Quarante-trois nouveaux Chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité ont été proclamés aujourd’hui par le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura. Y figurent notamment le Ramlila, la représentation traditionnelle du Ramayana (Inde), le Kabuki (Japon), la mascarade des Makishi (Zambie) et la Samba de Roda (Brésil). C’est la troisième fois que l’UNESCO proclame des Chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel, une distinction mondiale destinée à sensibiliser l’opinion à la valeur de ce patrimoine qui comprend des formes d’expression populaires et traditionnelles telles que les expressions et traditions orales, la musique et la danse, les rituels et la mythologie, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel, ainsi que des espaces culturels. Souvent fragile, ce patrimoine, porteur de diversité culturelle, est essentiel pour l’identité des communautés et des peuples.
Les 43 Chefs-d’œuvre proclamés cette année sont :
- La musique isopolyphonique populaire albanaise (Albanie) ;
- La musique Ahellil du Gourara (Algérie) ;
- La musique duduk (Arménie) ;
- Les chants Baul (Bangladesh) ;
- Géants et dragons processionnels de Belgique et de France (Belgique et France) ;
- La danse des masques des tambours de Drametse (Bhoutan) ;
- La Samba de Roda du Recôncavo de Bahia (Brésil) ;
- Les babi de Bistritsa - polyphonie, danses et pratiques rituelles archaïques de la région de Shoplouk (Bulgarie) ;
- Le théâtre d’ombres khmer Sbek Thom (Cambodge) ;
- L’art musical du Muqam ouïgour du Xinjiang (Chine) ;
- L’espace culturel du Palenque de San Basilio (Colombie) ;
- Les traditions pastorales et des chars à bœufs au Costa Rica (Costa Rica) ;
- La Slovácko Verbuňk, la danse des conscrits (République tchèque) ;
- Le théâtre dansé cocolo (République dominicaine) ;
- Le ballet Rabinal Achí (Guatemala) ;
- Ramlila : la représentation traditionnelle du Ramayana (Inde) ;
- Le Keris indonésien (Indonésie) ;
- Le chant A Tenore, de la culture pastorale sarde (Italie) ;
- Le Kabuki (Japon) ;
- L’espace culturel des Bedu de Petra et Wadi Rum (Jordanie) ;
- Le Vimbuza – danse de guérison (Malawi) ;
- Le Gule Wamkulu (Malawi, Mozambique, Zambie) ;
- Le Mat Yong (Malaisie) ;
- L’espace culturel du yaaral et du degal (Mali) ;
- Les chants Urtiin Duu des Mongols (Mongolie, Chine) ;
- Le Moussem de Tan-Tan (Maroc) ;
- Le Chopi Timbila (Mozambique) ;
- El Güegüense (Nicaragua) ;
- Le système de divination Ifa (Nigeria) ;
- Le Hikaye palestinien (proposé par l’ALECSO) ;
- Taquile et son art textile (Pérou) ;
- L’épopée Darangen des Maranao du lac Lanao (Philippines) ;
- Le festival Gangneung Danoje (République de Corée) ;
- Le Căluş (Roumanie) ;
- L’épopée iakoute Olonkho (Fédération de Russie) ;
- Le Kankurang, rite d’initiation en société mandingue (Sénégal, Gambie) ;
- La fujara et sa musique (Slovaquie) ;
- Le Patum de Berga (Espagne) ;
- La Mevlevi Sema (Turquie) ;
- Les tissus d’écorce d’Ouganda (Ouganda) ;
- Les Gongs des Hauts Plateaux du Viet Nam central (Viet Nam) ;
- La mascarade des Makishi (Zambie) ;
- La danse Mbende/Jerusarema (Zimbabwe).
Les 43 nouveaux Chefs-d’œuvre ont été proposés au Directeur général par un jury - composé de 18 membres et présidé par la Princesse Basma Bint Talal (Jordanie) - qui s’est réuni du 20 au 24 novembre pour examiner les 64 candidatures nationales et multinationales (74 Etats au total). Ils viennent s’ajouter aux 47 Chefs-d’œuvre proclamés en 2001 et 2003. Vingt-sept des 47 Chefs-d’œuvre déjà proclamés ont bénéficié du soutien de l’UNESCO, grâce notamment à l’appui financier du Japon, pour lancer des projets de sauvegarde.
Cette troisième proclamation revêt un caractère particulier car il s’agit sans doute de la dernière édition. En effet, la Conférence générale de l’UNESCO a adopté en 2003 la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui prévoit la création d’une liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et d’une liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Cette Convention devrait prochainement entrer en vigueur puisque 26 Etats (sur les trente nécessaires) ont déjà déposé leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion. Pour assurer la continuité de la sauvegarde des chefs-d’œuvre proclamés par l’UNESCO depuis 2001, la Convention prévoit l’intégration de tous ceux provenant d’Etats Parties à la Convention dans la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Lors de l’ouverture de la réunion du jury, le 21 novembre, le Directeur général de l’UNESCO a déclaré : « Nous ne devons pas considérer cette étape comme une disparition, mais bien plutôt comme une nouvelle naissance. L’expérience considérable accumulée tout au long de ces six années en termes de méthodologie d’identification et de sélection des chefs-d’œuvre mais aussi de leçons concrètes tirées des plans de sauvegarde en cours constitue un matrice irremplaçable qui nous sera d’une utilité précieuse dans la mise en oeuvre de la Convention ». Rappelant que le nombre de candidatures reçues était passé de 32 en 2001 à 56 en 2003, pour aboutir à 64 en 2005, le Directeur général a ajouté : « Ces chiffres témoignent de l’intérêt et de l’implication croissante des Etats pour la sauvegarde de leur patrimoine culturel immatériel ».
Un B-roll des nouveaux Chefs-d’œuvre proclamés est disponible.