échange ou de notre manière d'aborder la montée de l'islamophobie et de l'antisémitisme. Et nous devons reconnaître que parfois vous avez raison.
De la même façon, nous devons pouvoir exprimer nos préoccupations quant aux réalités sociales et politiques de chaque pays, que nous évaluons différemment, du fait de la plus grande flexibilité et de la plus grand franchise que permet le débat parlementaire.
L'Union européenne a proclamé dans le monde entier l'universalité des droits de l'homme. Ce n'est peut-être pas toujours évident mais, entre amis, il faut pouvoir faire cela et continuer à le faire dans un climat de respect mutuel.
Nous voulons tendre la main à l'autre rive et travailler ensemble à la création d'un futur de prospérité partagée, de démocratie, de sécurité et de paix pour tous nos peuples. Avant de venir ici, j'étais au sommet de Madrid sur le terrorisme où l'on a consolidé le concept d'une alliance de civilisations en présence de nombreuses délégations du monde entier, dans le cadre de la commémoration de la tragédie terroriste de l'année dernière.
Nous ne pourrons arriver à cette alliance que si nous sommes prêts à nous écouter les uns les autres et à répondre concrètement aux préoccupations des uns et des autres.
Il ne faut pas que nos relations restent figées dans le monde d'il y a dix ans, qui était le résultat d'une division du monde en blocs, dont la fin a marqué la victoire de la démocratie.
Nous vivons actuellement un printemps démocratique et nous voulons qu'il y ait une décennie démocratique comme l'a connue, à l'époque, l'Amérique latine. J'ai la conviction qu'il nous faut, en tant que représentants politiques élus, travailler ensemble pour cultiver cette démocratie et l'aider à prospérer.
La Méditerranée, mer intérieure entourée de pays, doit être conçue comme une mer entourée d'hommes et de femmes, de groupes humains avec des niveaux de développement différents et des taux de croissance démographique différents mais qui souhaitent partager un futur de paix basé sur la solidarité et le respect mutuel.
Et j'en viens ainsi à toute l'importance de la présente assemblée.
S'il est bien un lieu où il devrait être possible de débattre et de discuter des vrais problèmes politiques sans les réserves diplomatiques habituelles, ce doit être celui-ci: l'Assemblée parlementaire euroméditerranéenne.
C'est la raison pour laquelle le Parlement européen propose qu'une assemblée extraordinaire soit organisée à l'occasion des commémorations ministérielles du dixième anniversaire du processus de Barcelone.
Mais cette assemblée ne devrait pas être qu'un événement de plus, protocolaire et prétexte à de beaux discours, mais devrait permettre de donner une impulsion politique à notre association en cette année décisive pour la paix.
Si les circonstances le permettent, si l'espoir se consolide, si Palestiniens et Israéliens continuent à arriver à des accords, je crois que l'assemblée extraordinaire c'est-à-dire nous tous devrait pouvoir, comme objectif politique et comme scénario idéal, souscrire au processus de l'intérieur, en se réunissant aussi près que possible du centre des négociations de paix.
Nous sommes tous conscients que beaucoup de choses doivent changer d'ici à novembre pour que ceci soit possible et du travail qui incombe à chacun de nous. Nous exprimons ici notre volonté de contribuer fermement à la réalisation de cet objectif.
Je vous remercie.