Cet objectif prévoit que le nombre de filles scolarisées dans l’enseignement primaire et secondaire soit égal à celui des garçons en 2005 - c’est ce que signifie la parité entre les sexes (même si tous les garçons et toutes les filles ne sont pas scolarisés à ce stade). Il vise en outre à atteindre l’égalité entre les sexes dans l’éducation d’ici à 2015. C’est là un objectif plus ambitieux, signifiant que toutes les filles et tous les garçons ont des chances égales de bénéficier d’une éducation de base de qualité, d’atteindre les mêmes niveaux de résultats et de retirer les mêmes bénéfices de l’éducation.
POURQUOI CET OBJECTIF ?
En principe, les hommes et les femmes sont égaux - jouissant des mêmes droits et soumis aux mêmes devoirs.
Dans la pratique, il arrive souvent que ce ne soit pas le cas. Les hommes peuvent gagner plus d’argent que les femmes, ils peuvent obtenir de meilleurs emplois, ils prennent davantage de décisions au sein de la famille et de la collectivité et occupent plus souvent des positions de pouvoir dans la société. Dans l’éducation, les hommes sont plus nombreux que les femmes à bénéficier de niveaux d’éducation plus élevés, et les garçons sont plus nombreux que les filles à l’école.
Dans certaines situations, c’est l’inverse qui est vrai : les filles sont plus nombreuses que les garçons dans l’éducation. Presque partout, les filles réussissent mieux que les garçons à l’école.
Cependant, dans l’ensemble du monde, 57 % des enfants non scolarisés sont des filles. Les raisons à cela sont nombreuses : les filles restent à la maison pour les travaux ménagers ou pour s’occuper de leurs frères et sœurs plus jeunes, elles sont mariées et ont des enfants tôt, elles doivent travailler pour rapporter de l’argent à la famille et elles sont négligées au profit des garçons.
SON IMPORTANCE POUR L'APPRENTISSAGE
Les relations entre hommes et femmes dépendent de la collectivité et de la société dans lesquelles ils vivent.
Les pays du monde ont cependant conclu divers accords >> voir Encadré 1.1. Les instruments de l’«engagement relatif au genre» du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2003-2004 reconnaissant que les hommes et les femmes doivent recevoir un traitement égal, et que les contributions qu’ils peuvent faire à la société et à son développement sont d’une égale importance.
L’éducation est un moyen d’assurer aux filles et aux garçons une égalité de départ dans la vie et une chance de grandir et de s’épanouir selon leurs potentialités. Ce n’est pas le cas lorsque les filles ne peuvent pas aller à l’école, pour quelque raison que ce soit.
Nous savons également que des mères éduquées ont plus de chances d’envoyer leurs filles à l’école, de mieux veiller à la santé de leur famille et d’avoir moins d’enfants, et qu’elles sont moins exposées à l’exploitation et à des risques tels que le VIH/sida.
Mettre les femmes et les hommes en situation de bénéficier également de ce que le monde peut leur offrir et de contribuer également à la société est un objectif qui suppose bien plus que l’éducation. Cependant, pour libérer tout le potentiel de l’humanité, l’éducation doit être au cœur de ces efforts.
SA NATURE
Faire en sorte que les filles reçoivent une éducation dépasse le simple cadre de l’école. Cela suppose en effet :
• de s’attaquer à des problèmes sociaux tels que le travail des enfants, les mutilations génitales imposées aux filles, le mariage précoce et d’autres problèmes qui maintiennent les filles en dehors de l’école ;
• de s’assurer que les politiques ne produisent pas de discrimination à l’encontre des filles et des femmes - en matière d’éducation, d’emploi ou d’accès à des postes de direction ;
• de faire pencher l’équilibre en faveur des filles - en leur offrant des bourses d’études ou des programmes de repas scolaires, en rendant les écoles accueillantes pour les filles avec des sanitaires réservés et séparés, ainsi qu’en employant davantage d’enseignantes pour assurer la sécurité des filles et pour leur proposer des modèles ;
• de rendre le contenu de l’éducation utile aux filles, par exemple en y introduisant la santé génésique et la prévention du VIH/sida et en informant les filles des droits que leur garantit la loi.
PROGRESSION VERS CET OBJECTIF
Les progrès en direction de la parité entre les sexes sont mesurés par un indice de parité entre les sexes (IPS), pour lequel une valeur de 1 indique la parité entre les sexes.Le Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2003-2004 note que :
• pour 16 pays (dont 13 en Afrique subsaharienne), la valeur de l’IPS dans l’enseignement primaire était inférieure à 0,8 au détriment des filles ;
• 30 pays (dont 17 en Afrique subsaharienne) présentaient une valeur identique pour l’enseignement secondaire.
>> Pour plus d’information tableau 2.24, page 110 du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2003-2004
Pour ce qui concerne les échéances de 2005 et 2015, le Rapport indique que, sur un total de 128 pays pour lesquels des données étaient disponibles,
• 52 pays ont atteint ou atteindront vraisemblablement les deux objectifs ;
• 22 pays qui pourraient manquer l’échéance de 2005 pourraient néanmoins respecter celle de 2015 ;
• 54 pays n’atteindront vraisemblablement pas la parité dans l’enseignement primaire, secondaire ou à ces deux niveaux d’ici à 2015. Dans 25 d’entre eux, ce sont les garçons qui sont désavantagés, et non les filles.
>> Pour plus d’information le tableau 2.25, page 111 du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2003-2004
LES DEFIS ACTUELS
Les défis liés à la scolarisation de toutes les filles sont nombreux. Il s’agit notamment :
• de transformer les comportements de la population masculine, de telle sorte que les femmes et les filles jouissent des mêmes droits et soient autant respectées que les hommes et les garçons ; la conscience que les femmes ont de leurs droits doit également être renforcée, car elles ont souvent accepté l’opinion dominante et ne savent pas comment la remettre en cause ;
• d’aider les femmes à s’élever dans l’échelle sociale, en montrant qu’elles peuvent obtenir
- et obtiennent - un statut, un emploi et un pouvoir équivalents à ceux des hommes ;
• d’éduquer les mères, ce qui est un moyen de pérenniser sur le long terme l’éducation des filles ;
• de développer l’éducation de la petite enfance, en particulier pour les filles, afin qu’elles soient plus nombreuses à intégrer l’enseignement primaire et à en tirer profit ;
• d’assurer une scolarisation accueillante pour les filles : il s’agit non seulement de les faire venir à l’école, mais aussi de s’assurer que l’école est un lieu qui leur convient - sûr, sain, positif et encourageant ;
• d’éliminer les stéréotypes :
lors de la conception des manuels scolaires et autres matériels didactiques, les filles et les femmes ne doivent pas être représentées dans des rôles restreints, par exemple seulement en tant que mères ou comme celles qui préparent les repas ;
• d’assurer l’éducation des adolescentes : pour les filles qui ont abandonné l’école ou qui n’y sont jamais allées, il est difficile d’avoir accès à l’éducation de base.
Des initiatives ciblées sont nécessaires pour leur donner, surtout à l’adolescence, la chance qu’elles ont manquée.
LES OPTIONS : CE QUE DEVRAIENT FAIRE LES POUVOIRS PUBLICS
• Légiférer pour assurer l’égalité des droits devant la loi ; ce point est d’une grande importance dans des domaines tels que le droit matrimonial et successoral, ainsi qu’en matière d’emploi et de capacité à contracter.
• Faire en sorte que tous les ministères soient sensibilisés aux questions de l’égalité entre les sexes et prennent des décisions équitables concernant les nominations et l’allocation des ressources ; l’équité entre les sexes devrait toujours être respectée dans les plans et programmes.
• Prendre, lorsque c’est nécessaire, des mesures spécifiques pour encourager les filles à aller à l’école - soutien aux revenus de la famille, programmes de repas scolaires, augmentation du nombre d’enseignantes, par exemple.
• Promouvoir des programmes d’alphabétisation et d’éducation de base pour les mères, afin de mieux les sensibiliser à l’utilité et à l’importance de l’éducation pour leurs filles.
• Former les enseignants pour les sensibiliser aux questions d’égalité entre les sexes et lutter contre les stéréotypes sexistes en classe.
• Produire des matériels didactiques exposant d’une manière impartiale les chances et les attentes que peuvent avoir dans la vie les garçons et les filles, en évitant les stéréotypes selon lesquels les femmes ne font que prodiguer des soins.
• Étudier la nécessité de l’éducation des adolescentes et concevoir des programmes appropriés qui leur permettent de poursuivre ou de reprendre leurs études, ou de trouver un travail productif, en établissant à cette fin des passerelles entre éducation formelle et non formelle.
LES OPTIONS : CE QUE DEVRAIENT FAIRE LES ORGANISMES DE FINANCEMENT
• Soutenir la recherche consacrée aux facteurs qui empêchent les filles, dans des contextes spécifiques, de fréquenter l’école.
• Soutenir l’élaboration d’un cadre législatif pour améliorer les droits et les chances des femmes et des filles.
• Jouer un rôle de catalyseurs du dialogue entre le gouvernement et les collectivités sur les questions d’égalité entre les sexes, d’une manière générale et dans la perspective de l’éducation en particulier.
• Financer une révision des manuels scolaires et des matériels didactiques, ainsi qu’une réorientation de la formation des maîtres, afin que s’y exprime la préoccupation d’une plus grande équité entre les sexes.
• Faire la preuve et donner un exemple de pratiques respectueuses de l’équité entre les sexes dans leur propre vie institutionnelle et dans leurs procédures.
CE QUE FAIT L’UNESCO
En coopération avec les gouvernements nationaux et les institutions internationales, l’UNESCO :
• joue un rôle actif dans le cadre de l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (UNGEI) , en s’assurant que son expérience dans le domaine de l’éducation des filles et de l’intégration de la problématique de l’égalité entre les sexes s’inscrit dans la conception stratégique de l’UNGEI ;
• travaille à la promotion d’une perspective active d’égalité entre les sexes dans le cadre des décennies des Nations Unies dont elle est coordonnatrice, notamment la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation et la Décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du développement durable ;
• encourage la création et le partage des connaissances sur les politiques et pratiques relatives à la réalisation de la parité et de l’égalité entre les sexes, et élabore des recommandations concrètes. >> Pour en savoir plus ;
• réunit une documentation sur les bonnes pratiques dans les pays qui ont réussi à assurer aux filles l’accès à l’enseignement primaire, l’achèvement de ce cycle et le passage à l’enseignement secondaire, et diffuse auprès des décideurs les leçons à en tirer.